CASSE-TÊTE - Si l'Etat prend à sa charge 84% du salaire des personnes placées en chômage partiel, ce n'est pas le cas des congés payés qu'elles continuent de cumuler en cette période sanitaire. Un dispositif qui inquiète les restaurateurs et les hôteliers.
Si les patrons de restaurant et les hôtels tentent tant bien que mal de faire tourner leur activité en cette période de confinement, il y a bien une chose qui continue de le faire, le compteur des congés payés. Pour rappel : chaque salarié a droit à un congé de 2,5 jours ouvrables par mois de travail.
Bien qu'une très grande majorité des salariés du secteur, l'un des plus touchés par la pandémie, sont placés en chômage partiel, ces périodes d'activité réduite sont intégralement prises en compte dans le calcul de la durée des congés payés depuis un accord trouvé entre les partenaires sociaux en 2012, et comme le prévoit l'article R5122-11 du Code du Travail. Autant dire que les congés cumulés par les employés de restaurant, de brasserie et d'hôtel ne cessent d'augmenter à mesure que la crise sanitaire perdure.
Un coût évalué entre 150-300 millions d'euros pour la profession
Une charge venant s'ajouter à la baisse drastique de l'activité économique des entreprises de l'hôtellerie et de la restauration, et qui est loin d'être anecdotique : le paiement de ces congés, qui ne sont pas pris en charge par l'Etat, s'élèverait à entre 150 et 300 millions d'euros sur l'année 2020 pour l'ensemble de la profession, selon différentes évaluations rapportées par Le Parisien.
Pour les employeurs, c'est une double crainte : celle de devoir régler un coût supplémentaire et de ne pas pouvoir compter sur leurs effectifs lors de la reprise de l'activité, plus que jamais attendue mais qui risque bien de ne pas survenir avant au moins plusieurs semaines à en croire une information du Point.
Des discussions entre l'Etat et les partenaires sociaux
Une équation ô combien complexe pour Elisabeth Borne. La ministre du Travail, interrogée début novembre sur Europe 1, avait indiqué qu'elle allait proposer aux partenaires sociaux une réouverture des discussions autour de la prise en charge de ces congés payés, "et je n'ai pas de doute que l'on trouvera une solution".
"J'entends certains restaurateurs qui sont inquiets, qui se disent qu'au moment où leur activité va repartir, peut-être que des salariés voudront poser des congés. Je crois aussi que les salariés qui ont été pendant plusieurs mois en activité partielle auront aussi à cœur de reprendre le travail", se persuadait la ministre au micro de nos confrères.
La principale fédération demande leur prise en charge par l'Etat
Elisabeth Borne se garde toutefois de proposer en l'état un total remboursement de l'Etat pour les congés payés de ce secteur gravement atteint par la crise sanitaire, qui vient limiter les déplacements et les interactions sociales.
C'est pourtant l'une des revendications de l'UMIH, l'Union des métiers et des Industries de l'Hôtellerie, qui appelle par la même occasion l'Etat à prolonger le dispositif de couverture de l'activité partielle et ce, au-delà du 31 décembre prochain.