Des gendarmes du GIGN étrillent leur patron dans une lettre anonyme

par Pierre BOHM
Publié le 13 juillet 2016 à 11h39
Des gendarmes du GIGN étrillent leur patron dans une lettre anonyme

GRANDE BAVARDE – Plusieurs gendarmes du GIGN ont écrit une lettre anonyme au directeur de la Gendarmerie Nationale Denis Favier, lui-même ancien du GIGN, pour critiquer vertement leur patron actuel, le colonel Hubert Bonneau. Dans ce courrier révélé par le "Canard enchaîné", ils critiquent l’attitude de leur chef, particulièrement le soir du 13 novembre 2015.

"C’est un traumatisme pour nous tous". Les mots sont forts et la démarche extrêmement rare. Des gendarmes d’élite du GIGN ont adressé une lettre anonyme au général Denis Favier, directeur général de la Gendarmerie Nationale, ancien du GIGN qui a notamment mené l’assaut contre les terroristes de l’Airbus d’Air France à Marignane en décembre 1994. Dans ce courrier révélé par le Canard enchaîné, les gendarmes d'élite éparpillent façon puzzle leur patron actuel, le colonel Hubert Bonneau, patron du Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale.

Le "traumatisme" dont ils parlent, c’est d’être restés sans intervenir, de 23h06 à 2h45 le 13 novembre dernier, à la caserne de la Garde Républicaine des "Célestins" près de Bastille, à environ un kilomètre à vol d’oiseau du Bataclan où des terroristes tuaient 89 personnes et en blessaient une centaine d’autres.

"Nous avons honte de lui et de nous"

"Ce soir du 13 novembre, le colonel Bonneau a tout simplement oublié d’être gendarme (…) alors que nous étions 40 opérationnels (...) prêts à mener un assaut, prêts à faire cesser la tuerie", écrivent-ils dans une lettre de trois pages signée "l’Esprit de l’Inter", du nom de la force d’intervention du GIGN qui regroupe une centaine de gendarmes sur les 380 que compte le Groupe.

"Nous avons honte de lui, comme nous avons honte de nous. Nous avons préféré rester avec les chevaux de la Garde républicaine. Pour les familles des victimes, une telle attitude est tout simplement criminelle. Sachez que nous sommes scandalisés et traumatisés par cet événement et que cet épisode nous a une nouvelle fois démontré que le colonel n’était pas à la hauteur". Dans l’armée, où les syndicats sont interdits, cette prise de parole publique et virulente interpelle.

Denis Favier ne "veut pas entrer dans la polémique"

"Voilà maintenant deux ans que nous subissons le commandement injuste et peu légitime du colonel Bonneau", "un mauvais chef", "qui fait de son mieux pour minimiser la Force intervention", continuent-ils. Puis, les reproches se font plus personnels : "Bonneau et son adjoint ne nous disent jamais bonjour. Ils ne nous serrent pas la main. Parfois, ils vont même jusqu’à nous ignorer quand on les salue". Le Canard raconte en outre que Denis Favier, qui quitte la gendarmerie pour prendre la direction de la sécurité du Groupe Total le 1er Septembre n’a pas souhaité "entrer dans la polémique". Joints par l’AFP et le Canard Enchainé, le patron du GIGN n’a pas souhaité s’exprimer. Mais la Gendarmerie Nationale à décidé de prendre la parole pour dire que "Denis Favier, directeur général de la gendarme, tient à réaffirmer toute sa confiance au commandant du GIGN, le colonel Hubert Bonneau, ainsi qu'aux femmes et aux hommes qui servent dans cette formation d'élite. Les écrits anonymes sont un procédé condamnable et n'honorent pas leur(s) auteur(s). 

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