MÉCANISME - En ayant remporté "seulement" 32% des voix lors du premier tour des législatives, REM, le parti d'Emmanuel Macron, devrait obtenir autour de 74% des sièges à l'Assemblée national. De son côté, la droite (LR-UDI) n'en aurait qu'autour de 17% tout en ayant récolté 21,5% des suffrages. La faute au mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Explications.
Moins d'un tiers des voix au premier tour mais plus de deux tiers des sièges à l'Assemblée nationale : c'est ce que le parti du président Emmanuel Macron devrait obtenir dimanche prochain à l'issue du second tour de ces élections législatives 2017.
Lors du premier tour, ce dimanche, La République en Marche (REM) et son allié du MoDem ont ainsi remporté précisément 32,3% des voix. Un score qui devrait donc leur permettre de ravir au second tour entre 400 et 455 sièges sur 577 (largement au-dessus de la majorité absolue de 289 élus), soit entre 69% et 79% des sièges.
Mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours
Un tel écart entre le pourcentage des voix et le nombre de sièges est dû aux règles de l'élection des députés. Ceux-ci sont en effet élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours dans chacune des 577 circonscriptions.
Pour remporter son siège dès le premier tour (c'est le cas de seulement quatre députés cette année), le candidat doit obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés, à condition que cela représente au moins 25 % du nombre des électeurs inscrits.
Pour accéder au second tour, il faut avoir obtenu au premier tour un nombre de voix représentant au moins 12,5 % des inscrits de la circonscription. Lorsque trois prétendants accédent au second tour, il s'agit alors de triangulaires. En raison d'une abstention record (51,29%), il n'y en aura qu'une seule cette année. Il s'agit de la première circonscription de l'Aube, où 48,16% des électeurs n'ont pas rempli leur devoir de citoyen.
A défaut, les deux candidats ayant les meilleurs scores sont qualifiés. Une fois, au second tour, pour être élu, la majorité relative suffit. En clair, celui qui obtient le plus de voix dans sa circonscription se voit attribuer un siège. Autrement dit, le nombre de circonscriptions dans lesquelles une formationarrive en tête détermine le pourcentage de sièges que celle-ci aura.
Sur-représentation de la majorité parlementaire
Outre les plus de 400 sièges qui devraient être occupés par des députés REM, voici à quoi s'attendre si les intentions de vote se confirment :
• L'alliance LR-UDI (21,5% des voix au premier tour) pourrait terminer avec 70 à 130 élus (12,1% à 22,5% des sièges).
• Le FN (13,2%) obtiendrait à peine 1 à 10 sièges (0,2% à 1,7%).
• Le PS et son allié PRG (9,5%) s'effondreraient avec seulement 15 à 40 sièges (2,6% à 6,9%).
• La France insoumise (11%) remporterait, PCF inclus, 10 à 23 fauteuils (1,7% à 4,0%).
Ce système uninominal majoritaire à deux tours a en effet tendance à sur-représenter la majorité parlementaire et sous-représenter les minorités. Par exemple, en 2002, dans la foulée de la réélection de Jacques Chirac à la tête de l'Etat, l'UMP avait obtenu 358 sièges (62%) en remportant 33,3% des suffrages exprimés au premier tour alors que le Front national n'avait eu aucun siège en dépit de ses 11,3% de voix. Les Verts, avec encore moins de voix (4,5%, avaient en revanche obtenu pour leur part obtenu trois sièges.
Le FN et La France insoumise réclament la proportionnelle
Afin d'être davantage représentés, le Front national et La France insoumise, notamment, appellent de leurs voeux la mise en place du mode de scrutin proportionnel. C'est-à-dire que les sièges sont attribués selon le nombre de voix, généralement avec un seuil minimum de représentativité de 5%. Ce système peut cependant présenter l'inconvénient d'empêcher que des majorités se dégagent clairement et conduire à une instabilité gouvernementale, comme ce fut le cas lors de la IVe République.
Une voie intermédiaire, consistant à introduire une dose de proportionnelle, revient également régulièrement sur la table. Cela consisterait à attribuer une partie des sièges avec le mode de scrutin actuel et une autre partie avec le scrutin proportionnel. Reste à savoir si la nouvelle majorité le mettra en place pour les prochaines législatives, qui auront lieu normalement en 2022. Benjamin Griveaux, porte-parole de REM, a en tout cas déclaré ce lundi sur RTL que le débat aurait lieu. "Au regard des projections qui sont sorties hier suite aux résultats, il y a effectivement une disproportion", admet-il.
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