Cimetière juif profané à Sarre-Union : les cinq mineurs mis en examen

Publié le 19 février 2015 à 6h40

FAIT DIVERS – Le procureur de Saverne Philippe Vannier a déclaré ce mercredi que le "mobile antisémite" apparaissait clairement dans la profanation du cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin) jeudi 12 février. Le parquet a requis puis obtenu la mise en examen des cinq adolescents en garde à vue.

"Des crachats sur l'étoile de David", des "Heil Hitler", des "Sieg Heil", des "sales juifs" ou encore "sale race". Pour le procureur de Saverne, Philippe Vannier le caractère antisémite de la profanation du cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin) jeudi 12 février est sans équivoque. "Malgré les dénégations des intéressés, la connotation et le mobile antisémites de leur comportement apparaissent clairement", a déclaré le magistrat mercredi lors d'un point de presse suivi, en début de soirée, de la mise en examen des cinq mineurs.

Après leur présentation au juge d'instruction, les cinq mineurs ont en effet été mis en examen pour "profanation ou violation" de sépultures "en raison de l'appartenance des défunts à une religion" et pour "dégradations volontaires de biens destinés à l'utilité publique", comme l'avait requis le parquet. Ils avaient été placés en garde à vue lundi. "J'ai requis l'ouverture d'une information judiciaire à l'issue des gardes à vue , avait précisé le procureur. Cette instruction a été confiée à Monsieur Claude Cebula, vice-président au tribunal et en charge du cabinet d'instruction. Elle portera sur les délits de profanation et violation de sépulture ou de monuments dédiés aux morts en raison de la religion des défunts et dégradations volontaires de biens destinés à l'utilité publique commis en réunion."

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Remise en l'état des lieux

Le parquet avait requis la mise en examen des cinq suspects et leur placement sous contrôle judiciaire avec notamment interdiction de se rendre à Sarre-Union, interdiction pour les auteurs présumés d'entrer en contact entre eux et obligation de se soumettre à un placement dans un centre éducatif. Pour deux des adolescents, le parquet a demandé que l'établissement d'accueil soit un centre éducatif fermé. Philippe Vannier a également demandé au juge de proposer à ces cinq adolescents d'effectuer une mesure de réparation en participant à la remise en l'état des lieux.

Le juge d'instruction avait, lui, commencé les interrogatoires, ce mercredi en début d'après-midi. Ces derniers se sont poursuivis tout au long de l'après-midi. "Les cinq jeunes disent tous que le saccage est parti d'un jeu, jeu qui a dérapé dans l'ampleur des dégradations mais aussi dans la manière de les commettre, et notamment de les accompagner de gestes et de paroles, avait ajouté le procureur. Ils continuent d'affirmer qu'ils ne se sont pas sentis antisémites et qu'ils n'ont pas voulu l'être. Cependant, ils admettent des comportements qui font penser qu'un fond d'antisémitisme a été à l'œuvre dans leur action."

Un meneur de "jeu"

Le procureur de la République a indiqué par ailleurs que dans ce "jeu" sordide, il y avait bel et bien eu meneur. "Il semble déjà que l'un d'entre eux ait eu une initiative importante dans le déroulement des faits", a souligné Philippe Vannier, évoquant une "emprise". Questionné sur les potentielles vidéos qu'auraient pu prendre les adolescents, le parquet a indiqué que les suspects déclaraient qu'ils n'en avaient pas faites. Leurs téléphones et ordinateurs ont été saisis pour être exploités.

Quant au rendez-vous sur Facebook , les auteurs présumés de la profanation ne parlent, eux, que d'un "rendez-vous téléphonique pour se rendre au cimetière". "L'objet de la rencontre était d'aller au cimetière pour s'amuser. L'un aurait renversé une stèle qui aurait déclenché d'abord le comportement d'un autre puis de deux autres arrivés entre temps et puis ensuite ces dégradations de grande importance que l'on a pu constater sur place", a précisé Philippe Vannier.

Les cinq suspects sont des garçons sans histoire qui, jusqu'ici, n'avaient jamais montré ou même évoqué ce genre de comportement. "Ils sont très très marqués par les heures de garde à vue et par le retentissement de cette affaire. Au moins chez certains, il y a une prise de conscience des faits, de leur gravité et surtout de la violence de ces actes pour les personnes qui avaient leur tombe familiale dans ce cimetière. Certains ont été même jusqu'à pleurer", a souligné le procureur.

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Aurélie SARROT

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