Une société américaine licencie ses employés… en direct et en visioconférence

Publié le 30 mars 2020 à 14h13, mis à jour le 3 avril 2020 à 10h50
Visioconférence
Visioconférence - Source : iStock

RADICAL – La crise du coronavirus met les entreprises en difficulté dans le monde entier. Mais, avec le confinement et le télétravail, comment annoncer une vague de licenciements ? Aux Etats-Unis, une start-up n’a pas vraiment pris le temps de faire dans la dentelle.

La crise du coronavirus met les entreprises en difficulté, c’est un fait. Mais face à cette situation, selon les pays, les salariés ne sont pas tous égaux. Ainsi, aux Etats-Unis, une entreprise, TripActions, a non seulement licencié massivement, mais l’a fait d’une manière pour le moins... sèche. 

Fondée en 2014 et basée à Palo Alto, en Californie, TripActions est une plateforme de réservations pour les voyages d'affaires. Sa principale source de revenus a donc été durement touchée par la propagation du coronavirus, de nombreuses sociétés interdisant aux employés de voyager.

"Les gens pleuraient et paniquaient"

La semaine dernière, une centaine de membres de l'équipe de Trip Actions, dont beaucoup travaillent désormais à distance, se sont retrouvés sur Zoom, une plateforme qui permet des visioconférences. La plupart ont rejoint l’appel détendus, joyeusement, s’attendant à une réunion d'équipe ou à une activité de liaison. A la place, comme le rapportent plusieurs médias, le patron se lance alors dans un couplet sur l'économie et le coronavirus. Avant d’annoncer une vague de licenciements. "Les gens pleuraient et paniquaient", raconte à Prootocol un collaborateur viré pendant la vidéoconférence. "C'était comme 100 vidéos différentes de chaos."

Les employés qui ont rejoint les appels tardivement ont mis un peu de temps à comprendre ce qu’il se passait et le fait qu’ils venaient de perdre leur emploi. D’autant que dans le chat, les administrateurs avaient coupé le son des vidéos des collaborateurs, faisant taire les cris ou les expressions de colère. Chaque salarié connecté voyait ainsi, de manière un peu surréaliste et en même temps que chacun se rendait compte de ce qu'il se passait, les autres dans leurs carrés Zoom séparés, certains pleurant sans bruit. 

"Nous avons réduit les dépenses non essentielles"

La société a confirmé avoir licencié près de 300 personnes, soit environ un quart de son effectif total. "Bien que nous ayons eu la chance d'avoir récemment levé des fonds et obtenu un financement par emprunt, nous prenons les mesures appropriées dans nos activités pour nous assurer d'être présents pour nos clients dans le futur", explique la direction dans un communiqué. "Nous avons réduit toutes les dépenses non essentielles et pris la décision très difficile de réduire notre main-d'œuvre conformément au climat actuel."

La semaine d’avant, lors d’une réunion, le patron, Ariel Cohen, avait déclaré aux employés que la société faisait face à l'incertitude, comme beaucoup de start-ups et devrait réduire ses coûts. Sauf que le ton et les sujets abordés avaient laissé aux participants l’impression que les licenciements ne seraient pas imminents.

Licenciements en masse dans tous les Etats-Unis

Existerait-il un autre moyen pour évoquer ce genre de nouvelles avec ces salariés ? Sans doute. En tout cas, ceux de TripActions l’ont ressenti avec beaucoup de douleur. "Pourquoi mettre tout le monde sur un Zoom et faire cette annonce ?", s'interroge ainsi un employé. "J'avais tellement investi dans cette entreprise et je me sens tellement foutu. C'est pourquoi c'est tellement frustrant", dit-il, questionnant les valeurs de l’entreprise. 

Plus globalement, alors que le secteur du voyage s'enfonce, les start-ups du domaine ont licencié des centaines de salariés la semaine dernière aux Etats-Unis. Cela va d’une trentaine chez Lola, société de voyages d'affaires à plus de 400 à Sonder, plateforme qui propose des appartements meublés.


La rédaction de TF1info

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