Agressions sexuelles sur mineurs : deux ans ferme pour l'ancien directeur d'école

Publié le 4 février 2016 à 21h51
Agressions sexuelles sur mineurs : deux ans ferme pour l'ancien directeur d'école

PROCES – Le tribunal correctionnel de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) a condamné ce jeudi l'ancien instituteur et directeur d'école Ludovic D. 32 ans à cinq ans de prison dont trois ans avec sursis Ce dernier, suspendu en 2013, était accusé par onze garçons d'agressions sexuelles commises entre 2008 et 2013 sur les communes de Saint Broladre, Meillac, Combourg et Saint Méloir-des-Ondes.

Par "peur" ou par "honte", tenus au "secret" par leur instituteur... Pendant des années, les petits garçons ont gardé le silence. Il aura fallu attendre le témoignage de Thomas* en février 2013 pour que l'affaire éclate au grand jour. Trois ans après ces dénonciations, Ludovic D., ancien professeur et directeur des écoles, était jugé ce jeudi par le tribunal correctionnel de Saint-Malo pour agressions sexuelles commises entre 2008 et 2013 sur onze enfants de sexe masculin alors âgés de 6 à 8 ans.

Après une heure de délibéré, le prévenu, qui encourait pour ces faits jusqu'à dix ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende, a été condamné à cinq ans de prison dont trois ans avec sursis. Le tribunal l'a également condamné à un suivi socio-judiciaire pendant 10 ans ainsi qu'une obligation de soin, l'interdiction de rentrer en contact avec les victimes et leurs parents, l'interdiction de toute activité professionnelle, associative ou bénévole avec des enfants et deux ans de prison si le suivi socio-judiciaire n'était pas respecté. Ludovic D. sera également inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles. Le délibéré civil sera rendu le 3 mars 2016.

Considérant la "dangerosité avérée de Ludovic D." et le "nouveau risque de passage à l'acte évident", "regrettant" que le prévenu n'ait pas eu le "courage de reconnaître les faits", la procureur Christelle Chenu avait requis cinq ans de prison dont deux ans avec sursis avec mandat de dépôt.

"Déni", "Mensonges" et "chuchotements"

Sur les onze accusations, Ludovic D. a reconnu trois faits commis sur Thomas, Thibault et Elliott. Le prévenu, suspendu de ses fonctions en 2013, n'a pas pu expliquer véritablement ses actes. "Homosexuel mais pas pédophile" selon ses déclarations à la barre, Ludovic D. confesse avoir eu des "gestes déplacés" en référence à ses mains sur et dans les pantalons des petits garçons et au fait qu'il prenait les enfants "sur ses genoux".

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"Monsieur D. nie. Quand il ne nie pas, il ne sait pas. Il accuse les enfants de mentir, il minimise les faits. Il nie son attirance évidente pour les enfants et disqualifie les agressions sexuelles en 'gestes déplacés'! a dénoncé Me Larzul, avocat des parents de Thibault au cours de sa plaidoirie. Pour les enfants et les parents, Monsieur D. était un professeur, donc un adulte de référence. En réalité, c'était un véritable prédateur sexuel. D'autant que les faits se sont déroulés en pleine classe et pendant les heures de cours !" L'avocat a dénoncé "les ravages" faits par ce professeur sur les enfants et les "dommages pour le métier d'instituteur". "Il a sali sa profession. Et il a sali les homosexuels. La seule justification qu'il a faite de ces actes était de dire qu'il avait fait ça à cause du mal-être dû à son homosexualité ! Non Monsieur, les homosexuels ne sont pas tous des pédophiles !"

Me Jeannesson, qui défend les parents d'une dizaine de victimes, a rejoint les éléments mis en avant au cours de la plaidoirie de son confrère. Celle-ci a par ailleurs insisté sur les traumatismes conséquents à ces gestes chez les enfants, traumatismes encore vécus aujourd'hui. "Vomissements", "nausées", "cauchemars", "verrues", "angoisses", "eczéma" et même "tentative de suicide" pour une des victimes... La liste est longue.

"Pas capable d'ajouter quelque chose"

Me Gosselin, avocate de Ludovic D. a, elle, rappelé pendant sa plaidoirie que son client avait reconnu trois faits sur les onze qui lui étaient reprochés. Pendant sa garde à vue, le professeur avait en effet admis avoir agressé sexuellement Thomas, Thibault et Elliott. Il a toujours contesté les huit autres agressions ainsi que les fellations. L'avocate de la défense avait demandé la relaxe pour les autres faits, estimant dans le même temps que les réquisitions du parquet étaient "extrêmement sévères", ce, en faisant allusion notamment au mandat de dépôt requis par le parquet.

Invité à prendre la parole à 21h20 avant le délibéré, Ludovic D. n'a pas souhaité s'exprimer. Ainsi, quand le président du tribunal correctionnel lui a demandé s'il avait quelque chose à ajouter, il a répondu toujours en murmurant : "Je ne m'en sens pas capable".

* Tous les prénoms des victimes ont été modifiés

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Aurélie SARROT

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