INQUIÉTUDE - En Ardèche et dans la Drôme, 95% des abricots ont été détruits par cette semaine de gel, l'une des pires des dernières décennies. Si Jean Castex a promis de leur venir en aide, les agriculteurs se demandent s'ils auront des fruits à vendre cet été et à quel prix.
Cela fait trois jours qu'il arpente, le cœur lourd, ses 10 hectares d'abricotiers. Arboriculteur en Ardèche, Olivier Fraisse, est dépité. En une semaine tous ses fruits sont morts. Dans son département, 95% des abricots ont été détruits par cette semaine de gel qui s'annonce comme l'une des plus dévastateurs de ces dernières décennies. Idem dans la Drôme. Une véritable catastrophe pour cette région qui produit la moitié des abricots de l'hexagone.
État, région, département, "tout le monde devra mettre la main à la poche, si on veut pouvoir redémarrer l'année prochaine", lâche avec amertume l'arboriculteur.
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Katia Sabatier-Jeune, présidente de la coopérative Lorifruit dans la Drôme s'inquiète, elle, de l'avenir des travailleurs dans le département, où l'arboriculture embauche "35.000 saisonniers." Abricots, kiwis, pêches, cerises, "tous les fruits sont touchés par cet épisode de gel", avec une répercussion évidente sur la main d'œuvre supposée les emballer cet été. Normalement, 250 saisonniers devaient être embauchés cet été. Ils seront, au mieux, moitié moins nombreux.
Les prix ça va être terrible, je pense que ça va être très cher
Gérard Gaydon
Le Premier ministre Jean Castex s'est rendu en Ardèche ce samedi pour constater l'ampleur des dégâts. "Dix régions touchées, des centaines d'exploitations touchées... j'ai tenu à manifester par ma présence ici la solidarité du pays face à cette situation exceptionnelle." Le gouvernement compte "utiliser tous les moyens dont nous disposons en pareille circonstance, notamment par rapport aux charges", et va "réunir les banquiers, les assureurs et l'ensemble des acteurs qui vont pouvoir être mobilisés" pour répondre à cette crise.
Le président de la République a également témoigné, ce samedi après-midi, son soutien "plein et entier dans ce combat" aux agriculteurs.
À vous, agriculteurs qui, partout en France, avez lutté sans relâche, nuit après nuit, pour protéger les fruits de votre travail, je veux vous dire notre soutien plein et entier dans ce combat. Tenez bon ! Nous sommes à vos côtés et le resterons. pic.twitter.com/uaW9TmPxYh — Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 10, 2021
Des abricots grecs ?
L'autre conséquence se mesurera sur les marchés, avec une probable flambée des prix. "Les prix, ça va être terrible, je pense que ça va être très cher", redoute Gérard Gaydon, vendeur de fruits et légumes dans plusieurs marchés de la région. L'abricot français pourrait selon lui passer de 4 à 7 euros le kilo.
Prévoyant, il envisage déjà d'importer des abricots d'autres pays européens. Mais ceux-ci ne viendront même pas des régions frontalières, l'Espagne comme l'Italie ayant, elles aussi, été touchées par des épisodes météorologiques similaires. Ils viendront de Grèce. "Comme on 2003, nous aurons des produits grecs, mais je n'imagine pas la tête des clients cet été quand on leur dira que l'abricot n'est pas d'ici", déplore Gérard Gaydon.
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Devant l’urgence climatique, la crise démocratique, une société aux inégalités croissantes, certains ont décidé de ne pas rester les bras croisés, ils ont un coup d’avance, l’audace de croire qu’ils peuvent apporter leur pierre à l’édifice. Ils sont ce que l’on appelle des Changemakers.