EN CHIFFRES - Selon les tout derniers chiffres de l’Insee, le nombre d’entreprises créées au cours des douze derniers mois est en hausse de 17%. Cette augmentation concerne aussi bien les micro-entrepreneurs (+27%), les entreprises individuelles classiques (+20%) ou les sociétés (+1,6%).
La "start-up nation" serait-elle bien emmanchée ? Tout le monde aurait-il soudainement envie de devenir son propre patron ? En tout cas, les derniers chiffres de l’Insee, publiés mardi, montrent que la création d’entreprises se porte bien. Elle n’a cessé de grimper au cours des douze derniers mois : + 17% par rapport à 2017, ce qui représente 691.283 nouvelles entreprises.
Cette hausse est historique : le précédent pic remontait à 2010, avec 622.000 créations, et avait une cause bien identifiée : il s'agissait de l'année qui suivait la création du statut d’auto-entrepreneur, ce système qui permettait de lancer plus facilement son entreprise, avec une procédure ultra-simplifiée, des allègements administratifs, comptables et fiscaux, à condition de respecter un seuil annuel de recettes.
La micro-entreprise, toujours plus accessible, attire
Cette année, donc, tous les types de créations d’entreprise sont en hausse : les immatriculations de micro-entrepreneurs (+27, 5%), mais aussi les créations d’entreprises individuelles classiques (+20%) et, dans une moindre mesure, celles de sociétés (+1, 6%). Plus de deux créations sur cinq sont des demandes d’immatriculation de micro-entrepreneurs, statut qui a remplacé l’auto-entrepreneur, relève encore l’Insee.
Pourquoi cet attrait pour ce régime ? Les causes sont multiples. D’abord, sans doute, le fait qu'il soit tout simplement de plus en plus connu, et valorisé, en France, à l’ère de l’entreprenariat à tout crin. D’autant que ce statut a été assoupli ou plutôt, élargi. Ainsi, le seuil du chiffre d’affaires annuel fixé pour entrer dans la catégorie, qui pouvait être un frein au réel développement d’une activité, a été relevé. Il est passé, au 1er janvier 2018, de 82.800 euros par an à 170.000 euros pour les activités de vente de marchandise ou de denrées, et de 33.200 à 70.000 euros pour les services. L'annonce de ce relèvement des seuils avait entraîné, dès la fin 2017, une recrudescence des créations de micro-entreprise. Elle s'est poursuivie en 2018.
Patron et pauvre ?
D’autres raisons, moins positives, jouent aussi sans doute dans cette hausse des créations d'entreprise : c’est également un moyen, pour des chômeurs n’arrivant pas à retrouver un emploi, de créer leur propre job. Une étude réalisée en 2018 par Pôle emploi sur les entreprises créées par des demandeurs d’emploi était à ce sujet édifiante : monter sa boîte était, pour 32% des sondés, le "seul moyen de trouver un emploi dans son domaine".
L’enquête relevait aussi que trois ans après la création, 75% des entreprises initiées par des chômeurs étaient toujours actives. Mais leurs patrons étaient des micro-entrepreneurs et... gagnaient moins que le Smic.