Contrats interrompus, gel des embauches... Les apprentis craignent pour leur avenir

Publié le 4 juin 2020 à 6h21, mis à jour le 4 juin 2020 à 11h22

Source : JT 20h Semaine

COUP D’ARRÊT - Avant la crise sanitaire, l'apprentissage était sur une belle lancée. Mais avec la crise économique née de la pandémie de Covid-19, les professionnels du secteur craignent une forte baisse du nombre de contrats signés.

En février dernier, le gouvernement se félicitait du succès connu par l’apprentissage l’an passé. En 2019, 353.000 nouveaux contrats d’apprentissage avaient été signés, portant le nombre d’apprentis en France à 485.800, soit une hausse historique de 16% en un an. Mais si la filière attire de plus en plus de jeunes chaque année, la crise sanitaire pourrait bien changer la donne. 

Conséquence de l’épidémie du coronavirus, et du confinement mis en place pour lutter contre elle : beaucoup de contrats en cours vont s’interrompre, les entreprises étant confrontées à des difficultés financières qu’elles n’avaient pas prévues. C’est le cas chez Drouet Bâtiment, en région parisienne. 

Depuis qu’elle existe, cette entreprise de BTP s’est toujours beaucoup investie dans la formation des jeunes. Près de 10% des effectifs sont des apprentis. Mais à cause de la crise, deux des neufs contrats d’apprentissage vont être rompus. Depuis trois mois, le chiffre d’affaires cumulé a été divisé par deux chaque mois. Impossible dans ces conditions de garder tout le monde, souligne le patron Stéphane Drouet. "Ce qui pourrait nous aider ce sont des allègements des charges mensuelles, que le coût de l’apprentissage soit moins élevé qu’il ne l’est aujourd’hui", déclare-t-il, alors que l’exécutif doit présenter jeudi 4 juin des mesures de soutien. 

Moins d'embauches

Autre conséquence de la crise sanitaire, outre l’annulation des contrats en cours : la diminution des embauches, surtout dans des secteurs comme l’hôtellerie ou la restauration, traditionnellement recruteurs importants, mais eux-mêmes fortement touchés par la crise. Au CFA Médéric, dans le 17e arrondissement de Paris, les cours ont repris avec le déconfinement, marqués par l’incertitude : "Ça va être compliqué, il y aura moins de patrons qui voudront embaucher ou prendre des stagiaires" anticipe Alfousseny Coulibaly, apprenti en CAP cuisine.

Effectivement les mails de désistement se multiplient ces derniers jours. Certaines entreprises, y compris des partenaires habituels du centre de formation, ne veulent plus accueillir de nouveaux alternants. L’école se retrouve contrainte de faire ce qu’elle n’avait jamais eu besoin de faire jusqu’à présent : démarcher des établissements. 

Sur les 700 élèves du CFA, 400 doivent encore trouver une alternance d’ici septembre. Les CFA demandent une aide financière pour pouvoir prendre en charge tous ceux qui n’auront rien trouvé à la rentrée.

"Pour moi c'est une très haute priorité l'apprentissage", assurait Muriel Pénicaud il y a quelques jours sur BFM Business. "Un pays qui n'investit plus sur les jeunes c'est un pays qui n'a pas d'avenir. Mon message aux entreprises c'est 'on vous a aidé, aidez le pays en formant des jeunes'", déclarait aussi la ministre du Travail. 


La rédaction de TF1info

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