Plongée avec les requins : le business du grand frisson au Mexique

V.F
Publié le 4 octobre 2021 à 16h40
Plongée avec les requins : le business du grand frisson au Mexique

PRÉDATEUR – Au large de Playa del Carmen au Mexique, les requins pullulent. Mais c'est une bénédiction pour les habitants qui en tirent un business très lucratif auprès des touristes. L'émission de TF1 "Sept à Huit" s'est rendue sur place.

Vous êtes en quête d’adrénaline ? Direction Playa Del Carmen, au Mexique. C'est en effet l'un des rares endroits au monde où l'homme peut nager avec un prédateur aussi redouté que le requin bouledogue. Une aubaine pour les 600 locaux qui vivent de ce business de la plongée extrême, parfois controversé. L'émission "Sept à Huit" est allée à leur rencontre. 

Parmi eux, Stephan, un Français originaire du Val-d’Oise, qui dirige un club de plongée dans cette station balnéaire huppée du Yucatan. De novembre à mars, tous les jours, il attire des touristes du monde entier en quête de sensations fortes. Comme Céline, 44 ans, qui vient de Lausanne. "J'adore les requins. J'ai plongé en Égypte, aux Maldives, j'ai l'habitude de voir des requins, j'adore ça. Je trouve ça tellement impressionnant", dit-elle dans la vidéo en tête de cet article. 

Mais avant de mettre les pieds dans l'eau, place au briefing au cours de laquelle les plongeurs doivent signer une décharge qui dégage le club de toute responsabilité. Et pour minimiser les risques, ils doivent respecter un protocole de sécurité. "Si vous avez un appareil photo, ne laissez pas vos bras tendus, mais toujours à proximité du corps, pas de flash, pas de lumière", prévient le moniteur, avant d'ajouter : "N'oubliez pas que ce sont nous les invités. C’est nous qui allons les voir. C'est leur milieu", explique-t-il.

Des plongeurs aguerris

Pas besoin d'aller bien loin pour s'offrir le grand frisson. Au large de Playa Del Carmen, les squales rodent à seulement 200 mètres des côtes. Dans cette partie de la mer des Caraïbes, on trouve une vingtaine d'espèces de requins, dont certains sont en voie d'extinction et donc protégés, comme le requin baleine, totalement inoffensif, qui peut mesurer jusqu'à 17 mètres de long. On peut croiser aussi le requin marteau ou l'énorme tigre, reconnaissable à sa peau zébrée. Mais celui qui attire tous les regards - car après le grand blanc, c’est le plus redouté de la planète - est bien le requin bouledogue. Il a d'ailleurs fait la une de l'actualité en France après plusieurs attaques mortelles sur l'île de La Réunion. 

C'est pour plonger aux côtés de cette terreur des mers que Céline, la Suissesse, a parcouru 8000 kilomètres. "J'espère qu'on va en voir beaucoup, et peut-être des petits. C'est joli aussi", s'impatiente-t-elle. L'expérience coûte 75 euros par personne, mais seuls les plongeurs aguerris peuvent s'inscrire. Et après 25 mètres de descente, sur le sable blanc, apparait un premier squale. Stephan propose aux plongeurs de le suivre car, selon lui, ils ne courent aucun risque. En effet, de nature timide, ce poisson majestueux, mesurant entre deux et trois mètres, ne s'attaque pas aux plongeurs dans ces eaux claires à la visibilité excellente. Car il ne les confond pas avec son menu habituel : une tortue ou un autre poisson. 

De retour sur le bateau, les sourires sont de mises parmi les plongeurs. "C'était génial !", lance Céline. "Ils sont passés tout près. Il y en avait plusieurs, je ne sais pas combien", poursuit-elle. Mission accomplie pour Stephan, qui en 14 ans d'activité n'a jamais eu à déplorer le moindre accident. "Notre rôle, c'est de montrer que c'est un poisson comme un autre. Bien sûr, il y a des attaques, mais il ne faut pas en avoir peur plus que ça", admet-il.

2 millions d'euros de chiffres d'affaires

A Playa Del Carmen, tout un business s'est construit autour des requins. En ville, pas moins de 80 clubs proposent ce type de plongées. Une activité qui génère chaque année deux millions d'euros de chiffres d’affaires. Et si cette station balnéaire est devenue un lieu incontournable pour les amateurs de squale, c'est un peu grâce à Chino, un Mexicain de 52 ans, passionné de plongée depuis sa plus tendre enfance. "Ma première plongée, j'avais huit ans. Mon père était prof de plongée. Quand j'ai vu un requin sous l'eau, il était tellement beau que je suis tombé tout de suite amoureux", raconte-t-il. En 1995, il décide donc d'ouvrir son propre club et il est le premier à proposer aux touristes d'aller plonger avec les requins bouledogue. 

Mais pour être sûr d'en croiser à chaque fois, il utilise une technique bien personnelle : il nourrit les squales pour les faire venir au plus près des touristes. Chaque plongée nécessite 10 kg de poissons. Une pratique controversée accusée de perturber les habitudes alimentaires des requins. Chino sort en mer deux fois par jours, 7 jours sur 7 pendant la haute saison emmenant avec lui jusqu'à 12 plongeurs. Prix du grand frisson : 150 euros par personne. Le Mexicain a plus de 2000 sorties au compteur et pour éviter les blessures lorsqu'il donne à manger aux requins, il a trouvé la parade : une combinaison en cotte de maille. "C'est en acier inoxydable, ça nous protège si le requin nous mord. Vous sentez juste la pression, mais sans blessure", explique-t-il. À l'arrivée, les touristes sont ravis : "Merveilleux, incroyable", se réjouit une jeune femme. "Ces animaux supposés être si dangereux, en fait, c'est un peu comme des toutous. Si vous les respectez, ils vous respectent", ajoute-t-elle. 

De retour au club, Chino se défend d'exploiter ces animaux pour le simple plaisir de touristes en mal de sensations fortes. "J'entends ça tout le temps, des gens qui critiquent. Chacun a le droit de penser ce qu'il veut. Mais grâce à cette pratique, on peut faire plein de choses comme des études. C'est rare de pouvoir les étudier quand ils sont en vie. D’habitude, on les étudie une fois morts et là, on a l'opportunité d'apprendre des choses sur eux sans les tuer", se défend-il. Preuve en est, sa participation active à un programme de marquage, des balises GPS qu'il insère sous la peau des squales. Des opérations qui ont lieu pendant les sorties avec les clients. "Cela va nous donner des informations importantes pour leur protection", conclut-il. En cinq ans, Chino a tagué 40 requins. Ces sondes lèveront peut-être le mystère sur la vie de ces géants des mers.


V.F

Tout
TF1 Info