Réchauffement de l’atmosphère, catastrophes naturelles, montée des eaux, méthane... le Giec sonne l'alerte

ML (avec AFP)
Publié le 9 août 2021 à 11h46, mis à jour le 10 août 2021 à 10h43

Source : JT 20h Semaine

URGENCE CLIMATIQUE - Le Giec publie ce lundi matin la première partie d’un nouveau rapport sur l’état du climat, sept ans après son dernier état des lieux. Tour d’horizon de ses principales mises en garde.

Le climat se dégrade plus vite qu’on le craignait et seule l’humanité en est responsable : c’est le bilan dressé par le nouveau rapport du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l'ONU (Giec), dévoilé ce lundi 9 août. 

C’est la première évaluation complète de la science climatique depuis 2014, réalisée par plus de 230 scientifiques de 66 nationalités en se basant sur 14.000 études publiées. Ce nouvel état des lieux, publié sept ans après le précédent, était très attendu, à trois mois de la COP26 prévue en novembre à Glasgow en Écosse.

Ce rapport d'évaluation passe en revue cinq scénarios d'émissions de gaz à effet de serre, du plus optimiste à l'hypothèse du pire.

Le climat se réchauffe plus vite que prévu : le seuil de +1,5°C atteint autour de 2030

Dans tous les scénarios envisagés - du plus optimiste ou plus pessimiste -, la température mondiale devrait atteindre +1,5°C ou +1,6°C par rapport à l'ère pré-industrielle autour de 2030. Soit dix ans plus tôt que la précédente estimation du Giec il y a trois ans.

Et si ces émissions ne sont pas drastiquement réduites, les +2°C seront dépassés au cours du siècle. Ce qui signerait l'échec de l'Accord de Paris et son objectif de limiter le réchauffement "bien en-deçà" de +2°C, si possible +1,5°C. 

Toutefois, dans l'hypothèse la plus ambitieuse, en coupant drastiquement les émissions et en absorbant plus de CO2 qu'on en émet, la température pourrait revenir à 1,4°C d'ici 2100. Les techniques permettant de récupérer le CO2 dans l'atmosphère à large échelle sont toujours à l'état de recherche, note le Giec.

Océans, terres, atmosphère, toute la planète se réchauffe, mais certaines zones plus vite que d'autres : en Arctique par exemple, la température moyenne des jours les plus froids devrait augmenter trois fois plus vite que le réchauffement mondial. 

Canicules, incendies, pluies diluviennes : de plus en plus d’évènements météorologiques extrêmes à prévoir

Le réchauffement climatique augure de nouveaux désastres "sans précédent" pour l'humanité, déjà frappée par des canicules et inondations en série depuis plusieurs mois : des brasiers ont ravagé l'Ouest américain, la Grèce ou la Turquie, des flots ont submergé des régions d'Allemagne ou de Chine, le thermomètre qui frôle les 50°C au Canada... La planète va subir une augmentation inédite des événements météo extrêmes comme les canicules ou les pluies diluviennes, même si le monde parvient à limiter le réchauffement à +1,5°C.

Ces événements seront sans précédent pour l'humanité en terme d'"ampleur, de "fréquence", mais aussi par rapport au moment de l'année où ils frappent ou de la zone géographique touchée, précisent les scientifiques dans un résumé technique. Les experts mettent aussi en garde contre des extrêmes groupés, comme une canicule suivie de sécheresse, des pluies suivies  d’inondations, pouvant provoquer des "impacts importants et sans précédent".

La capacité des océans et des forêts à absorber le CO2 s'affaiblit

Depuis 1960, les forêts, sols et océans ont absorbé 56% du CO2 émis dans l'atmosphère par les activités humaines. Sans cette aide de la nature, la planète serait déjà beaucoup plus chaude et inhospitalière. 

Mais ces puits de carbone, alliés cruciaux dans le combat contre le changement climatique, montrent des signes de saturation et risquent de devenir "moins efficaces". Conséquence : le pourcentage de CO2 qu'ils absorbent devrait diminuer au cours du siècle, menaçant les efforts pour limiter le réchauffement de la planète à des niveaux acceptables.

La mer monte, et c’est irréversible

Le niveau des océans a augmenté d'environ 20 cm depuis 1900, et le rythme de cette hausse a triplé ces dix dernières années à cause notamment de la fonte des calottes glaciaires. Des conséquences du réchauffement climatique d'ores et déjà  "irréversibles pour des siècles ou des millénaires", ont estimé les experts. 

En effet, même si le réchauffement est limité à +2°C, le niveau des océans pourrait gagner environ 50 cm au XXIe siècle et cette hausse pourrait atteindre près de 2 mètres d’ici à 2300 - deux fois plus qu'estimé par le Giec en 2019. Dans le scénario du pire, cette augmentation de 2 mètres du niveau de la mer pourrait même être observée dès la fin du siècle. 

C’est en Arctique que la situation serait la plus préoccupante : ce niveau pourrait gagner jusqu'à 20% de plus que la moyenne sur de nombreux littoraux.

Les activités humaines responsables du réchauffement climatique

La responsabilité de l'humanité dans le réchauffement climatique est "sans équivoque", ont martelé lundi les experts climat de l'ONU dans leur nouveau rapport, qui estime que les activités humaines ont provoqué la quasi-totalité des +1,1°C gagnés depuis le 19e siècle. 

Les humains sont "indiscutablement" responsables des dérèglements climatiques, ont-ils estimé, et n'ont d'autre choix que de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, s'ils veulent en limiter les dégâts. 

"Il est clair depuis des décennies que le système climatique de la Terre change et le rôle de l'influence humaine sur le système climatique est incontesté", a déclaré Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe d'experts ayant élaboré ce texte. Le lien a clairement été démontré entre de récentes catastrophes naturelles et le réchauffement de l’atmosphère, conséquence des activités humaines. Les scientifiques ont par exemple montré que la canicule extraordinaire au Canada en juin 2021, avec des températures frôlant les 50 °C, aurait été "presque impossible" sans le changement climatique. 

La menace grandissante du méthane

Le Giec n'avait jamais autant parlé du méthane, avec cette mise en garde: si les émissions de CH4, deuxième gaz à effet de serre le plus important après le CO2, ne sont pas réduites, cela pourrait saper les objectifs de l'Accord de Paris. 

Les concentrations de CH4 dans l'atmosphère sont à leur plus haut depuis 800.000 ans, nourries par les fuites venues de la production de gaz, les mines, le traitement des déchets et le bétail. Et ce gaz a un pouvoir de réchauffement bien plus important que le CO2, même s'il reste bien moins longtemps que lui dans l'atmosphère.

La perspective de "points de bascule", sans retour possible

Pour la première fois, le Giec souligne également "ne pas pouvoir exclure" la survenue des "points de bascule", qui entraîneraient le système climatique vers un changement dramatique et irrémédiable. Des modifications abruptes du système climatique à "faible probabilité" mais qui auraient un "impact important"

Parmi ces points de non-retour, l'effondrement des calottes glaciaires capable de faire monter la mer de dizaines de mètres, le dégel du permafrost qui renferme des volumes immenses de carbone ou encore la transformation de l'Amazonie en savane. 


ML (avec AFP)

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