Laurence Rossignol : "Au sein du gouvernement, Marlène Schiappa aura quelques collègues à convertir au féminisme"

Anaïs Condomines
Publié le 17 mai 2017 à 21h27
Laurence Rossignol : "Au sein du gouvernement, Marlène Schiappa aura quelques collègues à convertir au féminisme"

INTERVIEW - Désormais ancienne ministre de l'Enfance, des Familles et des Droits des femmes, Laurence Rossignol va retrouver son activité de sénatrice. Et nous livre, en ce jour de nomination du gouvernement Philippe, ses impressions sur la place accordée à l'égalité femmes/hommes dans ce nouveau quinquennat.

C'est l'heure des cartons. Laurence Rossignol, désormais ex-ministre de l'Enfance, des Familles et des Droits des femmes, retrouvera dès le mois prochain ses activités de parlementaire. Au Sénat, viendront de nouveaux dossiers, de nouveaux sujets aussi, que cette militante de toujours abordera toujours, elle l'assure " en féministe". 

En attendant, elle nous donne en exclusivité son sentiment sur la place accordée aux droits des femmes dans le nouveau gouvernement Philippe, dont la composition a été dévoilée ce mercredi 17 mai. 

VIDÉO : Le carrousel des ministres et secrétaires d'État du gouvernement d'Édouard PhilippeSource : Sujet JT LCI
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Marlène Schiappa Secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, qu'est-ce que ça vous inspire ?

Je suis heureuse qu'une activiste féministe ait été retenue pour cette fonction. Marlène Schiappa, je la connais, elle a travaillé avec moi pendant un petit moment, je lui souhaite une pleine réussite. Ella aura des dossiers à poursuivre et aussi de quoi imprimer sa propre marque. Je suis heureuse, aussi, que ce gouvernement ait continué la parité. On peut quand même rendre crédit à François Hollande, car c'est la première fois que la parité a duré cinq ans. Il l'a rendue incontournable dans la composition d'un gouvernement.

Emmanuel Macron avait promis un "ministère plein et entier" dédié aux Droits des femmes. Or, ce n'est pas le cas...

Un Secrétariat d'Etat auprès du Premier ministre, ça n'a encore jamais été tenté, je crois, en matière de droits des femmes. Selon moi, cela compense l'absence d'un ministère plein et entier. L'avantage de travailler auprès du Premier ministre est que ça encourage la transversalité. Mais il faut pour cela que le Premier ministre lui donne du poids et l'assure de son appui. Car être chargée des droits des femmes dans un gouvernement, c'est être dans un rapport de forces permanent, c'est une lutte quotidienne contre l'indifférence. 

Le ministère de plein exercice des droits des femmes, ce n’est pas non plus la panacée.
Laurence Rossignol

Un ministère des Droits des femmes plein et entier, ça a aussi ses inconvénients. J'ai été très heureuse de travailler, en plus, sur les thèmes de l'Enfance et des Familles. Ce sur quoi je serai probablement plus attentive, c’est sur la poursuite de ce que j’ai engagé sur la politique de l’enfance. Avec François Hollande et Manuel Valls, on avait créé un portefeuille atypique, qui avait fait râler des féministes quand il avait été annoncé. J’avais été soupçonnée de pétainisme rampant, mais j’ai apporté la démonstration qu’il y avait une vraie cohérence à ce ministère. Le ministère de plein exercice des droits des femmes, ce n’est pas non plus la panacée. 

C'est quoi, la panacée, au sujet des droits des femmes en politique ?

C'est d'avoir un gouvernement composé de gens qui sont féministes et d'engager une volonté politique très forte. Le jour où l’égalité femmes/hommes sera érigée en priorité égale à l’équilibre budgétaire, on aura fait un grand pas. La lutte contre les déficits, tous les ministres l’intègrent. Alors j'espère qu'un jour, l'égalité femmes/hommes sera dans la feuille de route de tous les ministres, au même titre que la réduction des déficits publics. Par ailleurs, au sein du gouvernement, Marlène Schiappa aura déjà quelques collègues à convertir au féminisme. Si elle peut bénéficier de l’appui du Premier ministre pour cela, tant mieux...


Anaïs Condomines

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