TERRORISME - Vendredi, Radouane Lakdim a commis trois attaques faisant quatre morts à Trèbes et Carcassonne, dans l'Aude. Abattu par les forces de l'ordre, il était connu de la police et était fiché S depuis 2014. Repéré par les services de renseignements, il ne faisait toutefois pas l'objet d'une surveillance accrue.
La question revient, presque à chaque attentat. Comment un individu, connu des services de police, repéré pour ses accointances avec les thèses djihadistes, a - une nouvelle fois - pu passer à l'acte ? Elle s'est, malheureusement, reposée vendredi quand Radouane Lakdim, 25 ans, a commis trois attaques faisant quatre morts à Trèbes et Carcassonne, dans l'Aude.
Abattu dans l'après-midi par les forces de l'ordre, il était connu de la police pour des "faits de petite délinquance, possession et deal de stupéfiants". Selon nos informations, il était inscrit en 2015 au FSPRT avant d'en ressortir au bout de quelques mois, son profil n'étant "plus intéressant". Son nom réapparaîtra quelques temps plus tard dans le FSPRT après la découverte de consultations de sites pro-Daech de la part de Lakdim. Ces dernières semaines, il était question de sortir de nouveau son nom du fichier, ses liens avec la mouvance islamo-radicale étant jugés "pas assez forts". Dans le même temps, l'homme de 25 ans était fiché S.
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Selon le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb vendredi, l'individu avait été repéré mais ne présentait aucun signe de radicalisation. Ce dernier a évoqué un "solitaire" qui serait "passé à l'acte brusquement". Dans la foulée, le procureur de Paris François Molins avait indiqué que le suivi du terroriste pour radicalisation "n’avait mis en évidence aucun signe précurseur laissant présager un passage à l’acte". Bien que fiché S, Radouane L. ne faisait pas l'objet d'une surveillance accrue de la part des services de police. Comment cela est-ce possible ?
La fiche S, "une balise qui permet aux enquêteurs d’avoir un suivi permanent"
Chems Akrouf, expert en renseignement et interrogé par LCI, explique le fonctionnement du dispositif de la fiche S : "Lorsqu’on est fiché S, cela veut dire qu’on entre dans un fichier qui vous met une balise sur le plan de vos déplacements. Lorsque vous vous déplacez et que vous êtes contrôlé par des douaniers, des policiers, cette fiche S apparaît à celui qui contrôle l’individu. De ce fait, on arrive à savoir où l'individu se déplace et les gens qui contrôlent doivent rendre compte à la personne qui a fiché cette personne. C’est donc une balise qui permet aux enquêteurs d’avoir un suivi permanent lors des déplacements des individus fichés S."
L'ancien sous-officier de la Direction du renseignement militaire explique également qu'une surveillance accrue est mise en place "lorsqu'un individu est entré dans le spectre relationnel, téléphonique, des déplacements ou humain d’une personne suspectée d’activités terroristes." "À partir de ce moment-là, elle est mise sous surveillance" indique-t-il. A noter que les fiches du FPR (fichier des personnes recherchées), dont font partie les fiches S, sont temporaires. Si l'individu fiché ne commet aucune infraction durant un an, sa fiche est effacée.
Ce fut notamment le cas de Yassin Salhi, qui avait décapité son patron Hervé Cornara aux abords de l'usine de gaz industriels Air Products, à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, le 26 juin 2015. Fiché S en 2006, Salhi avait vu sa fiche non renouvelée en 2008, avait indiqué le ministre de l’Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve.