Gaudin : "Je suis celui que les Marseillais veulent"

Publié le 28 janvier 2014 à 6h30
Gaudin : "Je suis celui que les Marseillais veulent"

FACE AUX LECTEURS - Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin a rencontré 5 lecteurs et auditeurs de metronews et de Radio Star dans sa permanence de campagne jeudi dernier. Sécurité, transports, fiscalité, l'élu qui est candidat (UMP) à sa réélection a répondu aux interrogations de ces cinq Marseillais.

Margot, étudiante marseillaise en école de commerce, 21 ans : Vous êtes maire de Marseille depuis 1995. De quelle mesure êtes-vous le plus fier ?
D’avoir fait reculer le chômage, dans une période terriblement difficile. Quand je suis arrivé, le taux était de 21,6 %, aujourd’hui il est de 13 %. Nous n’avons pas cessé de le faire baisser. Mon concurrent [Patrick Mennucci, ndlr] dira que ce n’est pas vrai, parce que le gouvernement a changé plusieurs fois la façon de comptabiliser les demandeurs d’emploi. Il est clair que l’on peut arriver à des chiffres différents. Mais, aujourd’hui, le chômage est stabilisé.

Margot : cependant le chômage reste au-dessus de la moyenne nationale…
Les grands centres urbains peuvent avoir des taux de chômage extraordinaires. Mais c’est dans les quartiers Nord [15e et 16e arrondissements] que le chômage a le plus reculé, grâce la zone franche urbaine de Saumaty que j’ai créée. Mon seul regret est de ne pas en avoir fait deux.

Paul, 21 ans, étudiant en 3e année de droit - En cas de victoire, comment comptez-vous créer des emplois supplémentaires ?
Si je peux attirer les entreprises petit à petit – 100 emplois par-ci, 200 par-là – je le ferai. Je serai aux petits soins pour les entrepreneurs. De notre côté, nous allons plus particulièrement développer l’économie de la connaissance, de la santé, des filières multimédia ou encore la culture. Dix-huit mille emplois ont été créés dans ce secteur grâce à Marseille 2013.

Paul : Mais beaucoup de secteurs comme l’industrie sont en crise. Marseille peut-elle encore créer des emplois dans ce domaine ?
Marseille a beaucoup souffert de la désindustrialisation. Avant, il y avait de la construction navale, mais la CGT l’a tuée. Depuis, il n’y a plus rien. L’espoir, ça peut être de nous spécialiser dans la réparation des yachts ou des navires.

Paul : Vous briguez à 74 ans un quatrième mandat, ne craignez-vous pas le mandat de trop ?
On avait pensé différemment au départ. J’ai été trois fois tête de liste, j’étais prêt à laisser la place à Renaud Muselier, s’il avait été élu député. Je me serais présenté dans mon secteur et Renaud aurait dirigé la liste. Sauf qu’il perd et en plus il dit : "Je m’en vais, je ne veux plus." Nous avons alors fait des sondages. J’ai eu 60 % d’opinions favorables. Mes concurrents ont eu 10 à 15 %. Je reste celui que les Marseillais veulent.

"Je ne ferai aucun accord avec le Front national"

Kévin, 30 ans, étudiant en journalisme - L'Assemblée nationale vient de voter la fin du cumul des mandats, pourquoi avez-vous toujours été hostile à ce texte ?
A 74 ans, si je dois quitter le Parlement, ça me contrarierait un peu. Dans notre pays, il y a une centralisation considérable, tout le pouvoir est à Paris. Les ministres travaillent avec les parlementaires, vous pouvez les rencontrer dans les couloirs. Si vous secouez un ministre, vous faites avancer les dossiers. Si vous n’y êtes pas, ça prend un temps fou.

Mais les Français semblent favorables à cette loi…
Ils le sont car le peuple croit qu’on cumule les sous. Or on n’additionne pas tout. Au-delà de 8 000 euros, vous devez donner à d’autres élus, c’est l’écrêtement. J’ai, euh, 25 000 euros, je crois... Je ne sais plus très bien combien je gagne. Je redistribue les sommes que la loi m’interdit de toucher à une dizaine d’élus peu fortunés.

Kévin : selon les derniers sondages, vous êtes légèrement devancé par le candidat socialiste. Et le FN fait environ 20 %. Êtes-vous prêt à un accord pour gagner ?
Il y aura des triangulaires, mais je ne passerai aucun accord avec le Front national.

