Gérard Collomb (PS) : "J’ai été agréablement surpris par mon score du premier tour"

Publié le 27 mars 2014 à 16h00
Gérard Collomb (PS) : "J’ai été agréablement surpris par mon score du premier tour"

POLITIQUE – Le maire de Lyon sortant, qui brigue un troisième mandat, est arrivé en tête dimanche dernier. Il espère bien sûr confirmer cela lors du second tour. Entretien.

Comment analysez-vous les résultats du premier tour  ?
C’est un beau succès puisque nous virons assez largement en tête dans cinq arrondissements. Nous l’emportons même dans l’arrondissement de monsieur Havard (le Vème), ce qui n’était pas forcément évident au départ. Tout cela nous donne les plus grandes chances dans ces arrondissements. C’est un bon point de départ, je crois que nous réaliserons les mêmes résultats qu’en 2008, c’est-à-dire remporter six arrondissements sur neuf, voire sans doute sept avec le Ier arrondissement.

Est-ce une satisfaction supplémentaire d’arriver juste devant Michel Havard dans le Ve arrondissement ?
C’était une très bonne nouvelle pour nous. Monsieur Havard avait tellement dit qu’il serait largement en tête sur son arrondissement… Je crois que la campagne de terrain menée par Thomas Rudigoz a payé. Il est extrêmement implanté localement, travaille toute l’année avec les habitants. C’était donc pour nous une très bonne nouvelle dans la soirée de dimanche. Pour ne rien vous cacher, en regardant les résultats tomber petit à petit, voir Thomas Rudigoz en tête, c’était beaucoup de plaisir.

A contrario, est-ce une déception de ne pas avoir remporté d’arrondissement dès le premier tour ?
Il y a des dynamiques nationales qui sont à l’œuvre. Quand on voit les scores réalisés dans un certain nombre d’autres villes, on se dit qu’ici, les scores sont excellents. Beaucoup de Lyonnais se sont déterminés sur un modèle de développement local, à savoir le triptyque dynamisme économique, solidarité, et souci de la qualité de vie et de l’environnement.

Que pensez-vous de la montée du Front national  ?
Elle est très préoccupante. Le seul argument de campagne c’est d’essayer de stigmatiser. Il est plus facile de mettre du sel sur les fractures de la société que de rassembler. Diviser c’est facile, rassembler, c’est plus difficile mais c’est quelque chose de nécessaire pour que les gens aient envie de vivre ensemble.

Et comment expliquez-vous la forte abstention ?
Un certain nombre de gens se sont dit "on ne veut pas voter contre les candidats locaux, en particulier contre le maire, mais on veut montrer que l’on n’est pas content." Nous faisons en sorte d’aller voir l’ensemble des abstentionnistes pour les convaincre qu’il faut aller voter. Dimanche, ce n’est pas le président de la République que l’on élit, mais le maire de Lyon. S’ils trouvent que la ville a changé, qu’elle est plus belle, plus équilibrée et plus dynamique économiquement, il faut qu’ils l’expriment dans leur vote.

"Nathalie Perrin-Gilbert a voulu être sur une ligne d'opposition"

Pensez-vous avoir subi un vote sanction, compte tenu du contexte national ?
La crise économique joue beaucoup, elle explique par exemple la montée du Front national. Un certain nombre de couches populaires connaissant les difficultés du chômage ont voté pour le FN. Des personnes appartenant à la droite classique se sont également radicalisées.

L’impopularité du gouvernement a-t-elle un peu joué contre vous ?
Je suis un de ceux qui disaient depuis longtemps que la ligne politique qui était suivie conduirait à des difficultés sur le plan économique. Je m’aperçois aujourd’hui que j’ai davantage d’écoute que j’en avais hier. Si on reprend le livre que j’ai écrit il y a deux ans ( Et si la France s'éveillait... , aux éditions Plon, ndlr), ce que je décrivais comme un risque est devenu réalité, comme la fermeture d’entreprises. Si, dans l’agglomération lyonnaise, nous limitons ce phénomène, cela joue dans le climat psychologique, et donc politique.

