FIASCO - Éreinté par la polémique concernant l’activité de collaboratrice parlementaire de sa femme, François Fillon s’est mis à communiquer. Une stratégie qui est loin de porter ses fruits, estime Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de communication politique.
"Je ne trouve pas de mots", "une accusation abjecte"… Jeudi 26 janvier, François Fillon défendait bec et ongles la sincérité et l’honnêteté de sa femme. Quelques heures plus tôt, le Canard Enchaîné révélait que sa femme, Penelope Fillon, avait été rémunérée en tant que collaboratrice parlementaire et avait pu toucher 100.000 euros en collaborant à La Revue des deux mondes.
Or au lendemain des faits, pour beaucoup, cette communication pose question. Trop tardive ? Pas assez sincère ? Le spécialiste de communication politique chez MCBG Conseil, Philippe Moreau-Chevrolet, pointe du doigt une grave erreur de communication.
L’avenir de cette élection est placé maintenant dans les mains judiciaires.
Philippe Moreau-Chevrolet
"Cela peut avoir un impact sur la campagne. S’il est mis en examen, il pourrait y avoir une crise de régime". "Crise de régime", les morts sont forts mais invitent à la réflexion tant le timing de cette "affaire" s’avère délicat pour le candidat investi par Les Républicains. "Il l’a dit, s’il est mis en examen, il ne sera pas candidat".
Fillon pas candidat ? "Cela signifierait ainsi une absence de leader à droite et un camp qui pourrait "exploser", relève M. Moreau-Chevrolet. En somme, la porte ouverte à l’extrême droite et à Emmanuel Macron. "Un scenario fiction", concède-t-il tout de même.
Dramatisation
Macron sauveur face à Marine Le Pen ? La question ne se pose pas encore. Mais pour notre spécialiste en communication politique, si l’affaire en est là aujourd’hui, c’est avant tout de la faute de la faute de François Fillon.
"Fillon a dramatisé l’affaire et ne l’a pas atténuée". Il pointe du doigt son intervention au journal de 20h, qualifiée "d’erreur". "C’est un geste étonnant. Il veut se blanchir, mais pas à ce prix-là. Toute la droite se retrouve donc sur la sellette."
Mal entouré
Dernier manquement pour François Fillon, son clan. Si l’ancien Premier ministre s’est préparé à affronter les attaques, "il n’a pas été coaché à ça." Philippe Moreau-Chevrolet tance notamment sans les citer, ses soutiens qui ont tenté de le défendre. "Quand quelqu’un dit : ‘Oui moi aussi j’ai employé quelqu’un de ma famille mais il travaillait’… tous ces gens ont enfoncé Fillon".
Il fait ici référence aux propos de la députée Valérie Boyer, répondant aux questions d’Anne-Sophie Lapix dans l’émission C à Vous sur France 5 : "A titre bénévole ça m’est arrivé, mais il y a très longtemps. Mais pour des activités rémunérées. Contrairement à d’autres".
Alors manque de temps ou d’attente dans son camp ? Pour lui, François Fillon ne s’attendait pas à gagner si vite. Sa stratégie de stigmatiser les médias de "misogynie" est "un jeu dangereux". "Il aurait dû reconnaître ses torts."