Sébastien, 30 ans représentant dans une entreprise de vente de fenêtres - L’insécurité est l’un des thèmes de prédilection du FN. Votre équipe a développé la vidéosurveillance pour lutter contre ce phénomène. Est-ce la bonne solution ?
Aujourd’hui, on a 236 caméras dans le centre de la ville. On va en installer dans les noyaux villageois. Fin 2014, on en aura 1 000. La moitié est payée par l’Etat. Pour que ce soit efficace, il y a aussi le centre de vidéoprotection. On a 38 policiers municipaux, sept jours sur sept. Selon le procureur de la République, c’est utile contre les trafics.

Margot : Lais outre les trafics, la violence comme le meurtre de Jérémie dans le centre-ville marque les esprits. Êtes-vous impuissant contre cela ?
C’est vrai, mais il ne faut pas tout confondre. Que des jeunes gens aient la bêtise de se tuer pour le trafic de drogue, ça n’impressionne pas les Marseillais. Un braquage ou l’agression d’une dame âgée, ça frappe les esprits. Mais cette sécurité relève aussi de l’autorité de l’Etat. C’est lui qui doit assurer la sécurité des personnes et des biens. On a 3 000 policiers d’Etat à Marseille. C’est moins qu’à Lyon et Paris.

metronews : En faut-il plus ?
Le maire doit toujours demander plus. Je sais bien que c’est aussi une question d’argent. Mais ce que je ne tolère pas, c’est que le gouvernement crée des Zones de sécurité prioritaire [ZSP] et ne les attribue que dans les secteurs où il y a un député socialiste. C’est une politique partisane.

"Augmenter les impôts, je n’ai pas le choix"

La sécurité, la vidéo protection représentent un coût. Si vous êtes élu, augmenterez-vous les impôts ?
Je les ai augmentés de 2 % par an, depuis dix-huit ans. Donc ça fait beaucoup. Pour le prochain mandat, je ne voulais pas d’augmentation d’impôts, mais je n’ai pas le choix. Comment ferais-je sinon, pour financer la réforme des rythmes scolaires ? Si je dois l’appliquer, ça va coûter entre 15 et 20 millions d’euros. Où dois-je les prendre ? A la culture, aux sports ? Toutefois, si je suis réélu, je ne les augmenterai pas avant 2016.

Marie 63 ans, retraitée de l’enfance handicapée - Les écoles de la ville ont été sous les feux de l’actualité avec la présence de vers à la cantine. Aujourd’hui, une seule entreprise gère la fourniture des repas. Faut-il revenir à l’ancien système ?
Il ne faut pas exagérer un incident très regrettable. Le service fonctionne bien. En dix-huit ans, je n’ai jamais connu ce genre d’"emmerdements". J’ai voulu faire plaisir aux élus Verts en mettant 30 % de bio dans les cantines. Mais le bio se contrôle moins bien et Sodexo fait des fautes. On l’a choisi car c’était moins cher. A deux mois des élections, ça me contrarie fortement. Si ça se renouvelle, je pourrais remettre en cause le contrat. Et nous irions devant les tribunaux...

Sébastien : En 2008 vous vouliez ajouter 100 km de réseau de transports en commun existant. Mais seulement 30 ont été faits, pourquoi ?
Je tenais à relier le Nord et le Sud, mais les élus de gauche ne se sont jamais mis d’accord sur le tracé. Entre la décision de construire quelque chose, il faut déjà au minimum deux années de concertation. Mennucci dit qu’il peut le faire en deux mandats, mais c’est un menteur, car il faut plus de temps. Et quand on est maire, on veut le rester.

Paul : Pour terminer et sur un plan plus personnel. Vous avez été professeur d’histoire, qu’aimeriez-vous qu’on retienne de vous ?
D’abord que je suis un authentique Marseillais, un homme sincère et honnête. Un homme qui a fait tout ce qu’il pouvait, du mieux qu’il pouvait. Je veux aussi qu’on dise que j’ai été un bon maire. Voilà ce que je veux qu’on retienne de moi. Un jour je disais à Gaston Defferre : "Pourquoi vous n’avez pas donné le nom de Michel Carlini [le maire précédent, ndlr] à une rue ?" Et il m’a dit brutalement : "Ça n’a pas été un bon maire." Depuis, on a donné son nom à une rue. J’espère simplement qu’on ne me mettra pas une statue ou un buste de moi où les chiens iront pisser.


La rédaction de TF1info

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