Bébé congelé à Carcassonne : et le père, dans tout ça ?

Publié le 18 mai 2016 à 17h44
Bébé congelé à Carcassonne : et le père, dans tout ça ?

COMPTE RENDU D’AUDIENCE - Le père de l’enfant retrouvé mort dans un congélateur, en mai 2011, s’est exprimé à la barre aux assises de l’Aude, ce mercredi 18 mai. Du banc des parties civiles, il est passé sous le feu des questions de la cour, qui le tient en partie responsable du drame qui s’est joué voilà cinq ans à Limoux.

C’est elle qui a placé l’enfant dans le congélateur. Elle qui, ensuite, a fait la une des journaux. Et c’est aujourd’hui la même Natalie De Mey, âgée de 32 ans, qui répond de son acte de néonaticide devant la justice. Pourtant, aux assises de l’Aude en ce deuxième jour de procès, un homme est également passé sur le gril des remarques incisives de l’avocat général et des questions empreintes de colère de l’avocat de la défense. Cet homme, c’est le père du nouveau-né retrouvé congelé en mai 2011, Mack Tong Van, qui s’est constitué partie civile.

Arrivé seul à l’audience, il est assis depuis l’ouverture des débats à l’écart, sur un banc. Et c’est plus seul que jamais qu’il s’avance à la barre, ce mercredi après-midi. Avec Natalie, ils se rencontrent pendant les vendanges, dans la région de Carcassonne. Ils se fréquentent depuis quelques mois déjà lorsqu’il reçoit un texto. "Elle me disait qu’elle était enceinte. Je lui ai répondu que s’il était de moi, je voulais bien m’occuper de l’enfant" se souvient-il. L’accusée, elle, n’a pas la même version. "Au début, je voulais un enfant avec lui. Et puis après, je me suis rendue compte qu’il vivait avec une autre femme. Pour moi, c’était une trahison" explique Natalie DeMey, dont on sait à présent qu’elle n’a pas obtenu de rendez-vous gynécologique pour avorter à temps.

"C'était une fille, elle s'appelait Chloé"

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A compter de ce moment, Mack Tong Van ne donne plus signe de vie… et finit par réapparaître après le drame. "On m’a dit qu’elle avait accouché, alors je suis allé voir chez elle, j’ai cherché un bébé partout. Je voulais voir s’il était d’origine asiatique, comme moi." Mais dans la maison, pas de trace de l’enfant. "Elle m’a dit que c’était une fille, qu’elle s’appelait Chloé, et qu’elle l’avait envoyée en Belgique". Alors, l’avocat général s’étonne. "Vous n’avez pas cherché plus loin ?" "Non, j'étais en colère, je suis parti", répond-t-il. "Si je me suis constitué partie civile, c’est parce que j’avais peur qu’on me reproche quelque chose, alors que je n’ai rien fait, moi!"

Il n’en faut pas davantage à l’avocat général Pierre Denier pour sentir la moutarde lui monter au nez. "Je vais vous parler franchement. J’ai une intime conviction, c’est que vous avez un soupçon de responsabilité morale dans cette affaire. Vous dites que vous vous seriez occupé du bébé, mais ce sont des paroles. Vous l’avez mise enceinte trois fois ! Votre responsabilité c’était de mettre un préservatif ou d’exiger une contraception. Voilà où je la situe, votre responsabilité !"

"Ce n'était pas la gueuse de Limoux !"

Et l’homme de se défendre en évoquant ses doutes quant à sa réelle paternité. "Elle allait à droite et à gauche…"lâche-t-il en marmonnant. "Comment ? Non, ne dites pas ça, monsieur ! Ne la noircissez pas", reprend l’avocat général, hors de lui. "Ne nous dites pas qu’elle était une coureuse, Natalie De Mey, ce n’était pas la gueuse de Limoux ! C’était une femme perdue, pas une femme volage."

Dépité, Mack Tong Van retourne s’asseoir la mine déconfite. Il vient de démontrer à la cour, bien malgré lui, que la mort de ce nouveau-né n’est peut-être pas uniquement imputable à celle qui l’a porté. De celle qui s’est retrouvé livrée à elle-même pendant la grossesse, pendant l’accouchement, pendant l’homicide.

Immanquablement, on pense à Pierre-Marie Cottrez, l’époux de Dominique Cottrez, condamnée au mois de juin 2015 à neuf ans de prison pour un octuple infanticide. Lui aussi considérait que la pilule, la contraception, étaient, il faut bien le dire, "des histoires de femmes". Natalie De Mey, quant à elle, encourt la prison à perpétuité. Le verdict est attendu jeudi dans la soirée.  

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La rédaction de TF1info

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