Au FN, des réunions "en douce" pour éviter l'encombrant Jean-Marie Le Pen ?

par La rédaction de TF1info , avec Noé Gandillot
Publié le 17 janvier 2017 à 16h52
Au FN, des réunions "en douce" pour éviter l'encombrant Jean-Marie Le Pen ?
Source : JEFF PACHOUD / AFP

INDÉSIRABLE - La justice a confirmé en novembre dernier le statut de "président d'honneur" de Jean-Marie Le Pen, qui lui donne droit de fait de siéger dans les instances du parti. Sauf que... Depuis cette décision, le parti n'organise officiellement plus de réunions. Les soutiens du "Menhir" crient au scandale, les proches de Marine Le Pen invoquent la campagne électorale.

Le Front national est-il devenu adepte des réunions secrètes pour éviter d'accueillir à nouveau Jean-Marie Le Pen ? C'est ce qu'affirme, ces dernières semaines, le camp du fondateur du parti d'extrême-droite. Selon les soutiens du "Menhir", toutes les réunions des instances ont été officiellement gelées. La raison : la décision de justice du 17 novembre qui confirmait le statut de "président d'honneur" de Jean-Marie Le Pen, lui donnant le droit, de fait, de participer à toutes les réunions, ce qui n'est pas vraiment du goût de sa fille, Marine Le Pen. 

"Officiellement, le FN ne fait aucune réunion depuis le jugement de Nanterre, car la justice oblige le parti à verser 2.000 euros à chaque infraction constatée", explique à LCI Lorrain de Saint-Affrique, bras droit de Jean-Marie Le Pen. "Alors, ils n'annoncent plus aucune réunion mais les tiennent quand même en douce..." Assurant que Jean-Marie Le Pen, s'il était au parfum, n'hésiterait pas à s'inviter aux fameuses réunions, son conseiller estime même qu'en vertu de sa fonction de président d'honneur, le fondateur du FN peut, s'il le souhaite, "s'installer" au siège du parti, "récupérer son bureau", et bien sûr "s'inviter dans les réunions". 

"Contraire aux statuts du FN"

Même son de cloche du côté de l'avocat de Jean-Marie Le Pen, maître Frédéric Joachim. "Soit il n'y a plus aucune réunion, soit ils les font en catimini. Dans tous les cas, c'est illégal, car contraire aux statuts du FN, qui obligent à convoquer les réunions des instances et des organes." L'avocat prend en exemple le comité central du FN, "l'organe le plus démocratique" du parti, qui ne s'est pas réuni "depuis 2014". Les soutiens de Jean-Marie Le Pen vont plus loin : ils considèrent qu'il doit aussi siéger dans le conseil stratégique de campagne, et même avoir son mot à dire dans les investitures pour les législatives. 

Au FN, personne ne songe à nier que les fameuses réunions ont été escamotées. Sans pour autant reconnaître que les instances se retrouvent "en douce". "On est très pris par la présidentielle", justifie Wallerand de Saint-Just, le trésorier du FN. "Ces réunions se tiendront quand il faudra qu'elles se tiennent. Tout cela, c'est  l'apanage du Marine Le Pen, pas du mien." Même argument pour Nicolas Bay, le secrétaire général du FN : "On a des instances de campagne qui se réunissent le temps du scrutin, du coup, pas besoin de faire de la réunionite. Pendant cette période, on met tout en veille. Chez Jean-Marie Le Pen, il font un peu de victimisation..."  Quant à Jean-Lin Lacapelle, en charge des investitures, il évacue la question des législatives de juin prochain en expliquant à LCI "qu'il n'y a rien à l'agenda car on a terminé les pré-investitures l'année dernière". Circulez, il n'y a plus rien à voir, en somme. 

Gollnisch avertit l'état-major du FN

Bruno Gollnisch, resté longtemps proche de Jean-Marie Le Pen, est nettement moins évasif. Membre lui-même du conseil stratégique de campagne de Marine Le Pen, le député européen confirme qu'il n'y a "plus aucune réunion" officielle, et ajoute : 

Oui, c'est possible qu'il y ait des réunions secrètes
Bruno Gollnisch

Ce frontiste historique, partisan d'une "réconciliation" entre père et fille Le Pen, estime qu'il est clair que c'est "pour éviter d'avoir à tenir compte de la décision de justice" et avertit l'état-major : "Je suis en désaccord public avec le FN là-dessus. Je ne pense pas que cette formule soit la bonne. On est même dans une situation qui pourrait constituer un abus de droit. Des adhérents pourraient demander à ce que les réunions se tiennent".

Bref, des risques de nouvelles complications et de procédures pour le FN, déjà embarqué dans une affaire d'emplois fictifs au Parlement européen, et qui n'en a vraiment pas besoin à trois mois de la présidentielle. 

Derrière la vague de démissions au FN, des accusations d'autoritarisme et d'inactionSource : JT 20h Semaine
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