"Luis Arconada a marqué toute une génération de gardiens"

par Antoine HUOT DE SAINT ALBIN
Publié le 17 juin 2016 à 17h02

FOOTBALL - Son nom est associé à une erreur. Pourtant, Luis Arconada était l’une des références mondiales au poste de gardien de but. Dans la lignée des Ricardo Zamora et José Angel Iribar, le portier de la Real Sociedad a marqué une époque. Avant Espagne-Turquie, retour sur la trajectoire d’un grand gardien.

27 juin 1984 au Parc des Pinces. On joue la 57e minute de la finale de l’Euro entre la France et l’Espagne. Alors que les deux équipes se tiennent tête, le sort du match va basculer sur un coup franc de Michel Platini. Excentré sur le côté gauche, le numéro 10 des Bleus loupe un peu sa frappe qui atterrit sur Luis Arconada, le portier espagnol. Sauf que le ballon file sous le ventre de l'infortuné et termine sa course dans les filets de la Roja. La France remporte le match 2-0 et devient pour la première fois championne d’Europe. La joie des Bleus contraste avec la tristesse du dernier gardien espagnol.

Figure émergente du football espagnol

"Le poste de gardien de but est cruel. Vous avez beau être énorme toute une compétition, la moindre erreur, vous la payez cash". Une erreur qui est restée dans les mémoires et occulte totalement la formidable carrière de Luis Arconada. Le natif de Saint Sébastien a pourtant marqué une époque. Arrivé à 20 ans en équipe première à la Real Sociedad, le Basque va devenir au fil des années l’une des stars du football espagnol. "Il faut se rendre compte qu’à la fin des années 1970, en Espagne, on n’avait pas forcément de grande idole. On avait eu un phénomène comme Luis Suarez juste avant et la figure de Luis Arconada a émergé", explique le journaliste José Miguel Muñoz.

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"Beaucoup d’enfants se sont identifiés à lui. Il évoluait dans une équipe modeste, où tous les joueurs étaient nés au Pays Basque. On avait eu des gardiens de la trempe de Ricardo Zamora ou José Angel Iribar, mais jamais une personne n’a autant touché les enfants", poursuit José Miguel Muñoz. Leader sur le terrain, doté d’un énorme potentiel physique, puissant sur ses jambes et avec des réflexes étonnants, Luis Arconada "pouvait voler de poteau à poteau". Dans les buts des Txuri Urdin, le jeune Arconada décolle et emmène la Real Sociedad au plus haut niveau. "Même si elle n’a pas gagné le titre, lors de la saison 1979/190, la Real est restée invaincue pendant 32 matchs de la main d’Alberto Ormaechea. Un record qui est toujours d’actualité", ajoute le journaliste.

Double champion d'Espagne avec la Real Sociedad

Après cette saison de record, la Real Sociedad va remporter deux titres de champions d’Espagne d’affilée. Arrivé en sélection en 1977, Luis Arconada devient une référence nationale et internationale. Lors de la Coupe du monde en 1982 et lors de l’Euro 1984, il montre l’étendu de son talent au monde entier. "On a oublié que si l’Espagne avait réussi à atteindre la finale de l’Euro en 84, c’était en grande partie grâce à Luis Arconada. Il a tout sorti en demi-finale face au Danemark et surtout en quarts face à la grande Allemagne composée de joueurs comme Rummenigge, Littbarsky, Völler…" Jusqu’à cette erreur fatale en finale.

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"Luis Arconada a marqué toute une génération de gardiens", assure José Miguel Muñoz. D’Iker Casillas à Andrès Palop, qui portait les chaussettes blanches comme lui, tous évoquent le dernier rempart basque comme modèle. L’ancien gardien du FC Séville a même tenu à rendre un hommage singulier à celui que le football espagnol avait oublié et vilipendé. En 2008, au moment de la victoire de la Roja lors de l’Euro, le portier andalou revêt le maillot d’Arconada, prêté par José Miguel Muñoz, lors de la remise du trophée. Aujourd’hui loin du football, Luis Arconada, 61 ans, se consacre à son poste au sein de la CAF (Construction et Auxiliaires de Trains). Bien loin des polémiques.


José Miguel Muñoz (à gauche) avec Luis Arconada et le maillot porté par Andrès Palop lors de la victoire de la Roja en 2008.
José Miguel Muñoz (à gauche) avec Luis Arconada et le maillot porté par Andrès Palop lors de la victoire de la Roja en 2008. - DR

Antoine HUOT DE SAINT ALBIN

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