Biscuits, meubles... La bière est une étonnante matière première

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Publié le 15 mars 2021 à 12h04, mis à jour le 15 mars 2021 à 12h12

Source : JT 20h WE

RECYCLAGE - Des entreprises utilisent désormais la drêche, résidu du brassage des céréales, comme matière première. Le résultat va vous surprendre.

Valentin Cavel est brasseur. Chaque mois, il produit 1000 litres de bière. Cette petite production laisse malgré tout derrière elle une tonne de résidu gorgé d'eau : la drêche. Quand Caroline Gauthier et Christophe Uliasz découvrent cette matière lors de la visite d’une brasserie, il leur vient une  idée. Ils décident de récupérer la céréale vidée de son sucre pour en faire des biscuits salés ou sucrés. "Ce n’est pas un déchet. Pour l’instant, la céréale a juste été infusée dans de l’eau chaude. Le sucre est parti et permettra de faire la bière donc la céréale est encore quasiment intacte", explique Caroline. 

Chaque jour, ces amateurs de bière qui envisagent donc la drêche comme une ressource se rendent dans la brasserie de Valentin pour récupérer la matière première de leurs produits. Après s’être servis directement dans la cuve, il faut faire vite avant que la drêche ne devienne impropre à la consommation. Elle doit en effet être utilisée de suite quand elle est encore gorgée d’eau. En quelques heures, ils fabriquent céréales, cookies ou encore crackers pour l'apéritif. La drêche représente finalement 40% de leurs biscuits.

Ils travaillent depuis deux ans sur leurs recettes et ne comptent plus les nombreux avantages de cette matière première. "C’est 70% de fibres, 20% de protéines, c’est gorgé de vitamines et en plus, c’est moins calorique qu’une céréale classique dans la mesure où tout le sucre est parti dans le processus de fabrication de la bière", affirme Christophe. Et ça marche ! Avec une quarantaine de kilos par mois, leur production remporte un joli succès. 

D’habitude, la drêche est pourtant un déchet. Valentin paie une entreprise de bio méthanisation 600 euros chaque mois pour se débarrasser de ce résidu. "La drêche, c’est un déchet qui est inhérent au fait de brasser de la bière et effectivement en ville, c’est un petit peu plus compliqué qu’en campagne pour s’en débarrasser. Historiquement, ce sont plutôt les structures d’élevage qui vont absorber les drêches pour les donner aux bovins. En ville, c’est possible mais c’est plus compliqué", explique Valentin.  

Un matériau pour faire des meubles entièrement recyclables

Caroline et Christophe ne sont pas les seuls à réutiliser cette matière première. Comme eux, Franck Grossel récupère la précieuse céréale, non pas pour de l’alimentation, mais pour en faire des meubles. "On a la possibilité de choisir son type de bière pour son tabouret. On peut avoir le tabouret de bière brune, de bière blonde ou encore de bière ambrée", nous apprend Franck. 

Après avoir reçu la drèche, il la fait sécher par une entreprise avant de la transformer lui-même en meuble. Ses tabourets sont composés à 98% de matière naturelle, les 2% restants représentent la colle. "Une assise représente deux kilogrammes de drêche", indique Franck. Le meuble est imperméable et entièrement recyclable. L’ébéniste travaille avec un partenaire spécialisé dans le moulage de particules de bois. Ici, la seule différence est la matière car la technique est la même. Le bois est simplement remplacé par la drêche. "On a mis cinq minutes pour sortir une assise. C’est la première fois qu’on la sort en si peu de temps. Le prototypage est vraiment qualitatif, on voit bien qu’au niveau des détails, on est sur quelque chose de très précis", affirme Franck. 

Le matériau est innovant, il pourrait dans certains cas remplacer le bois : "C’est la création d’une filière. C’est-à-dire que globalement aujourd’hui on ne fait que du bois moulé, c’est un nouveau matériau et donc le champ des possibles est énorme et pas forcément que dans le mobilier", assure Vincent Nassiet, gérant de l’entreprise ITA Moulding Process. Au total, il aura fallu deux ans de recherche et de développement. Ses premiers tabourets sortiront début avril de l’usine. Comptez 189 euros pour déguster une bonne bière sur ce tabouret en drêche. 

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