Attentats : "Pour 400 euros, je vous emmène à Bruxelles"

Publié le 22 mars 2016 à 23h39
 Attentats : "Pour 400 euros, je vous emmène à Bruxelles"

REPORTAGE – Ce mardi, après les attentats survenus en Belgique, aucun Thalys n'a circulé entre Paris et Bruxelles jusqu'en fin d'après-midi. L'entreprise annonçait finalement peu après 16h30 deux trains au départ de la gare du Nord, un à 17h16 et l'autre 19h13. Entre temps, de nombreux "chauffeurs" ont proposé leur service aux voyageurs restés à quai.

"Taxi ? Taxi ?" Devant les quais 8 et 9, d'où devaient partir plusieurs trains Thalys ce mardi, les voyageurs ont entendu ces mots toute l'après-midi. Et pour cause, jusqu'à 17 h 16, à la suite des attentats meurtriers survenus à l'aéroport et dans le métro de Bruxelles, aucun train n'a rallié la capitale française à la capitale belge.

Les attaques ont fait une trentaine de morts, et plus de 200 blessés. Alors que les passagers du Thalys étaient sous le choc, nombre d'entre eux ont été abordés à plusieurs reprises par des "chauffeurs" leur proposant, faute de trafic ferroviaire, de les conduire à Bruxelles moyennant finances.

"150 euros par personne"

Plus ou moins discrets, les chauffeurs ont ainsi proposé leurs services pour "dépanner" et "arrondir leur fin de mois", comme l'ont dit certains. L'un d'entre eux qui se prétendait de la compagnie de Taxi G7 n'a pas eu peur des contrôles en arborant sa pancarte au vu de tous. Sur l'écriteau, on pouvait ainsi lire : "Van 7 places, Bruxelles 3 heures, 85 euros par personne".

D'autres, redoutant un peu plus les forces de l'ordre, ont glissé discrètement à l'oreille des personnes qui devaient gagner ou regagner la capitale belge des "Vous voulez aller à Bruxelles, je vous accompagne !" Intéressé, un groupe de Bruxellois demande alors le prix. "C'est 150 euros par personne, si vous êtes quatre", répond le chauffeur. "C'est beaucoup quand même", rétorque l'un des potentiels passagers avant de décliner l'offre. Un autre individu qui se revendique "chauffeur de VTC" approche une femme. "Bruxelles ? Pour 400 euros, je vous emmène. C'est un peu plus de 300 kilomètres, et c'est 3 heures. C'est une affaire, car des trains, il n'y en a pas aujourd'hui, et il n'y en aura pas demain", dit-il avec assurance.

"Moi je passe par la départementale"

Une passagère interroge un autre "chauffeur". "Les frontières sont fermées non ?" demande-t-elle. "Oui mais vous inquiétez pas, moi je passe par la départementale, près de Lille, et là, il n'y a pas de contrôle, on passe comme on veut", répond le chauffeur. Et comme il apprend finalement que les frontières ne sont pas fermées, il précise : "A l'aller, ça va. Au retour, c'est la merde, mais c'est pour moi, pas pour vous. Il y a plein de contrôles".

Plusieurs passagers et agents SNCF ont été témoins de la scène mais n'ont rien pu faire. "Je suis totalement hallucinée que dans des circonstances aussi graves, alors que des personnes ont perdu la vie et que d'autres sont grièvement blessées, certains viennent ici faire leur beurre", a déploré une Bruxelloise qui a manqué les deux seuls trains du jour. Et de conclure : "Moi, je ne paierai jamais pour ça. Je partirai demain."

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Aurélie SARROT

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