FAVORI - Longtemps listé parmi les "premiers ministrables", le député-maire Les Républicains du Havre(Seine-Maritime), Edouard Philippe a été nommé chef du premier gouvernement d'Emmanuel Macron, lundi 15 mai.
En début d'après-midi, lundi 15 mai, le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler a confirmé ce que chacun attendait depuis quelques jours : "Bonjour Mesdames et Messieurs. Emmanuel Macron a nommé Edouard Philippe, et l'a chargé de former un nouveau gouvernement." Le député-maire du Havre, proche d'Alain Juppé, prend ainsi la place de Bernard Cazeneuve, après que son nom est revenu avec insistance depuis la victoire du candidat d'En Marche.
Lire aussi
Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il nommé Edouard Philippe à Matignon ?
Lire aussi
"Vieux routier", candidat qui "guérit les aveugles"... quand Edouard Philippe égratignait Emmanuel Macron dans "Libé"
Ouvert à la cohabitation
Le principal intéressé, s'il avait refusé de se prononcer sur la rumeur qui l'envoyait à Matignon, avait lancé quelques signaux jeudi 11 mai, au soir de la présentation de la liste des candidats investis par La République en Marche aux législatives. Lançant la campagne dans sa ville, Edouard Philippe avait rappelé que la "tradition" voulait que le président nomme un Premier ministre issu de son mouvement - ce qui n'est donc pas son cas. "On ne sait pas si le président de la République nouvellement élu va s'installer dans cette forme de tradition [...] ou s'il va transgresser", en s'afranchissant des règles habituelles. "S'il choisit la tradition [...] nous regarderons cela avec respect mais avec distance", a indiqué le maire LR. "S'il transgressait, alors la situation politique serait nouvelle, parce que le fait politique serait nouveau, et je ne vois pas comment on peut répondre par avance à quelque chose qui n'a jamais été proposé", avait-il estimé, se distinguant de la ligne majoritaire de son parti.
Proche d'Alain Juppé
Maire Les Républicains du Havre, à 46 ans, ce proche d'Alain Juppé faisait figure de favori. Diplômé de Science Po en 1992, puis de l’ENA (promotion Marc-Bloch, 1995-1997), il a commencé sa carrière au Conseil d’Etat en 1997. Alors militant du Parti socialiste, il soutient Michel Rocard avant de basculer vers le centre-droit.
Lire aussi
Emmanuel Macron sait qui sera son Premier ministre... mais il ne le lui a pas encore dit
Lire aussi
CONSULTATION – Qui souhaiteriez-vous qu’Emmanuel Macron nomme Premier ministre ?
En 2001, il se rapproche d’Antoine Rufenacht, maire chiraquien du Havre entre 1995 et 2010, puis décide d’accompagner Alain Juppé lors de la création de l’UMP, où il occupe les fonctions de directeur général des services jusqu’en 2004. Membre du cabinet d'Alain Juppé au ministère de l'Écologie en 2007, il est nommé par la suite directeur des Affaires Publiques d’Areva.
Jusque-là conseiller municipal, il est élu maire du Havre en octobre 2010 après la démission d’Antoine Rufenacht (et réélu en mars 2014) puis député de la 7e circonscription de la Seine-Maritime en 2012, il était porte-parole d'Alain Juppé lors de la primaire de la droite et du centre pour cette présidentielle 2017.
J’adore être maire du Havre. Je suis absolument certain qu’il n’y a pas de plus beau mandat
Edouard Philippe
Invité de notre émission Bureau politique, en octobre dernier, le désormais Premier ministre se refusait pourtant à tout commentaire sur un possible ministère en cas de victoire d'Alain Juppé à la présidence. "Oh ça vous savez... J’ai 45 ans, je ne suis pas bien vieux. J’ai quand même bien regardé le truc avec attention, faire des plans sur la comète, ça me semble toujours extravagant", avait-il déclaré.
Et d'encenser son mandat de maire : "J’adore être maire du Havre. Je suis absolument certain qu’il n’y a pas de plus beau mandat. Je ne les ai pas tous faits mais franchement c’est passionnant d’être maire. Quand vous êtes maire d’une ville comme le Havre, il y a 1000 choses à faire, plein de défis à relever. Les gens comptent sur vous. Et j’aime ça. Et je n’ai pas envie d’arrêter ça comme ça au petit bonheur la chance." (à partir de la 11e minute de la vidéo ci-dessous)
Sur la réserve
Mais alors que Juppé est évincé de la course à l'Élysée, il décide de prendre ses distances avec François Fillon, après l’affaire des emplois présumés fictifs de son épouse Penelope et de ses enfants. Interrogé sur un possible retrait du candidat LR, il refuse de donner son avis. "Il y a des gens qui sont capables de vous dire d'emblée : 'Je pense ça'. D'autres qui sont capables de vous dire d'emblée : 'Je pense ci". Eh bien moi je suis capable de vous dire qu'il faut que je réfléchisse un petit peu", répond-il à un journaliste à l'Assemblée.
En 2014, Édouard Philippe avait aussi joué sur la réserve en refusant de fournir certaines informations sur sa déclaration de patrimoine, exigées par la loi. Selon le site Mediapart, il avait alors reçu un blâme de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). "Je n’avais pas accès aux bases de données qui permettent une évaluation", se justifiait-il.
Sa "mauvaise humeur" face à la transparence rattrape Edouard Philippe cité comme 1er ministrable. Info de @mediapart https://t.co/T1w8kTiwKS — Edwy Plenel (@edwyplenel) 12 mai 2017
Pour le mariage pour tous, le député esquive là encore le problème en faisant partie des dix abstentionnistes lors du vote de la loi. Dans une tribune co-signée avec Nathalie Kosciusko-Morizet dans le Huffington Post, il assurait : "Cette abstention ne traduit pas, loin s'en faut, une absence de conviction. Elle est enracinée dans la certitude que notre société doit avancer, en proposant des solutions aux formes nouvelles de vie en couple, mais sans concéder au gouvernement aucun encouragement sur le chemin dangereux qu'il semble vouloir emprunter".
Passionné de boxe et écrivain dans l'âme
Depuis la mort de son père, Edouard Philippe s'est mis à la boxe. "Je me suis dit que j'avais besoin de taper sur quelque chose", explique-t-il en octobre 2016 à Christophe Jakubyszyn dans le cadre de l'émission Bureau Politique. Il s'entraîne désormais trois heures par semaine. Il a le même entraîneur que l’ex-champion français de kick-boxing, Jérôme Le Banner. "Je rends un peu des coups, j'en donne aussi. J'apprends beaucoup. Vous savez, c'est un sport qui rend humble". Autre passe-temps : l'écriture. Avec son ami Gilles Boyer, candidat aux législatives pour Les Républicains dans les Hauts-de-Seine, qui a travaillé avec lui pour Alain Juppé, il a écrit deux romans policiers portant sur le monde politique. "L’Heure de vérité" publié en 2007 et "Dans l’ombre", sorti en 2011.
Suivez toute l’actualité sur notre page dédiée à l’élection présidentielle.
Découvrez comment votre commune a voté sur nos pages résultats de l’élection présidentielle