Assaut de Saint-Denis : Hasna Aitboulahcen, de cheffe d’entreprise à kamikaze présumée

Anaïs Condomines
Publié le 19 novembre 2015 à 18h39
Assaut de Saint-Denis : Hasna Aitboulahcen, de cheffe d’entreprise à kamikaze présumée

PORTRAIT – Dans la planque des terroristes visée par l’assaut du RAID, mercredi, une femme kamikaze se serait fait exploser. Selon plusieurs médias, il s’agirait de Hasna Aitboulahcen, 26 ans, à la fois entrepreneuse et fan de Hayat Boumeddienne.

De cette femme, on n’a retrouvé que des débris de corps. Vers le début de l’assaut mené par le RAID dans une planque de terroristes, mercredi au petit matin à Saint-Denis, les forces de l’ordre demandent en hurlant : "il est où ton copain ?" La réponse fuse, d'une voix enragée : "C’est pas mon copain !" Et puis, un grand bruit sourd. Elle viendrait de se faire exploser.

L’identité de cette kamikaze présumée, le Parquet de Paris n’a pas souhaité la confirmer pour le moment, précisant que l’identification de sa dépouille abîmée pouvait encore demander du temps. Mais selon le journal La Libre Belgique , celle qui serait alors la première femme à se faire exploser sur le sol français a un nom, et un visage. Il s’agirait de Hasna Aitboulahcen, 26 ans, née le 12 août 1989 à Clichy-la-Garenne dans les Hauts-de-Seine. Une hypothèse qui laisse peu de place au doute, la surveillance de cette jeune femme ayant achevé de convaincre les enquêteurs qu’Abdelhamid Abaaoud, l’instigateur présumé des attentats de Paris, se trouvait bel et bien dans cette planque.

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A la tête d'une entreprise

Selon une source officielle marocaine citée par la presse belge, Hasna Aitboulahcen partagerait même un lien de parenté avec celui qui fut un temps l’ennemi n°1, tué mercredi matin dans l’assaut du RAID. C’est en tout cas en tant que cousine d’Abdelhamid Abaaoud que la jeune femme se présentait au cours de conversations téléphoniques interceptées, même s’il ne pourrait s’agir que d’un qualificatif affectueux.

Domiciliée chez sa mère à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Hasna Aitboulahcen aurait été entrepreneuse, dans une autre vie. Une rapide recherche sur internet permet en effet de retrouver sa trace à la tête d’une entreprise de BTP et construction, à partir de mai 2013. Localisée à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), l’affaire, Beko construction, semble avoir été placée en liquidation judiciaire et fermée en juin 2014.

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"Jeune femme extravertie" et "chapeaux de cow-boy"

Cette entreprise, avant d’être déclarée à Epinay, a d’abord été domiciliée à Creutzwald. Selon France Bleu , c’est dans cette tranquille commune de la Moselle (Lorraine) qu’a longtemps vécu le père de Hasna Aitboulahcen. "Depuis le mois de juillet, il est retourné vivre au Maroc mais a gardé un pied à terre à Creutzwald", témoigne le maire de la commune. Hasna, qui a grandi en région parisienne, rendait parfois visite à son père. Les voisins se souviennent d’une "femme extravertie qui portait de grands chapeaux de cow-boys et ne s’interdisait pas de fumer des cigarettes et boire de l’alcool". Son frère, interrogé par le Daily Mail , évoque une femme qui "n'était pas intéressée par la religion" et "qui n'avait pas lu le Coran".

Une description qui ne colle pas le moins du monde avec la page Facebook de la jeune femme, consultée par le journal belge DH.be avant sa suppression, et où s’étalait le profil d’une "obsédée du djihad". Hasna apparaît en photo, vêtue d’un niqab, armes de guerre à la main. Pas avare de louanges au sujet de Hayat Boumeddienne, veuve du terroriste de l’Hyper Cacher, elle prévoyait elle aussi de se rendre en Syrie. En témoigne ce commentaire laconique sur sa page : "Jver biento aller en syrie inchallah biento depart pour la turkie" (sic). Elle n’aura finalement jamais fait le voyage. Après qu'elle se serait fait exploser, un "morceau de colonne vertébrale" a atterri sur le toit des véhicules du RAID.

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