Attaque à Montrouge : "Il est irresponsable que les policiers municipaux ne soient pas tous armés"

Publié le 8 janvier 2015 à 22h05
Attaque à Montrouge : "Il est irresponsable que les policiers municipaux ne soient pas tous armés"

FAITS DIVERS - Cédric Michel, Président national du Syndicat de Défense des Policiers Municipaux (SDPM), a demandé aux policiers municipaux ce jeudi d'exercer leur droit de retrait après l'attaque survenue ce jeudi à Montrouge (Hauts-de-Seine-. Il demande que tous les policiers municipaux soient armés.

- Après à la fusillade ce jeudi matin à Montrouge (Hauts-de-Seine), vous avez appelé les policiers non armés à se retirer de la voie publique. Pour quelle raison ?

En tant que président National du Syndicat de Défense des Policiers Municipaux, je leur ai effectivement demandé de faire valoir leur droit de retrait de la voie publique. Nous sommes aujourd'hui en vigilance attentat. Cela veut dire qu'une attaque peut avoir lieu n'importe quand, n'importe où. Les policiers municipaux constituant la première force de sécurité de la voie publique, ils sont les premières cibles potentielles d'éventuels fous ou terroristes. En période "normale", les policiers municipaux constituent la première force de l'ordre sur la voie publique puisque nous sommes 10 000 à exercer simultanément contre 5000 environ pour la gendarmerie et la police nationale. Si mes collègues ne sont pas armés, ils ne peuvent pas assurer leur protection et encore moins celle d'autrui...

- Sur les 20 000 policiers municipaux en France, combien aujourd'hui sont armés ?

Environ 45 % ont une arme à feu. Les autres sont équipés soit de bombes lacrymogènes, soit de tonfa (bâton). Par ailleurs, ils sont encore très nombreux à ne pas avoir de gilet pare-balle.

- Une de vos collègues a perdu la vie ce jeudi matin à Montrouge…

Clarissa Jean-Philippe, 25 ans, n'était pas armée et n'avait pas de gilet pare-balle. Son collègue n'a pas pu riposter car il n'était pas armé non plus. Il a eu plus de chance que cette jeune femme… Il est irresponsable que les policiers municipaux ne soient pas tous armés. C'est une revendication que nous avons depuis la mort d'Aurélie Fouquet, 26 ans, en mai 2010. Aujourd'hui, nombreux sont les policiers municipaux qui m'appellent pour me dire qu'ils ont peur pour leur vie. Ce jeudi 8 janvier, s'il n'y a pas de lien opérationnel entre les actes dans les locaux de Charlie Hebdo et ceux sur la voie publique à Montrouge, il y a quand même de forts soupçons d'un point de vue idéologique. Ces individus sont liés à un extrémisme religieux qui nous a déclaré la guerre. Maintenant, ça peut frapper n'importe où. Tous les services de renseignement le savent.

- Que pouvez-vous dire sur le déroulé ce triste événement ?

Vers 8 heures Clarissa Jean-Philippe était avec son collègue sur le marché. Ils ont été appelés pour un simple accrochage. Alors que les deux policiers municipaux faisaient la régulation, une voiture est arrivée et s'est portée à leur hauteur. Un individu en est sorti et a ouvert le feu en rafale. Clarisse Jean-Philippe a été touchée dans le dos et dans le cou. Un agent communal sur place a été touché à la joue. C'est l'autre policier, très choqué, mais indemne physiquement, qui a donné l'alerte. Il pleurait à la radio, il était effondré. Les secours ont tout tenté pour sauver Clarisse Jean-Philippe, en vain. Elle avait eu son diplôme lundi, elle était célibataire sans enfant.

- Allez-vous être reçu par le ministère de l’Intérieur ?

Une réunion est prévue vendredi à 15 heures. Il y sera notamment question des hommages rendus aux policiers tués dans l'attaque perpétrée contre Charlie Hebdo et à Clarissa Jean-Philippe. Je ne sais pas s'ils auront lieu en même temps. Nous allons bien sûr évoquer les moyens de protection des policiers municipaux et l'implication de la police municipale dans la lutte contre les événements survenus en France.

Ce jeudi soir, Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, a déclaré : "La fusillade qui a eu lieu ce matin à Montrouge a également frappé à mort une policière municipale et a grièvement blessé un agent municipal de la ville de Montrouge en charge de la voirie. Aucun élément ne permet à ce stade d’établir un lien entre les deux crimes. Mais la succession de deux drames d’une extrême violence, dirigés contre la liberté de la presse, contre les forces de l’ordre et donc contre l’Etat républicain, doit susciter dans la dignité une condamnation générale et appelle de notre part une réaction d’une extrême fermeté". Deux personnes étaient en garde à vue dans le cadre de cette enquête.

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La rédaction de TF1info

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