A quoi ressemblera notre vie au travail en 2030 ? Voici cinq scénarios possibles

Publié le 22 novembre 2019 à 14h43, mis à jour le 27 novembre 2019 à 14h56
A quoi ressemblera notre vie au travail en 2030 ? Voici cinq scénarios possibles
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PROSPECTIVE - Le groupe Colliers International a mené une grande étude prospective, en partenariat avec le cabinet Futuribles, pour tenter de comprendre à quoi ressembleront nos bureaux, et nos vies, dans quelques années.

Le réchauffement climatique, les nouvelles technologies, l'intelligence artificielle, l'aspiration à un meilleur équilibre des vies privée et professionnelle… Autant de facteurs qui peuvent influencer la stratégie des entreprises, les aménagements de l’organisation du travail ou des territoires. Dans quel sens ? Pour aller vers quoi ? 

Le groupe Colliers International, conseil en immobilier d'entreprise, a mené une grande étude prospective avec le cabinet Futuribles, pendant un an. "2030, l'Odyssée de l'espace de travail" dresse cinq scénarios possibles, catastrophes ou pas.

Scénario 1 : rien ne bouge

Nous sommes en 2030, rien n’a vraiment changé, hormis une recherche de profit et de rentabilité toujours plus poussée chez les entreprises. Les sièges sociaux sont restés centralisés à Paris, et en première couronne. Les organisations restent sur des modèles hiérarchiques traditionnels. Les bureaux sont d’abord conçus dans une logique de réduction des coûts, et l’espace alloué au salarié ne cesse en conséquence de s’amenuiser. Et ce, via une plus grande flexibilité des espaces de travail. Cela passe par l’utilisation par les entreprises de surfaces de coworking, qui ont l’avantage de ne pas demander de bail commercial : les boîtes y recourent pour installer leurs collaborateurs qui sont sur des fonctions de "back-office".

Côté salariés, le fossé se creuse, entre les talents convoités, choyés dans les sièges sociaux, tandis que le profils les moins qualifiés s’éloignent de la capitale dans des sites qui sont progressivement délocalisés. Les inégalités s’accroissent, les emplois les moins qualifiés deviennent plus précaires. Le grogne monte : la défiance s’installe vis-à-vis des entreprises, les mouvements sociaux s’accentuent. Le CDI reste toujours l’alpha et l’omega. Les familles aisées peuvent continuer d’habiter le centre des villes, ont un accès facile aux technologies. Les autres sont repoussées à la périphérie.

"Kick-off", "pitch", "retroplanning" : le dico qui rigole du vocabulaire du bureauSource : Sujet TF1 Info

Scénario 2 : on bascule vers la transition énergétique

La conscience de l’urgence climatique est là. Etat, entreprise, citoyens sont mobilisés pour développer une bonne qualité de vie et préserver l’environnement. Dans les entreprises, une nouvelle démocratie se développe : elles ont conscience que l’amélioration de la QVT est à la fois un enjeu sociétal, mais aussi un facteur de performance. Dans les villes, les véhicules polluants sont interdits. Se multiplient les navettes autonomes et les VTC électriques. Les vélos ou trottinettes sont de plus en plus utilisés, et les entreprises proposent des services d’autopartage, pour faciliter les déplacements domicile-travail. 

Des normes environnementales très strictes sont appliquées pour les nouveaux bâtiments. Mais cela engendre une hausse des coûts de construction, qui fait que vivre au cœur des grandes métropoles devient difficile. Les familles se retranchent en zone périurbaine, où sont déjà les entreprises. Se créent des écoquartiers, mêlant logements, commerces, bureaux, services et loisirs. Du coup, les mouvements pendulaires qui généraient un trafic routier majeur, des encombrements dans les transports publics, se réduisent. Le "coloving" et les colocations se développent, et sont même proposés par les entreprises pour faciliter la vie des collaborateurs. 

Les individus se recentrent sur leur vie personnelle : de plus en plus choisissent de travailler à temps partiel ou en semaine de 4 jours. Pour renforcer le lien avec les collaborateurs, les entreprises continuent de privilégier le CDI. 

