PRÉLÈVEMENT À LA SOURCE - Prélevé directement sur le salaire ou la retraite, l'impôt à la source entrera en vigueur le 1er janvier 2018, mettant de fait fin à la déclaration de revenus. En principe. Car les programmes des différents candidats à la présidentielle sur le sujet sont loin d'être aussi clairs.
Adoptée fin 2016 par l'Assemblée nationale, la réforme de l'impôt sur le revenu, qui prévoit le prélèvement à la source de la contribution fiscale des Français à partir de leurs revenus, doit s'appliquer à partir du 1er janvier 2018. Cela signifie que l'année 2017 constituera la dernière occasion de procéder à la déclaration de nos revenus auprès de l'administration fiscale. Au lieu de quoi, il appartiendra aux entreprises de procéder à la collecte de l'impôt sur le revenu. En théorie seulement, car bien des candidats à la présidentielle laissent clairement entendre qu'ils reviendront sur cette méthode. D'autres en disent beaucoup de mal, sans pour autant préciser s'ils la supprimeraient ou l'amenderaient.
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François Fillon
Il en avait rejeté le principe et n'a eu cesse, depuis qu'il a entamé sa campagne, de promettre de revenir sur son application. La raison ? "Il gèlera une fiscalité très injuste", déclarait-il en novembre 2016 au Parisien. Sa position n'a pas bougé depuis, ce qui ne signifie pas qu'il s'interdit toute évolution sur le sujet : en effet, il se dit favorable au développement de "la mensualisation" et à "la contemporanéité des revenus et des prélèvements". Soit un prélèvement fiscal basé sur les revenus de l'année en cours.
Jean-Luc Mélenchon
Le candidat aux 14 tranches et la France insoumise ne sont pas favorables au maintien de la réforme. En cause, le fait de "confier aux entreprises la levée de l'impôt" et ainsi "leur donner accès à des données personnes de leurs salariés". Ce qui n'empêche pas de vouloir changer le mode de prélèvement et de vouloir généraliser le "paiement de l'impôt par prélèvement mensuel".
Emmanuel Macron
Le candidat marcheur reviendra sur la réforme de la collecte de l'impôt sur le revenu. Partiellement, en tout cas : "Je souhaite que l'on expérimente l'impôt à la source au 1er janvier prochain mais je ne souhaite pas qu'il soit généralisé tout de suite", expliquait-il en mars, au sujet d'un dispositif qu'il juge positif et voudrait voir entièrement appliqué. Reste que l'ancien ministre a un doute sur "la robustesse technique" de la réforme, d'où cette réserve.
Marine Le Pen
Depuis l'initiation du projet de loi, le FN est vent debout contre la mesure, s'inquiétant de son effet sur la charge administrative que cela représenterait pour les entreprises. Au-delà de cette première opposition, Marine Le Pen et son parti s'inquiètent aussi de l'avenir de la confidentialité des données dans ce cadre, "facteur de malentendus et de conflits au sein des entreprises". La candidate envisage donc de "supprimer le prélèvement à la source".
Benoît Hamon
En la matière, le candidat socialiste, par ailleurs très critique sur le bilan du quinquennat, entend poursuivre l'oeuvre de François Hollande et souhaite "mener à bien le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu". Pour le frondeur, cette réforme accompagne directement la mise en place du revenu universel qui, pour ses bénéficiaires, prendrait la forme d'un "impôt négatif". De la même façon que la ligne "impôt sur le revenu", une ligne "revenu universel d'existence" s'inviterait sur la fiche de paie, précisait sa conseillère économique Julia Cagé au Monde.
Philippe Poutou
Risque de suppression d'emplois aux finances publiques, impôt plus complexe, perte de recettes pour l'Etat et fin de la progressivité de l'impôt. Dans son programme, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste multiplie les arguments contre le prélèvement à la source et privilégie la création de tranches supplémentaires.
Nicolas Dupont-Aignan
Suite à l'adoption de la réforme du gouvernement, le candidat souverainiste avait pris la plume pour s'inquiéter de ce dispositif et le qualifier de "fausse bonne idée par excellence". "Présenté comme une nouveauté [...] le prélèvement à la source serait un outil pour augmenter les impôts" dans l'ignorance du contribuable. Le président de la Debout la France juge, lui aussi, que faire peser la collecte sur les entreprises pose "des problèmes de confidentialité" et les transforme en "percepteurs d'impôts". Rien, toutefois, n'est avancé dans son programme concernant une éventuelle remise en question du dispositif. Contacté par LCI, l'entourage du candidat a confirmé que le candidat entendait bien supprimer le prélèvement à la source.
Nathalie Arthaud
La "seule candidate communiste" à la présidentielle souhaite la suppression de l'impôt sur le revenu. Plus question, donc, de prélèvement à la source.
François Asselineau
Nulle trace de la question dans le programme du candidat de l'UPR. Et pour cause. Interrogé par LCI, l'entourage du chantre du Frexit nous explique qu'il n'a "aucune raison d'y être". "C'est du ressort du Parlement, pas du Président. Quiconque dit le contraire fait de l'enfumage".
Jacques Cheminade
Si le doyen de l'élection présidentielle est opposé au prélèvement à la source, ce n'est pas tant sur son principe que sur sa mise en application. En effet, le candidat de Solidarité et Progrès craint que les entreprises soient en charge de cette manœuvre n'entraîne "une complexité administrative supplémentaire" qui générerait des "tensions sociales au sein de l'entreprise". Mais le principe est donc conservé, et le candidat incline "à faire étudier une mise en place sans que l'entreprise ne soit assimilée à un collecteur d'impôts."
Jean Lassalle
Le candidat de "Résistons !" ne s'est pas exprimé sur le sujet, a annoncé son entourage à LCI.