Après avoir perdu un gros client, le patron des lingeries Indiscrète, ex-Aubade, se suicide dans les locaux de son entreprise

Publié le 11 août 2018 à 15h32
Après avoir perdu un gros client, le patron des lingeries Indiscrète, ex-Aubade, se suicide dans les locaux de son entreprise
Source : AFP

CARNET NOIR - Didier Degrand, président de la société de lingerie Indiscrète, lancée dans la Vienne en 2010 par d'anciens cadres d'Aubade, s'est suicidé ce jeudi sur son lieu de travail, alors que l'entreprise est en redressement judiciaire.

Il y a 8 ans, l'heure était à la joie, au soulagement. A l'espoir. Didier Degrand, ancien salarié d'Aubade, entreprise de lingerie en difficulté, avait réussi, avec d'autres salariés de la société, à redonner un second souffle à l'aventure, en créant une nouvelle entreprise de lingerie, Indiscrète. Mais en quelques années, le vent a tourné. Et l'aventure se termine de manière dramatique. Didier Degrand, devenu patron de la société de lingerie Indiscrète, s’est suicidé jeudi 9 août sur son lieu de travail. L'entreprise, en difficulté financière, était en redressement judiciaire depuis le 24 juillet.

Le patron, âgé de 55 ans, s'est donné la mort dans les locaux de la société, à Chauvigny, dans la Vienne. C’est sa femme, alertée par une lettre de son mari à son domicile dévoilant ses intentions suicidaires, qui a alerté les forces de l’ordre, qui ont retrouvé le corps sans vie dans l’usine. Les salariés étaient en vacances.

L'entreprise fragilisée par la faillite d'un commanditaire

Depuis fin juillet, l'entreprise traversait une bien mauvaise passe. Le tribunal de commerce de Poitiers lui avait donné six mois pour trouver une solution, en raison d'un déficit de 200.000 euros. En cause, notamment, la mise en liquidation d'un donneur d'ordre, qui avait cessé son activité en laissant une ardoise d’impayés d’environ 40.000 euros depuis un an et une commande de 50.000 euros annoncée mais non honorée. Autant de faits qui ont contribué à fragiliser sérieusement l’entreprise Indiscrète, qui avait repris une vingtaine de salariés licenciés de l'usine historique d'Aubade, à Saint-Savin dans la Vienne. 

Fin juillet, Didier Degrand annonçait environ un salarié sur cinq travaillaient pour ce donneur d’ordre, qui a fermé boutique. Les conséquences étaient donc importantes aussi, en terme de ressources humaines pour le fabricant de lingerie. "Les dirigeants devaient se résoudre à licencier du personnel", précisent Les Echos. "Ce que ne supportait pas Didier Degrand", selon des témoignages proches de l'enquête. Le travail devait reprendre la semaine prochaine, indique encore le journal économique. 

Une société Made in France qui peine à s'installer

Le concept d'Indiscrète est la fabrication de lingerie fine, haut de gamme, adaptée à toutes les silhouettes. Les produits sont réalisés à la commande et exclusivement distribués lors de présentations privées à domicile. En 2010,  l'heure était pourtant aux réjouissances : la petite société, labellisée Made in France, voulait faire revivre l’ancienne entreprise Aubade, rachetée par la marque suisse Calida en 2005, et qui comptait alors 472 employés en France. Les différents plans sociaux, en 2007 puis 2009, n'avaient laissé à Aubade Saint-Savin, l'usine historique, qu'une trentaine de personnes. 

Didier Degrand, ancien directeur de production d'Aubade, aidé de deux anciennes salariés d'Aubade, Christelle Bois et Béatrice Mongella, avaient décidé de faire valoir leur savoir-faire en créant Indiscrète. Et avaient réemployé une vingtaine de salariés d'Aubade. Didier Degrand ne cachait pas son émotion : "L'histoire est magnifique ! On est en train de réaliser ce que nous avons écrit sur le papier. En chiffre d'affaires, en création d'emplois et en volume", racontait-il en 2013 à l'AFP. "Notre prime de licenciement et nos économies sont passées dans cette création au capital de 195.000 euros. On a été beaucoup aidés par les banques locales mais également la région Poitou-Charentes et le Conseil général de la Vienne", expliquait encore le directeur. Mais la nouvelle société peinait à garder un carnet de commande régulier, avec des commandes suffisantes pour vivre. 


La rédaction de TF1info

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