Culture à Nantes : la fin d’une ère ?

par Sibylle LAURENT
Publié le 20 mars 2014 à 12h07
Culture à Nantes : la fin d’une ère ?

MUNICIPALES – Machines de l’île, Voyage à Nantes… Sous le mandat Ayrault, de gros projets culturels se sont développés, en vue de doter la ville d’un rayonnement fort. Aujourd’hui, des critiques émergent.

"Culture Disneyland", de "l’art éphémère et dispendieux", "bobo"… La campagne a réveillé les critiques à l’encontre des structures culturelles nantaises . La candidate UMP Laurence Garnier veut d'ailleurs supprimer le Voyage à Nantes, un événement emblématique mis en place sous Jean-Marc Ayrault. De même, le projet de l’Arbre aux hérons, porté par les concepteurs des Machines de l’île, n’a encore reçu aucune promesse de financement des différents candidats. Tous prennent en effet leurs distances avec ce système.

"La culture a été utilisée par Jean-Marc Ayrault comme un levier pour redonner le moral à une ville qui venait de perdre ses Chantiers navals, avec la création des Allumées, de la Folle journée la troupe Royal de Luxe", analyse Thierry Guidet, auteur de La rose et le granit, le Socialisme dans les villes de l’Ouest . "Mais pour certains, la culture a été manipulée à des fins de communication."

Pas assez de soutiens aux petites structures ?

Dans les années 1980, Jean-Marc Ayrault a fait appel à différents acteurs comme le directeur artistique Jean Blaise. Figure peu connue, il est pourtant devenu le Monsieur Culture de la ville, réussissant à impulser une véritable dynamique à la cité des ducs. Sa touche ? Miser sur le décalé et l’inattendu. Il est ainsi à l’origine de grandes manifestations comme Estuaires ou d'établissements comme le Lieu Unique. En 2010, il est nommé directeur du Voyage à Nantes, structure en charge de développer le tourisme en s'appuyant sur la culture.  Il lance, dans ce cadre, le Voyage (VAN), exposition dans la ville d'oeuvres d'art.

Mais sa vision n'est pas partagée par tous. Des professionnels du tourisme s'insurgent contre une programmation trop élitiste. L'opposition politique pointe les fortes sommes consacrées : trois millions en 2013, huit millions en 2012. Et déplore que "l’ensemble des subventions culturelles soit toujours captées par les mêmes". Ainsi, l’octroi en octobre dernier d’une enveloppe  d’1, 5 million d’euros pour la création du nouveau spectacle de Royal de Luxe avait suscité des remous au sein même de la majorité municipale.

"Surprendre et bouleverser"

Dans son programme, la candidate écologiste Pascale Chiron annonce aujourd’hui vouloir "rééquilibrer les dépenses de la culture entre grands investissements et projets culturels de quartier." De même, l’UMP Laurence Garnier veut "diversifier l’offre culturelle", avec la création d’une Cité des sciences et de l’industrie ou encore un musée du FC Nantes. Même la socialiste Johanna Rolland avance avec prudence sur la politique à mener. "On doit toujours se réinterroger. Les choses ne sont pas immuables", se contente-t-elle de répondre, à propos, par exemple, de la pérennité du Voyage à Nantes. Elle veut, cependant, "continuer à surprendre, bouleverser", mais affiche clairement son soutien aux "petits lieux", comme les cafés culture, et à "la diversité."
 


Sibylle LAURENT

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