MARIAGE - Les constructeurs ferroviaires allemand et français ont annoncé mardi la signature "d'un protocole d'accord". Un mariage qui inquiète les salariés du groupe français et fait bondir l'opposition.
Ensemble, ils deviennent le numéro 2 mondial du ferroviaire. Le français Alstom et l'allemand Siemens ont scellé l'alliance de leurs activités ferroviaires mardi 26 septembre. Ce mariage va donner naissance à "Siemens Alstom", numéro deux mondial - en volume - pour le matériel ferroviaire roulant et au numéro un pour la signalisation.
Le consortium allemand apportera ses activités ferroviaires et recevra en échange la moitié du capital d'Alstom. Le nouveau groupe sera coté à la Bourse de Paris et son siège sera basé en région parisienne, selon un communiqué commun d'Alstom et Siemens publié mardi soir, à l'issue des conseils d'administration et de surveillance des deux groupes. L'actuel PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, restera à la tête du nouveau groupe, dont le conseil d'administration sera composé de 6 administrateurs désignés par Siemens, 4 administrateurs indépendants et le PDG.
L'État français absent du nouveau groupe
L'Etat français, en revanche, n'y siégera pas. Il est actuellement actionnaire d'Alstom via des actions prêtées par Bouygues et, dans ce communiqué, "confirme mettre fin au prêt de titres (...) et n'exercera pas les options d'achat". Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, "se réjouit de l'intérêt de cette opération tant du point de vue industriel qu'en termes de préservation de l'emploi". Un enthousiasme qui n'est pas partagé par les syndicats. En effet, la perte du contrôle d'un fleuron de l'industrie française suscite en de nombreuses craintes
Quel avenir pour les emplois français ?
"Les garanties, c'est vite changé", a réagi Daniel Dreger, de la CGT (deuxième syndicat chez Alstom). Ce rapprochement est à la fois "une nécessité" pour lutter contre la concurrence chinoise de l'ogre CRRC, mais il "inquiète" car "il y aura de la casse sociale à moyen terme", estime la CFE-CGC d'Alstom, premier syndicat du groupe. L'usine de Belfort craint pour ses emplois, l'accord prévoyant que Siemens puisse monter au-delà de 50,5% du capital au bout de quatre ans. Selon Bercy, Siemens s'est d'ailleurs engagé sur "la préservation des emplois et des sites industriels français". Pendant quatre ans.
Une alliance dénoncée par l'opposition
Dans l'opposition, on fustige cet accord très politique, alors qu'Emmanuel Macron montre depuis son élection une volonté de rapprochement avec l'Allemagne. "C'est l'Allemagne qui rachète la France et Monsieur Macron nous brade", a réagi Laurent Wauquiez, vice-président de LR. "Ne nous racontons pas d'histoire : c'est Alstom qui sera avalé par Siemens", a lâché Xavier Bertrand dans une interview aux Échos. Le parti de la France insoumise a quant à lui dénoncé dans un communiqué "la vente à la découpe d’un fleuron industriel français".