TÉMOIGNAGE - Depuis son lit d'hôpital, le jeune homme de 22 ans s'est confié à des journalistes de BFMTV sur son interpellation violente et le viol dont il a été victime par quatre policiers à Aulnay-sous-Bois. Un récit effrayant.
Théo, 22 ans, a violemment été interpellé par quatre policiers dans le quartier de la Rose-des-Vents, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le jeudi 2 février, avant d'être admis à l'hôpital. La scène a été filmée et largement diffusée, avant qu'un des policiers ne soit mis en examen pour viol, les trois autres pour violences volontaires. Depuis son lit d'hôpital, il fait le récit à nos confrères de BFMTV de l'enfer qu'il a vécu.
"Je savais que là où on était il n’y avait pas de caméras, j’ai réussi à me débattre, je suis parti devant les caméras. J’ai pas cherché à fuir, j’ai dit aux policiers, 'vous avez déchiré mon sac', ils me répondent 'on s’en fout'. Ils sont trois à me saisir, je leur demande, pourquoi vous faites ça, ils ne me répondent pas, ils me disent que des injures" raconte-t-il, avant de confier ce que lui a fait le policier accusé de viol : "Il me regarde, j’étais de dos, mais j’étais en trois quart, donc je voyais ce qu’il faisait derrière moi. Il prend sa matraque et il me l’a enfoncée dans les fesses, volontairement."
Ça m’a marqué à vie, c’est une chose que je ne souhaite à personne
Théo
Son calvaire est loin d'être terminé, et il explique en détail les actes qui ont suivi : "Dès qu’il m’a fait ça, je suis tombé sur le ventre, j’avais plus de force. Là il me dit 'les mains dans le dos', j’ai dû mettre mes mains dans le dos, ils m’ont mis les menottes et là ils m’ont dit ‘assieds-toi maintenant’, je leur ai dit ‘j’arrive pas à m’asseoir, je sens plus mes fesses’, et ils m’ont mis des gaz lacrymogènes dans la tête, dans la bouche, un coup de matraque en pleine tête, et moi j’avais tellement mal aux fesses que cette douleur-là semblait éphémère (…) c’était vraiment trop dur pour moi. (...) Mon pantalon était baissé, j’avais vraiment mal".
S'il parvient à rester devant les caméras pendant toute son interpellation, les policiers l'emmènent dans leur véhicule et continuent les coups, moqueries et insultes. Qui continuent une fois arrivés au commissariat. Sur place, un agent décide d'appeler le SAMU, qui découvre une plaie, ouverte à 5 ou 6 centimètres : "‘là c’est très grave, il faut l’opérer le plus rapidement possible"lui ont-ils dit. "Le coup de bâton dans les fesses qu’ils m’ont mis, ça m’a marqué à vie, c’est une chose que je ne souhaite à personne, physiquement je suis très diminué, j’arrive pas à bouger, là comme vous me voyez ça fait trois heures que je suis comme ça. (…) Je dors pas la nuit" finit-il par dire.
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