Aider les commerces à se numériser, pour les déconfiner, au moins virtuellement

par Cédric INGRAND
Publié le 4 novembre 2020 à 20h06

Source : JT 13h Semaine

DÉCLIC - L'état et les villes alignent initiatives et aides pour que chaque commerce de centre-ville soit aussi un commerce en ligne, de quoi résister aux conséquences de la crise sanitaire, mais aussi préparer l'avenir.

Baisser le rideau de fer, mais rester ouvert, malgré le confinement, en utilisant les mêmes outils que les grandes enseignes et que le commerce en ligne. C'est la mise à niveau que l'exécutif voudrait aujourd'hui accélérer, pour amortir les effets économiques d'une crise qui n'en finit pas, et promet de laisser sur le carreau des milliers de commerces de centre-ville dont l'économie était déjà fragile, perdant entre 20% et 30% de leurs ventes lors du premier confinement.

Que l'on parle des magasins indépendants dans les galeries commerciales ou surtout de ceux des centres-villes, le constat est le même : seul un tiers d'entre eux ont une présence en ligne, au travers d'un site web, ou de la vente de leurs produits sur de grandes plateformes. Pourtant, le marché existe bien : même Amazon réalise près de la moitié de son chiffre d'affaires au travers de l'activité de dizaines de milliers de vendeurs indépendants.

100 millions de nouvelles aides

Pour tenter de faire de la crise une opportunité d'accélération de la numérisation de ces commerces, à Bercy, on en affiche les avantages. "La vente à emporter, les livraisons à domicile, qui restent autorisées pendant la période de confinement doivent se développer et se généraliser. Elles peuvent apporter du chiffre d’affaires aux entreprises qui sont fermées administrativement", détaillait Bruno Le Maire le mois dernier. À celles-ci, le ministre de l'Économie promet une centaine de millions d'euros d'aides supplémentaires, pour financer et accompagner leur passage au commerce en ligne.

De ce côté-là, la bonne nouvelle, c'est que les choses se sont largement simplifiées. Plus besoin d'avoir de réelles compétences techniques pour ouvrir sa boutique en ligne. Fer de lance de l'initiative de Bercy, "Ma Ville, Mon Shopping", un site lancé il y a cinq ans par le groupe La Poste, qui permet très simplement à un commerce de proposer ses produits, à distance ou en click and collect, grâce à des tarifs de livraison négociés, par exemple. Le site ne fait d'ailleurs payer aucun frais d'installation pendant le confinement. "La vente en ligne doit permettre à ces acteurs de rebondir", espère Bruno Le Maire.

"Ma Ville Mon Shopping", la plateforme en ligne de La Poste qui permet aux commerces de proposer leur produits en livraison, ou en "click and collect".
"Ma Ville Mon Shopping", la plateforme en ligne de La Poste qui permet aux commerces de proposer leur produits en livraison, ou en "click and collect".

Un appel à projets, pour offrir un guichet unique aux commerçants

En parallèle, le portail FranceNum, qui rassemble toutes les informations sur la transformation numérique à l'intention des entreprises, vient de lancer dans l'urgence un appel à projets qui vise spécifiquement les commerces de proximité. Jusqu'au 13 novembre, start-up et entreprises du numérique peuvent venir ajouter à la liste toutes leurs solutions qui peuvent permettre aux commerçants, artisans, restaurateurs ou PME de développer un site marchand, d'accepter les paiements en ligne ou de mieux communiquer avec leurs clients.

FranceNum, le portail de la transformation numérique des entreprises
FranceNum, le portail de la transformation numérique des entreprises

But de l'appel à projets : dresser une liste validée, comme un guichet unique de l'offre disponible pour ces commerces, mais sous conditions. Pour y être labellisé, les entreprises devront s'engager à proposer leurs services gratuitement ou à coût réduit pendant toute la durée du confinement, mais aussi promettre d'accompagner techniquement des TPE et PME où l'expertise technique est souvent rare.

Numériser un cœur de ville à la fois

Si chaque commerçant peut faire la démarche de passer au numérique dans son coin, certaines villes ont décidé de prendre les choses en main, pour aider tous leurs commerçants à avancer ensemble. "Le premier confinement a été un révélateur", nous explique Michel-François Delannoy, responsable du pilotage des programmes nationaux à la Banque des Territoires, une filiale de la Caisse des Dépôts, "70% des commerçants de cœur de ville sont indépendants, pour eux le passage au numérique n'était pas évident, ils n'en voyaient d'ailleurs pas toujours l'intérêt." Une opinion que la crise sanitaire a radicalement réformée, jouant ici aussi son rôle d'accélérateur. "Le confinement les a précipité à la conversion au numérique", s'enthousiasme Michel-François Delannoy, "en six mois, c'est comme si on avait gagné trois ans dans la numérisation de ces commerces de proximité".

SOS Commerces : des boutiques qui reçoivent sur rendez-vousSource : JT 13h Semaine

Ceux-là peuvent désormais profiter de l'initiative des villes, des intercommunalités, ou des associations de commerçants qui peuvent organiser et rassembler sur un site ou une plateforme unique les produits et services de tous leurs commerçants de cœur de ville. Des campagnes de numérisation accélérée que la Banque des Territoires accompagne, à hauteur de 20.000 euros de subvention par projet. Un cofinancement qui vise pour l'essentiel des villes moyennes et leur donne une vitrine qui peut avoir d'autres débouchés.

"On peut y adosser des offres de services touristiques, culturels aussi", ajoute Michel-François Delannoy, pour qui les bénéfices de telles initiatives vont payer bien au-delà de la crise actuelle, pour donner de l'oxygène aux commerçants de proximité. "Pour toutes ces PME, cela démontre que le produit doit aller vers le client, pandémie ou pas, et là-dessus, le commerce traditionnel doit être présent. Rester invisible en ligne, à court ou moyen terme, c'est un risque fatal."


Cédric INGRAND

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