BIS REPETITA – Victimes de crachat ou bien molestés, plusieurs journalistes ont une nouvelle fois été pris à partie lundi lors du meeting de François Fillon à Nice. Ce qui ne semble pas déranger outre mesure le candidat des Républicains.
La démocratie française vit décidément un étrange moment. Il y a encore quelques mois, qui aurait pu imaginer que des journalistes, chargés de couvrir le meeting d’un candidat de la droite républicaine, puissent être pris à parti voire molestés par des partisans effrénés ou un service d’ordre trop zélé ?
Pourtant lundi, lors du meeting de François Fillon, une journaliste de BFMTV s’est fait cracher dessus. De nombreux autres ont été hués copieusement par les supporters du candidat. Plus dérangeant encore, deux journalistes de BuzzFeed ont été malmenés par le service d’ordre du candidat alors qu’ils filmaient une interpellation.
Ces comportements sont de plus en plus fréquents dans les réunions publiques de François Fillon. La semaine dernière, des journalistes du Petit Journal (Canal +) et de Quotidien (TMC) ont connu des mésaventures similaires. Tous deux ont d’ailleurs déposé plainte : le premier contre un responsable de la sécurité qui l’avait expulsé violemment d’un meeting et le second contre un militant qui l’avait giflé.
Fillon "comprend" la colère de ses partisans
Loin de condamner ces comportements, François Fillon semble même les justifier. "Pendant trois mois, on a fait du Fillon bashing tous les jours. La moindre information des officines Mediapart ou du Canard enchaîné, elle est sur vos antennes avant même que vous ayez vérifié qu'elle existe et qu'elle corresponde à une réalité. Donc il y a un peu de colère chez les militants qui sont des hommes et des femmes engagés, qui ont eu l'impression à un moment que la victoire allait leur échapper, que l'alternance n'aurait pas lieu, que j'allais peut-être même être contraint à un moment de retirer ma candidature. Donc ils sont crispés, parfois très en colère" et cette colère, "je la comprends, je ne l'excuse pas", a déclaré le candidat des Républicains ce mardi matin sur Europe 1.
En tout cas, il récuse être responsable de ces agissements. "Si la presse se fait siffler, ce n'est pas à ma demande, au contraire. Il faut juste aussi vous poser parfois la question si vous avez zéro responsabilité dans cette situation". Pourtant, ce lundi 17 avril à Nice, François Fillon a encouragé ses supporters à conspuer la presse selon un journaliste du Point présent sur place.
Sur Twitter, il raconte comment le candidat des Républicains, non sans mauvaise foi, a pointé du doigt "l’ensemble des médias", provoquant huées et insultes.
Je dis bien quelques, car cela a son importance. J'ai compté tout au plus 3 caméras et autant de photographes /6 #FillonNice — Olivier Pérou (@OlivierPerou) April 18, 2017
Notez bien le "l'ensemble des médias". C'est visible sur la vidéo du discours à partir de à 5'10" https://t.co/bemkcmGybd /8 #FillonNice — Olivier Pérou (@OlivierPerou) April 18, 2017
Les gens commencent alors à nous siffler, à son invitation donc. Or, "l'ensemble des médias" n'a pas bougé en réalité /10 #FillonNice — Olivier Pérou (@OlivierPerou) April 18, 2017
Cette défiance à l’égard des journalistes n’est pas du goût de tous chez les Républicains. L’ancien maire de Nice, Christian Estrosi, a tenu à dénoncer ces comportements sur Twitter dès hier soir.
Je veux dénoncer ceux qui à #FillonNice ont sifflé les élus de leur famille, la Shoah et ont eu ces comportements à l'égard des journalistes https://t.co/gktlCexmG5 — Christian Estrosi (@cestrosi) April 17, 2017
Suivez la présidentielle sur notre page spéciale
Le 23 avril et le 7 mai, retrouvez les résultats sur notre page spéciale