Maintien dans l'euro, monnaie commune, ou retour au franc ? Marine Le Pen tente de gommer les contradictions

Anaïs Condomines
Publié le 30 avril 2017 à 16h45, mis à jour le 30 avril 2017 à 21h22
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Source : Sujet JT LCI

INFLEXIONS - Retour au franc ? Monnaie commune ? En 2017 ou 2019 ? La position de Marine Le Pen sur la sortie de l’euro a subi plusieurs réajustements pendant cet entre-deux-tours. Pourtant la candidate assure qu'il n'y a aucune contradiction.

Conserver l'euro ou revenir au franc ? A huit jours du second tour, Marine Le Pen assure qu'il n'y a "aucune contradiction" à vouloir les deux à la fois. Thème autrefois au coeur de son programme et de ses engagements présidentiels - elle souhaitait alors le "rétablissement d'une monnaie nationale adaptée à notre économie, levier de compétitivité" - la sortie de l'euro est aujourd'hui devenue une hypothèse lointaine dans les éléments de langage frontistes. 

Le premier réajustement d'ampleur est survenu vendredi. Jour de l'officialisation de l'alliance avec Nicolas Dupont-Aignan. La sortie de l'euro ne figure alors plus dans  la profession de foi de Marine Le Pen pour le second tour, celle que tous les électeurs recevront dans leur boîte aux lettres dans les jours à venir. On n'y trouve plus de mention explicite à la sortie de l'euro. A la place, il y est rappelé la volonté de renégocier "les traités européens pour retrouver notre souveraineté et bâtir une Europe des Nations". 

Capture d'écran profession de foi Marine Le Pen

"Un long processus"

Deuxième round samedi. La députée du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen, enfonce le clou et précise que les négociations autour de l'Union européenne et la sortie de l'euro pourraient prendre "plusieurs mois", voire "plusieurs années". Exit, donc, selon elle, le délai de six mois originellement prévu par Marine Le Pen pour négocier avec l'UE et proposer un référendum aux Français. Sa nièce estime que "cette position, même sur le plan des traités stricto sensu et du droit, n'apparaissait pas tout à fait réalisable. Ce sera un long processus, un processus mûri, ce sera un processus profondément démocratique". 

Un réajustement tardif qui s'est confirmé ce dimanche 30 avril, dans un entretien avec la candidate FN publié par Le Parisien. Réitérant son souhait d'engager des négociations avec l'Union européenne puis de soumettre un référendum aux citoyens, Marine Le Pen y affirme également : "Nous aurons une monnaie nationale comme tous les autres pays et nous aurons ensemble une monnaie commune. Voilà, c'est aussi simple que ça. Il faut maîtriser la monnaie et l'adapter à l'économie parce qu'aujourd'hui la monnaie unique est un boulet." Elle ajoute enfin n'avoir jamais dit que la France sortirait de la zone euro.

"Le Front national a tout intérêt à dire : "On verra plus tard""

Difficile de s'y retrouver. Pourquoi l'équipe Le Pen plongerait donc dans le flou une mesure centrale de son programme, sur laquelle, de surcroît, ont été fondés ses plans d'économies en faveur de mesures sociales ? Pour la doctorante à l'Institut français de géopolitique (IFG) et membre de l'Observatoire européen des extrêmes, Anaïs Voy-Gillis, il n'y a rien d'étonnant dans cette évolution : "Il y a bien entendu en enjeu électoraliste derrière ce revirement" nous précise-t-elle. "La question de la sortie de l'euro, dans le cadre d'une élection présidentielle, n'est pas la meilleure idée à mettre en avant pour le Front national." Elle poursuit auprès de LCI : Marine Le Pen et ses équipes "sont actuellement dans une position historique et se disent qu'ils peuvent gagner, ils vont donc essayer de convaincre un éventail très large d'électeurs. Or, l'électorat de François Fillon, par exemple, est libéral et attaché à l'Europe. Sur cette question, le Front national a tout intérêt à dire : 'on verra ça plus tard'".  D'après les sondages, près de 70% des électeurs sont en effet opposés à l'abandon de la monnaie unique. Par ailleurs, ce décalage dans le temps de la sortie de l'euro est sûrement dû à l'espoir, nourri par le FN, que des alliés, notamment en Autriche ou en Italie, accèderont un jour au pouvoir et pourront aussi mettre à bien cette mesure."  

Présidentielle 2017 : la volte-face de Marine Le Pen sur la sortie de l'euroSource : JT 20h WE
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Anaïs Condomines

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