BILAN - À deux jours du premier tour de la primaire de la droite et du centre, les sept candidats se sont affrontés une dernière fois sur France 2, jeudi soir. Ont-ils passé une bonne soirée ? On fait le point.
C'était le dernier des trois débats avant le premier tour, l'ultime occasion pour les sept candidats de faire passer leurs messages auprès des téléspectateurs. Et peut-être aussi le plus compliqué pour les concurrents de la primaire de la droite et du centre, tant le fil des thèmes abordés pouvait paraître décousu. À l'arrivée, si les affrontements entre les sept postulants ont été moins violents que lors du précédent débat, certains ont eu plus de mal à se faire entendre.
Pendant le débat, les internautes se sont visiblement intéressés de près à Nathalie Kosciusko-Morizet, qui arrive en tête des recherches sur Google à ce moment-là. En revanche, d'après un sondage Elabe, le vainqueur du débat est François Fillon, pour 33% des personnes interrogées. Il est suivi de près par Alain Juppé (32%), puis par Nicolas Sarkozy (18%). Jean-François Copé, lui, arrive bon dernier avec 3% de téléspectateurs l'ayant jugé le plus convaincant. Revue de détails.
Bruno Le Maire en souffre-douleur
Parmi les sept concurrents, c'est probablement Bruno Le Maire qui a essuyé les attaques les plus dures au cours de la soirée. A commencer par celle du journaliste Jean-Pierre Elkabbach : "Pourquoi ça ne marche pas avec vous ?", a lancé sèchement l'éditorialiste en référence aux mauvais scores du député dans les sondages. "Je n'ai pas à recevoir de leçons de votre part sur ma candidature", a rétorqué l'intéressé.
Bruno Le Maire a également fait les frais des attaques de Nathalie Kosciusko-Morizet, notamment sur son projet visant à permettre aux élèves de "découvrir leurs talents" avec des enseignements spécifiques dès 6e. "Ce sont ceux qui viennent des voies les plus prestigieuses qui veulent séparer les enfants", a lancé la députée à l'attention de l'énarque. Bruno Le Maire a également été la cible des petits sourires ironiques de ses concurrents, notamment sur le thème du renouveau politique qu'il défend.
NKM se fait entendre... mais elle joue perdante
Nathalie Kosciusko-Morizet, qui avait été en retrait lors du premier débat, est parvenue à mettre en avant sa singularité sur plusieurs thématiques, comme le rapport au FN - "Combattre l'extrême droite pour la battre" -, son choix de préserver le collège unique (comme Nicolas Sarkozy d'ailleurs) ou encore l'environnement.
Cependant, l'ancienne ministre a adopté une stratégie qui laisse un peu songeur. "Je sais que je ne gagnerai pas la primaire", a-t-elle avoué de but en blanc au moment de conclure. Tout en appelant les électeurs à voter pour elle pour faire valoir"une autre voie". Son argumentaire sera-t-il compris ?
Jean-François Copé se prend pour Bonaparte
Jean-François Copé, qui figure toujours dans le dernier carré des intentions de votes, n'a pas jeté l'éponge. En revanche, il a jeté ses dernières cartes avant le premier tour. Avec, comme lors des débats précédents, quelques piques bien ficelées contre son meilleur ennemi Nicolas Sarkozy, mais aussi François Fillon. Illustration : "La vie n'est pas une page blanche, on est en train de faire des propositions qui auraient dû être mises en oeuvre il y a quelques années" (comprendre : sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy).
Et aussi avec le culot qui le caractérise : le voilà, en conclusion, qui appelle les Français à "traverser un nouveau Pont d'Arcole"... en reférence à Bonaparte. En toute simplicité.
François Fillon surfe sur son nouveau succès
Renforcé par sa percée spectaculaire dans les sondages, François Fillon s'est contenté de faire... du François Fillon. Dans la continuité des prestations réussies de L'Emission politique de France 2 puis du second débat, l'ex-Premier ministre a évité proprement les attaques de ses concurrents. Dont celle d'Alain Juppé sur le caractère irréalisable de son projet de suppression de 500.000 postes de fonctionnaires. "On pose la question à l'envers. La question est : peut-on continuer à dépenser autant d'argent", a-t-il répondu, plaidant pour les 39 heures pour tous.
Surtout, il a joué les Français contre "les sondages et les médias qui avaient déjà tout arrangé" en plaçant Alain Juppé et Nicolas Sarkozy en tête. Par les temps qui courent, ce type d'appel semble plutôt bien reçu par les intéressés.
Jean-Frédéric Poisson tangue un peu
Pas épargné par ses adversaires lors du précédent débat, le député des Yvelines, qui s'était illustré la veille en quittant théâtralement le plateau du Grand Soir 3, s'est lui-même mis quelques bâtons dans les roues jeudi soir. Le candidat du Parti chrétien-démocrate a commis le bon vieux lapsus qui consiste à distinguer la Martinique et la Guadeloupe de la France, avant de s'emmêler les pinceaux sur le nombre de départements en Corse.
Il aura été finalement assez peu audible, malgré la cohérence de ses arguments. "Je serai le candidat qui tient ses engagements", a-t-il promis en conclusion. Enumérant ses priorités : "Retrouver nos racines culturelles", remettre le mariage "au coeur de la vie sociale" et plaider pour "un nouvel équilibre des relations internationales".
Alain Juppé joue (encore) la sécurité
Malgré la (grosse) menace que constituent les remontées de Nicolas Sarkozy et surtout de François Fillon, Alain Juppé n'a pas dévié de l'axe qu'il a adopté depuis le début de la campagne : éviter les affrontements directs, assurer l'essentiel. Le bilan est donc neutre : Alain Juppé n'aura probablement ni gagné ni perdu à participer à ce débat. Mais il prend le risque de laisser François Fillon prendre encore un peu de lumière avant le premier tour.
Nicolas Sarkozy en mode décontracté
A deux jours d'un scrutin qui va décider de son avenir politique, Nicolas Sarkozy est apparu singulièrement décontracté, souriant voire blagueur. Pas question d'attaquer de front un concurrent : on est loin des attaques en règle du second débat contre Alain Juppé et son alliance avec le centriste François Bayrou. Finalement, sa seule cible directe durant l'émission fut David Pujadas, accusé "d'indignité" pour avoir osé le questionner sur un nouveau témoignage dans l'affaire des supposés financements libyens de sa campagne de 2007.
"J'ai confiance", conclut d'ailleurs l'ancien président de la République, sûr de sa bonne étoile... et d'avoir convaincu les Français lors de sa campagne.