Scénario 3 : la fuite de la capitale vers les régions

Les prix de l’immobilier ont tellement explosé, que les salariés ont massivement quitté Paris et la région parisienne pour rejoindre les grandes métropoles régionales et y trouver une meilleure qualité de vie. La défiance envers les entreprises est grande : elles ont trop misé sur des actions cosmétiques et une image corporate. La montée de l’Intelligence artificielle fait prendre conscience des vagues de licenciements à venir. Les salariés sont désengagés et privilégient leur qualité de vie, et leur famille. Mais ils sont désormais plus nombreux à mener plusieurs activités professionnelles, par envie ou pour compléter des revenus devenus insuffisants.

Mais pour reconquérir ces collaborateurs, les entreprises suivent le mouvement : elles s’implantent elles aussi dans les grandes métropoles, ou proposent l’accès à des espaces de coworking en centre-ville. Elles promeuvent une nouvelle démocratie d’entreprise, plus participative, et s’adaptent aux attentes des salariés en recherche de sens, d’autonomie, de responsabilité. 

Scénario 4 : castes digitales et fractures territoriales

Les Etats prennent des mesures drastiques pour lutter contre le réchauffement climatique, qui ont des impacts fort sur les entreprises et les ménages. Ceux-ci se tournent en masse vers les grandes métropoles régionales, par nécessité : le foncier y est plus abordable. Dans ce scénario, l’accès à la technologie 5G est déterminant. Le manque de connexion à un haut débit devient même un frein à l’emploi, voire un élément de scission.  Une scission s’opère ainsi entre le centre des grandes métropoles et les zones périurbaines, au faible déploiement technologique. Elles pâtissent aussi d’un trafic dense de voitures polluantes.

 

L’IA a détruit 20% des emplois du tertiaire.  Les entreprises sont en recherche d’une rentabilité financière maximale. En découle des inégalités croissantes : au siège, une caste de salariés "premium" (CDI), à forte valeur ajoutée, se développe. En parallèle se crée une large population d’actifs précarisés, délaissés par les entreprises dans des espaces de travail bas de gamme, facilement remplaçables. De plus en plus sont contraints d’avoir plusieurs activités en parallèle. Ces différents modes de traitement entre les actifs débouche sur une compétition exacerbée et stressante. Les salariés en CDI, même s’ils ont des privilèges, sont soumis à une forte pression, notamment à cause d’un cyber management qui fait qu’ils sont  évalués en permanence. 

Scénario 5 : dépendance technologique, indépendance professionnelle

Dans ce scénario, le numérique est devenu indispensable. Les citoyens acceptent cette dépendance à ces technologies pilotées par des GAFA, qui disposent d’une mainmise sur des millions de données professionnelles et privées. Précarisation de l’emploi, manque de reconnaissance... La défiance vis-à-vis des entreprises ne cesse de grimper. Le secteur tertiaire est divisé en deux. D'un côté, les grandes entreprises, situées au niveau du Grand Paris. Elles ont durci leurs relations face aux collaborateurs les plus fragiles, les jeunes, les personnes en fin de carrière. La question de la QVT est totalement cosmétique, les exigences de productivité s’accroissent. Tout ça fait que de plus en plus de salariés s'en détournent. Ils vont vers des petites structures. Se crée ainsi un réseau de PME et d'indépendants, en contre-pied, synonyme de liberté, d’ouverture et de transparence.

Les aménagements de travail évoluent en fonction. D'un côté, les grandes surfaces tertiaires diminuent, mais les grandes entreprises développent de larges espaces de "corpoworking" (coworking corporate permettant de réunir en même espace de travail des personnes internes et externes à l’entreprise), pour accueillir les indépendants auxquelles elles sous-traitent de plus en plus. Se créent aussi de multiples petites surfaces, dans lesquelles se retrouvent PME et indépendants, sur tout le territoire.

> Pour avoir accès au contenu de l'étude "2030 L'Odyssée de l'espace de travail", c'est par ici


La rédaction de TF1info

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