"Maman au chocolat a besoin de vous" : attaquée par un grand groupe, elle lance un SOS pour sauver sa marque

par Sibylle LAURENT
Publié le 17 janvier 2020 à 13h55, mis à jour le 17 janvier 2020 à 14h57
Catherine et Philippe Bréard, les fondateurs de Maman au chocolat.
Catherine et Philippe Bréard, les fondateurs de Maman au chocolat. - Source : Maman au chocolat

APPEL À L'AIDE – C’est l’histoire d’un succès : Catherine Bréard s’est reconvertie dans la pâtisserie à 61 ans en fondant "Maman au chocolat", dont les mousses font un carton au Japon. Mais voilà, un grand groupe industriel a attaqué sa marque lui demandant de renoncer à son nom. Elle doit désormais tout reconstruire et fait pour cela appel à l'aide des internautes.

"Maman au chocolat". Un nom gourmand, rassurant ; qui nous ramène à l’âge d’enfant. C’est celui qu’a choisi Catherine Bréard quand, il y a trois ans, elle a lancé sa petite entreprise de mousses au chocolat, qui cartonne depuis au Japon. Pourtant, c'est ce nom qui aujourd'hui la met en difficulté : une grande marque l'a attaquée en justice en jugeant qu'il était trop proche du sien. La bataille judiciaire lui ayant été défavorable, elle doit abandonner l'appellation avant fin janvier. Et tout recommencer.

L'histoire vaut la peine d'être rembobinée depuis le début, il y a 5 ans. Catherine Bréard, 59 ans à l'époque, a un boulot stable à Pôle Emploi. Elle habite en Normandie, entre Rouen et Le Havre. Un jour, poussée par son fils, elle a le déclic : quel dommage de ne pas vivre de sa passion !  Elle quitte tout, se lance dans une formation de cuisine et de pâtisserie. Et ça marche : en 2014, elle remporte le concours de Paris de la mousse au chocolat. Dans la foulée, le fiston, parti travailler au Japon,  découvre que là-bas, la mousse au chocolat n’existe presque pas. Et tiens, pourquoi ne pas se lancer ? Catherine et son mari Philippe créent une société, investissent leur épargne retraite. Et Catherine l'appelle "Maman au chocolat". "C’est mon fils qui m’appelait comme ça", raconte-t-elle à LCI. Le nom est déposé en France auprès de l'INPI. Tout roule. 

Maman au chocolat doit abandonner son nom.
Maman au chocolat doit abandonner son nom. - Maman au chocolat

Et au Japon, la mousse prend bien. Très bien, même. Là-bas, Catherine et Philippe écument les salons, les grands rendez-vous, font découvrir ce produit artisanal. Et c'est l’emballement : les épiceries fines, les grands magasins, les Japonais adorent la mousse de Catherine, mais aussi l'histoire de ce couple français d'un certain âge, la personnalité de cette mamie pétillante, sans chichi. "Sur les salons, on vendait 400 mousse au chocolat par jour", assure Catherine, qui a bien compris l'intérêt de son histoire si particulière : "Je suis toujours accompagnée d’une interprète pour expliquer aux clients pourquoi on est là. On la raconte aussi sur des petits flyers traduits en japonais. Et souvent, les Japonais de tous âges me prennent dans les bras, me caressent les mains, me font des cadeaux. C’est incroyable !" 

Au Japon, la marque est désormais distribuée dans un grand magasin de luxe, et le couple est inscrit sur un très gros salon en 2020. Les affaires s'envolent, "Maman au chocolat" a des ailes.

Environ 15.000 mousses ont été vendues depuis les débuts.
Environ 15.000 mousses ont été vendues depuis les débuts. - Maman au Chocolat

On est tombés de notre chaise. Notre nom n’existe nulle part ! Et j'y tenais, c’est moi la maman, je ne voulais pas l’abandonner
Catherine, créatrice de "Maman au chocolat"

Sauf que. Le succès venant au Japon, elle doit créer une société japonaise, une filiale de "Maman au chocolat". Fin 2018, elle redépose les noms en France. "Il faut toujours attendre trois mois, et si personne ne se manifeste, le nom est validé", rappelle Catherine. Sauf que cette fois-ci, en décembre 2018, elle et son mari Philippe reçoivent un courrier "d’un très gros cabinet d’avocat parisien", missionné par un grand groupe industriel : "une cinquantaine de pages qui nous demandait d’abandonner notre nom". "On est tombés de notre chaise. Pourquoi ? Notre nom n’existe nulle part ! Et j'y tenais, c’est moi la maman, je ne veux pas l’abandonner !" 

Le couple conteste, se retrouve au tribunal, est débouté, se pourvoit en appel. "On voulait défendre notre nom. Tout le monde se disait qu’ils ne gagneraient pas, que ce n’était pas possible. Rien dans notre démarche ne les mettait en danger." Mais la décision est tombée en décembre dernier : ils doivent renoncer à utiliser "Maman au chocolat". "C'est un très gros groupe, cela a été jugé sur l’atteinte à la notoriété, et pas sur une éventuelle ressemblance", estime Catherine, qui n'a pas le droit de citer le nom du groupe en question. Le coup est dur, brutal.

Ça nous donne dix fois plus envie de continuer !
Catherine, créatrice de "Maman au chocolat"

"On ne le digère pas tout de suite, c’est clair", reconnaît Catherine. "Mais en même temps, ça nous donne dix fois plus envie de continuer ! Il faut aller au-delà des mesquineries, et se battre. En fait, ils nous ont donné des ailes, encore plus grandes que celles qu’on avait, c’est une certitude !" Combattante, Catherine. Positive. Même si là, elle a besoin de soutien. Car les frais d’avocat, et toutes les dépenses qu’impliquent le fait de changer de nom, réinventer un site internet, refaire tous les packagings, sont considérables et peuvent donner un coup d'arrêt au projet. Coût estimé : 20.000 euros.

Alors Catherine lance un cri, un appel au soutien. Une cagnotte Leetchi a été lancée, environ 4.000 euros ont déjà été collectés. De toute façon, elle n'envisage pas d'abandonner. D'autant qu'elle a déjà multiplié les nouveaux projets : "On a des pistes pour débarquer en France, mais sans abandonner le Japon. 2020, ça va être 'mousseux' !" La médiatisation de son combat a aussi mis en lumière celui-ci. Et elle ne revient pas du soutien récolté : "On reçoit plein de messages de gens qui croient en notre projet, qui veulent nous aider. Des gens sont venus nous voir, avec l'envie de faire partie de notre histoire... Du coup, on se dit 'OK, en face, ils ont raté leur coup : au contraire, on va se développer'. Et puis dans un coin de ma tête, je sais que la 'maman au chocolat' est toujours là". Déjà, Catherine le promet : "Quand on sera sortis de là, j’aimerais réunir tous ceux qui ont participé à venir goûter ma mousse. On fera une grande dégustation, tous ensemble". On ne demande que ça. 

> Pour aller sur la cagnotte Leetchi, c'est par ici. Contact : 06 07 37 44 19 ou contact@mamanauchocolat.com


Sibylle LAURENT

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