Réservé, taiseux ? Pas tant que ça... quel capitaine est vraiment Hugo Lloris ?

Publié le 26 juin 2016 à 10h00
Réservé, taiseux ? Pas tant que ça... quel capitaine est vraiment Hugo Lloris ?

EQUIPE DE FRANCE – Ce dimanche, dans la ville de Lyon qui a fait de lui un gardien international, Hugo Lloris battra le record historique du nombre de capitanats chez les Bleus, à l’occasion du 8e de finale de l’Euro 2016 entre la France et l’Irlande. Une drôle de récompense pour celui que beaucoup voient comme un capitaine par défaut, beaucoup trop timide pour occuper cette fonction. Comment l’occupe-t-il, d’ailleurs ? Et le fait-il différemment aujourd’hui ? Metronews a interrogé plusieurs témoins privilégiés.

Le poncif dit que le groupe France qui dispute actuellement l’Euro 2016 compte 23 leaders. Lors de l’entretien exclusif qu’il nous avait accordé juste avant le début du tournoi, Patrice Evra nous l’avait ressorti. Mais il avait suffi d’insister un peu pour qu’il lâche cet aveu : "Bon, d’accord, c'est vrai qu'il n’y a que moi qui parle." C’est de notoriété publique, l’arrière gauche est le capitaine officieux des Bleus. Il n'empêche : le capitaine officiel, lui, deviendra ce dimanche, en 8e de finale face à l’Irlande, le joueur qui aura le plus porté le brassard dans toute l’histoire de l’équipe de France (55 fois depuis novembre 2010). L’occasion de s’interroger sur la façon dont le mutique Hugo Lloris assume ce rôle.

"Ce record reste anecdotique, même si c’est plaisant, a esquivé l’intéressé samedi, lors d’une conférence de presse de veille de match qui a encore semblé l’accabler. Ce qui m’importe, c’est d’aller loin dans le tournoi avec mes partenaires. Je n’ai pas envie de me comparer à Michel Platini ou à Didier Deschamps. Le football évolue. Le capitanat aussi. Pour moi, seul le rectangle vert compte. Si vous voulez savoir quel capitaine je suis, demandez-le plutôt à mes coéquipiers ou au sélectionneur."

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On l’avait déjà demandé lundi dernier, à Clairefontaine, à Yohan Cabaye, très proche du gardien de Tottenham. "Déjà, c’est un joueur très respecté dans le groupe, s’est-il empressé de souligner, comme s’il y avait un doute. C’est un capitaine qui va seulement parler quand il le faut. Il hausse même la voix quand il en ressent le besoin. Surtout, il montre l’exemple sur le terrain, par sa détermination. En dehors, c’est quelqu’un de plaisant, toujours soucieux de ses coéquipiers. Je suis très heureux pour lui, qu’il batte ce record."

"Mais il ne l’a pas encore battu. Je peux lui retirer le brassard pour ce match, a ricané Didier Deschamps quand metronews lui a posé une question à ce sujet, samedi. Le capitaine des champions du monde 1998 détiendra ce record jusqu’au coup d’envoi du 8e de finale de ce dimanche. Plus sérieusement, il a ensuite répondu : "Hugo a la légitimité. Il est reconnu par tout le groupe. Quand il parle, il sait se faire entendre. Il était déjà capitaine avant que j’arrive. Il l’est aussi en club. Avec le temps, il a pris plus d’assurance dans cette fonction. Il assume ses responsabilités mais elles ne lui pèsent pas. Ça se fait naturellement. En répétant les matchs, il a gagné en maturité. Et c’est forcément mieux."

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Ce qu’on avait d’ailleurs remarqué nous-mêmes, à force de suivre les Bleus : les traits de Lloris sont plus marqués, son regard plus ferme, son ton plus détendu. Le portier, qui aurait poussé quelques gueulantes à la mi-temps des deux premiers matchs de l'Euro, ne s’interdit même plus quelques blagounettes en zone mixte, au sujet du sandwich que mange le responsable presse derrière lui, ou à propos de la passe décisive d’Adil Rami face à l’Albanie. Mais rien de comparable avec les sorties pleines d’assurance d’un Patrice Evra. "Être un vrai leader, ça n’a rien à voir avec le fait d’aboyer ou de parler dans la presse, nuançait toutefois celui-ci lors de notre interview. Pour moi, un leader c’est quelqu’un qui construit 22 leaders autour de lui, qui bonifie les autres."

Une description qui sied à Hugo Lloris, selon Grégory Coupet, son prédécesseur dans les cages de l’OL et de l’équipe de France, sollicité par metronews. "On peut être capitaine sans beaucoup parler, a-t-il affirmé. Les performances d’Hugo suffisent à lui donner une autorité naturelle. Il montre l’exemple, aussi, par son sérieux à l’entraînement, son assiduité dans l’écoute. Il est avant tout le lien entre le sélectionneur et le groupe. Leur relation doit vraiment très bien aller à Didier Deschamps, parce qu’Hugo apaise les gens autour de lui. Moi, j’ai connu ça avec Paul Le Guen et je peux vous dire que c’est hyper important de rassurer sur et en dehors du terrain, en ne lâchant pas de grosses déclarations. Ça amène beaucoup de sérénité à un groupe, et à un staff... Il ne faut surtout pas qu’il force sa nature. S’il jouait un autre rôle, ça ne lui irait pas. Lui sait bien se protéger et protéger le groupe. Il a un côté plus cérébral que la moyenne." C’est là le plus grand point commun qu’il partage avec les capitaines historiques auxquels il refuse de se comparer.

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La rédaction de TF1info

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