Pourquoi avoir fait alliance avec les écologistes ? Vous auriez pu gagner sans eux, non ?
On pouvait peut-être gagner sans eux, mais j’ai toujours eu une politique constante depuis 1995. Nous essayons de faire une liste de gauche plurielle en rassemblant le plus largement possible. Ce rassemblement était indispensable.

En revanche, vous n’avez pas trouvé d’accord avec le Front de Gauche-Gram....
Il y avait le problème du premier arrondissement, et un certain nombre de problématiques extérieures à la Ville de Lyon ont pu peser, comme ce qu’il se passe à Vaulx-en-Velin ou à Vénissieux (où il n’y a pas d’accord entre le PS et le PC, ndlr).

Une solution était vraiment impossible à trouver avec Nathalie Perrin-Gilbert dans le Ier arrondissement ?
Nathalie Perrin-Gilbert n’a pas souhaité le large rassemblement que j’ai proposé le soir du premier tour. Elle a voulu être sur une ligne d’opposition. J’espère qu’Emeline Baume, qui conduit la liste de rassemblement que nous avons formée, pourra l’emporter au second tour.

"Ne pas augmenter les impôts, c'est décider de ne plus investir"

Vous êtes le seul candidat à annoncer une augmentation des impôts ? Pourquoi est-ce nécessaire selon vous ?
Pour un ménage avec deux enfants, s’il est propriétaire de son appartement, l’augmentation est de 25 euros par an, et 12,5 euros s’il est locataire. Mais les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, ces sommes multipliées par les 300 000 foyers fiscaux font que cela rapporte 15,5 millions d’euros par an, soit entre 80 et 90 millions sur la durée du mandat. Avec cette épargne, on peut investir et donc construire des écoles, des crèches, des bibliothèques, des gymnases… Si vous n’avez pas cette épargne, vous vous endettez et on est très vite au surendettement. Je ne veux pas cela pour la Ville de Lyon. Ne pas augmenter les impôts, c’est décider de ne plus investir. Sans recettes nouvelles, soit on diminue de moitié les investissements, soit on laisse filer la dette.

La venue du président chinois durant l'entre-deux tours ne vous a-t-elle pas embêté ?
Je crois d’abord que c’était une bonne nouvelle pour Lyon et les Lyonnais. Il y avait une certaine fierté d’accueillir le président chinois, même si cela a pu créer un certain nombre de difficultés parce que des mesures de sécurité sont prises. C’est quand même exceptionnel que le président de la première puissance mondiale puisse commencer sa visite en France par Lyon. C’est bien sûr économiquement bon pour l’agglomération lyonnaise.

Si vous n’êtes pas réélu dimanche, que ferez-vous ?
Ma femme me disait en riant, "tu pourras peut-être aller chercher les filles à la sortie de l’école !" Ce que je n’ai pas tellement le temps de faire. Je prends mon petit-déjeuner avec elles, mais le soir je ne rentre qu’à 23 heures ou minuit alors c’est forcément moins bien pour la vie de famille.

Etes-vous plus serein pour ce dimanche que vous ne l’étiez dimanche dernier ?
Oui, curieusement, j’avais une interrogation avant le premier tour. Je crois que je capte assez bien quels peuvent êtres les mouvements. Contrairement aux sondages qui prédisaient que cela se passerait bien pour les maires en places dans les grandes villes, je sais que des résultats comme l’accroissement du chômage se traduisent toujours par des difficultés politiques pour celles et ceux qui sont en place. Quand j’ai vu le résultat de Lyon, j’ai été agréablement surpris. C’était une vraie joie de voir la confiance des Lyonnais.

Si vous êtes réélu, ce sera votre dernier mandat ?
Pour le moment, je n’ai pas d’autres perspectives que le scrutin de dimanche.
 


La rédaction de TF1info

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