"Soldat de l'Etat islamique", fiché S mais "peu pratiquant" : que sait-on de Khamzat Azimov ?

par Hamza HIZZIR
Publié le 14 mai 2018 à 12h18

Source : Sujet JT LCI

PROFIL - Rapidement neutralisé et abattu par les forces de l’ordre, l’auteur de l’attaque au couteau qui a fait un mort et quatre blessés en plein Paris a été identifié : il s’agit de Khamzat Azimov, un homme né en novembre 1997 en Tchétchénie et naturalisé français en 2010. Placés en garde à vue après l'attaque, ses parents disent tomber des nues et le décrivent comme un musulman peu pratiquant.

Pour Daech, il était un "soldat de l'Etat islamique". Pour ses parents, il était un musulman peu pratiquant et rien ne semblait annoncer son passage à l'acte. Qui était vraiment Khamzat  Azimov, l'homme de 20 ans qui s'en est pris au hasard à des passants samedi soir dans le IIe arrondissement de Paris, tuant une personne et en blessant 4 autres ? Les enquêteurs ont commencé à reconstituer son parcours et tentent de mieux comprendre les raisons de son passage à l'acte. A-t-il agi seul ? Avait-il des complices ? Dans quel contexte a-t-il prêté allégeance à Daech ? Pourquoi, samedi 12 mai à 19h48, a-t-il choisi de s'en prendre à des parents à l'aide d'un couteau ? 

Voici ce que l'on sait

Un "lycéen discret" devenu "soldat de l'Etat islamique"

Quelques heures seulement après l'attaque, l'agence de propagande de Daech a revendiqué l'attaque  en indiquant que Khamzat Azimov était "un soldat de l’État islamique, il a mené l’opération en réponse aux appels à cibler les pays de la coalition" internationale.  Né en novembre 1997, Khamzat Azimov a fui avec sa famille la Tchétchénie, une  république musulmane russe du Caucase, théâtre de deux guerres dans les années  1990 et 2000. Réfugié en France, il a grandi à Strasbourg où, dimanche, un ami  né comme lui en 1997 a été arrêté et placé en garde à vue.  A Strasbourg, une ancienne camarade de classe rencontrée par l'AFP a évoqué  un lycéen "vraiment discret", qui "ne parlait vraiment pas beaucoup", un "élève  normal, pas excellent mais pas mauvais non plus".    "Khamzat était assez calme, il était dans son coin, il n'avait pas de  problème", s'est rappelé un autre ancien lycéen, qui a précisé que lui et le  jeune homme interpellé dimanche étaient dans la même classe de terminale en  2016. Ils étaient de "très bons amis", "tout le temps ensemble".

Azimov a obtenu son bac ES en 2016.

DR

Un musulman "peu pratiquant"

Khamzat Azimov a été naturalisé français en 2010, adolescent, en même temps  que sa mère. Il vivait depuis quelque temps à Paris avec sa soeur de 7 ans et  ses parents, qui ont été interpellés et placés en garde à vue dimanche matin. Leur domicile, un hôtel meublé dans l'un des secteurs les plus modestes du  XVIIIe arrondissement, a été perquisitionné à l'aube, sans résultat concluant. 

 L'une des gérantes de l'établissement a décrit une famille "vraiment  discrète", qui "n'était pas dans l'ostentation au niveau religion", avec un  fils qui "disait qu'il était étudiant". "Cela fait un peu plus d'un an qu'ils vivaient là", a estimé Reda, 42 ans,  client de l'hôtel. "Le papa travaillait des fois, plutôt dans le bâtiment, la  peinture. La maman travaillait dans une association de sans-abris". Pour une voisine, c'était une "famille sans problème" qui "ne recevait  jamais personne". Selon elle, le jeune homme n'était "pas un caïd, mais  quelqu'un de réservé".

Pendant leur garde à vue, ses parents ont indiqué aux enquêteurs que Khamzat était "un musulman peu pratiquant".  D’après eux, samedi dernier, il aurait quitté le domicile familial vers 16h, ne prenant sur lui que son téléphone portable.  Que s'est il passé ensuite entre 16h et 19h38 ? Les enquêteurs cherchent à la déterminer. 

Pas d'antécédent judiciaire

Azimov n’avait aucun antécédent judiciaire, mais avait été fiché S pour radicalisation. Selon nos informations, il avait été entendu par la Section antiterroriste de la brigade criminelle en avril dernier, en raison de ses liens supposés avec un homme dont l'épouse était partie en Syrie.

Faisait-il partie d’une "filière tchétchène" ? En 2015, six hommes originaires de cette République du Caucase (dont deux possédant la nationalité française et quatre réfugiés politiques), soupçonnés d'avoir mis en place une filière d'envoi de djihadistes en Syrie, ont été arrêtés. Les parents de l’assaillant sont tous deux en garde à vue ce dimanche matin.


Hamza HIZZIR

Tout
TF1 Info