Euro 2016 : comment l'équipe de France peut battre Manuel Neuer

par Adrien CHANTEGRELET
Publié le 7 juillet 2016 à 10h00
Euro 2016 : comment l'équipe de France peut battre Manuel Neuer

SOLIDITE – Réputée pour son jeu attractif et spectaculaire, l’Allemagne n’en reste pas moins une sélection extrêmement solide comme l’atteste son statut de meilleure défense de l’Euro 2016 (un but encaissé). Manuel Neuer, le gardien de la Mannschaft, n’y est pas étranger et tromper la vigilance du portier allemand s’annonce particulièrement délicat ce jeudi soir en demi-finale (21 heures). Mais, avec l’aide de Christophe Lollichon, entraîneur des gardiens à Chelsea, on est parvenu à déceler des failles dans son jeu. Joueurs de l’équipe de France, prenez des notes !

Jeudi soir, l’équipe de France va s’attaquer à une montagne nommée Manuel Neuer. Le meilleur gardien du monde s’est montré irréprochable et solide, comme à son habitude, depuis le début de la compétition, en atteste ce seul but pris (sur penalty face à l’Italie) en cinq matches. Pour retrouver trace d’un but encaissé dans le jeu par l’Allemagne en compétition internationale, il faut remonter au 8 juillet 2014 et une réalisation (inutile) d’Oscar lors du mémorable Allemagne-Brésil lors de la Coupe du monde (7-1). A la lecture de cette statistique, rien de rassurant pour les Bleus avant leur demi-finale face à l'équipe championne du monde en titre. Bien sûr, résumer la solidité défensive allemande au seul Neuer serait réducteur, simpliste et malhonnête. Avec Boateng et Hummels, la Mannschaft possède dans ses rangs deux défenseurs de haut niveau, peut-être les meilleurs en Europe. Sauf que le second va manquer la demi-finale de l'Euro face à la France pour cause de suspension.

Des failles à exploiter sur coups de pied arrêtés

De quoi donner du travail supplémentaire au capitaine de l’Allemagne et offrir davantage d’occasions aux partenaires de Griezmann ? Possible. Tromper la vigilance de Manuel Neuer est une mission, pas impossible, mais particulièrement complexe. Cependant, en grattant bien, on parvient tout de même à déceler des failles dans le jeu du portier du Bayern Munich. Si, on vous assure. Parole de spécialiste. "Neuer évolue très haut dans le jeu, tel un libéro, mais je le trouve très bas dès que le ballon s’approche de sa surface et notamment sur les coups de pied arrêtés, souligne Christophe Lollichon, entraîneur des gardiens à Chelsea. Je n’arrive pas à comprendre ce paradoxe, c’est quelque chose de permanent chez lui." Pour illustrer son propos, notre témoin cite alors en exemple ce but encaissé par Neuer face à Olivier Giroud en Ligue des champions la saison dernière. Un copier-coller du cinquième but français dimanche dernier contre l’Islande inscrit par… Giroud, le joueur ayant le plus marqué de buts (4) à Neuer depuis 2012/2013. Un point essentiel sur lequel insiste Lollichon.

"Sur certains coups francs latéraux, assez lointains, il y a quelque chose à faire face à Neuer. Il y aura des espaces. Prenez le second but de Giroud face à l’Islande. C’est exactement ce type de situation que la France peut exploiter. Sur cette action, le gardien islandais se force à sortir car il est trop bas et il est en retard. S’il était, ne serait-ce qu’un mètre 50 plus haut, les Français ne marquent pas, note-t-il. Et c’est le problème que j’ai pu noter chez Neuer à plusieurs reprises et notamment en Ligue des champions : quand sa défense était en dehors de sa surface, il se trouvait cinquante centimètres devant sa ligne de but. C’est une donnée qui perdure en Allemagne ou avec le Bayern..." Et quand on connaît l'efficacité des Bleus dans le domaine aérien depuis le début de la compétition (5 buts inscrits sur 11), cela doit sûrement donner des idées à Didier Deschamps.

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Quand on demande à Christophe Lollichon si l’absence de Mats Hummels, avec qui Neuer a forgé de nombreux automatismes au cours de la compétition, est susceptible de fragiliser sa position et de donner un petit coup de pouce aux Bleus, il n’y croit guère. "Cela ne va pas changer les données du jeu allemand. Celui qui va remplacer Hummels, ce n’est pas un peintre." Cependant, lors de son unique titularisation dans le tournoi, face à l’Ukraine, Mustafi, pressenti pour remplacer Hummels, avait fait passer un gros frisson dans la défense allemande en étant tout proche de tromper de la tête son propre gardien, jamais avare en sorties... "Il est possible que la titularisation d’un nouveau défenseur puisse créer quelques petits déséquilibres par manque d’automatismes, corrige Lollichon. Il faut faire attention car Neuer a tendance à sortir très haut et le défenseur est déjà préoccupé par le ballon, l’adversaire qui va prendre la profondeur et si en plus il y a un manque de communication avec le gardien, ça peut en effet fragiliser l’aspect défensif."

"Il peut y avoir des excès de confiance dans le jeu de Neuer"

Au sortir de son Mondial 2014 exceptionnel lors duquel Neuer avait révolutionné le poste de gardien de but en participant de manière intégrante au jeu de son équipe, l’Allemand a parfois eu "tendance à surjouer", à se montrer parfois trop sûr de lui, notamment au niveau de ses relances. Et si une certaine sérénité se dégage de ses prestations, les Français devront malgré tout se montrer attentifs aux dégagements du dernier rempart de la Mannschaft et pourquoi pas profiter d'une erreur du gardien du Bayern Munich pour forcer le destin. "Il peut y avoir, parfois, je dis bien parfois, des excès de confiance et quelques maladresses dans le jeu de Neuer à l’image du dernier match, face à l’Italie, où il relance sur les pieds de l’arbitre, remarque notre observateur. Il faut être vigilant. Ne pas lui tourner le dos. On sait qu’il veut jouer court et il faut avoir la notion de la possible passe courte de Neuer pour éventuellement anticiper au dernier moment pour ensuite le mettre en difficulté." C'est tout le mal que l'on souhaite aux hommes de Deschamps.


Adrien CHANTEGRELET

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