FAKE NEWS - Invité de Laurent Delahousse, dimanche 5 mars sur France 2, François Fillon a repris l'antienne du déchaînement médiatique à son encontre. Jusqu'à dire que les chaînes télé avaient annoncé le suicide de sa femme, mercredi 1er mars, alors qu'il allait annoncer sa prochaine mise en examen.
L'ère des "faits alternatifs" s'empare-t-elle de la France après qu'elle a massivement influencé l'élection américaine ? Alors que François Fillon et ses équipes ont annoncé puis répété sans barguigner que "200.000 personnes" s'étaient rassemblées au Trocadero, dimanche 5 mars, lors du "rassemblement populaire" en soutien au candidat -un chiffre hautement exagéré à la vue de la superficie de la place du XVIe arrondissement de Paris-, une autre sortie du candidat de la droite et du centre est venue indûment attribuer aux chaînes de télévision de fausses informations.
"Un problème grave", mais pas de "suicide"
Invité du JT de 20h France 2, dimanche 5 mars, François Fillon s'est ainsi plaint qu'"on avait annoncé le suicide de [ma] femme mercredi matin sur les chaînes de télévision", alors que les médias s'interrogeaient sur la raison qui avait poussé le candidat à ne pas se présenter, comme prévu, au salon de l'Agriculture, dès 8h du matin, sans prévenir son entourage. Des attaques, enfonce-t-il, qui lui ont fait "du mal" et "[l']ont blessé", a-t-il ajouté.
Sauf qu'aucune information de cette nature n'a été annoncée, mercredi 1er mars, sur les chaînes d'information en continu. Et si les rumeurs sur le retrait de François Fillon ont mené bon train et se sont révélées fausses, si plusieurs politiques et éditorialistes évoquaient un "suicide politique" pour évoquer l'insistance qu'avait François Fillon à se présenter malgré les vents contraires, si certains, parmi des envoyés spéciaux, ont évoqué "un problème grave", d'ordre "privé" comme élément possible d'explication à ce faux bond, à aucun moment le suicide de Penelope Fillon n'a été "donné" à l'antenne.
De la même façon, une recherche sur Google au 1er mars ne donne pas plus de pistes sur l'association d'un tel acte à la personne de Penelope Fillon.
Et, comme l'ont remarqué bon nombre de confrères, la seule personne à avoir parlé de "suicide de Penelope" s'appelle Madeleine de Jessey. Elle exerce la fonction de porte-parole du mouvement Sens commun, émanation politique de la Manif pour tous et soutien de François Fillon depuis la primaire de la droite et du centre.
Vive la conscience morale&pro des journalistes qui auront annoncé le retrait de FF, le suicide de Pénélope & la démission de P. Stefanini. — Madeleine de Jessey (@MadeJessey) 1 mars 2017
Une autre annonce se référait à un éventuel suicide de Penelope Fillon. Comme le souligne le Huffington Post, le 6 février sur France 5, l'éditorialiste d'Europe 1 Catherine Nay avait évoqué sa peur que l'épouse du candidat ne "craque nerveusement".
"On pensait que Pénélope allait se suicider" "Il tient dans la tempête, c 'est un chef" Catherine Nay #CDansLair La loi du plus fort, quoi — Franck (@francksydney) 6 février 2017
Mais tout cela s'était déroulé près d'un mois avant la conférence de presse où François Fillon annonçait sa prochaine mise en examen. Rien le mercredi, donc.