Djihadisme français : les liaisons dangereuses

par Maud VALLEREAU Maud Vallereau
Publié le 13 janvier 2015 à 21h27
Djihadisme français : les liaisons dangereuses

ATTAQUES - Le nom de plusieurs personnes proches de la mouvance islamiste française ont émergé dans le sillage de l'enquête sur les attentats commis par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly. Metronews fait le point.

Des noms, des visages, des ramifications... En enquêtant sur les attentats de Paris, qui ont coûté la vie à 17 personnes la semaine dernière, les policiers ressortent de vieux dossiers. Car au fil des jours, la présence d'éventuels complices aux côtés des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly semble de moins en moins hypothétique. Si les premiers se sont revendiqués d'Al-Qaida au Yémen et le second de l'Etat islamique, sans que les deux branches terroristes n'aient jamais revendiqué les attaques, les trois hommes ont gravité autour d'une même mouvance radicale. Laquelle est aujourd'hui passée au crible par les enquêteurs.

Hayad Boumeddiene ne serait pas seule en Syrie

En tête de liste des personnes les plus recherchées par la police française : Hayat Boumeddiene. La compagne d'Amedy Coulibaly, âgée de 26 ans, se trouverait en Syrie depuis le 8 janvier, pays qu'elle aurait rejoint via la Turquie, selon le ministère turc des Affaires étrangères. Sur des images de vidéosurveillance, elle apparaît à l'aéroport d'Istanbul en compagnie d'un homme.

Un quotidien gouvernemental turc l'identifie comme un Français de 23 ans, Mehdi Sabry Belhoucine. La justice française n'a pas encore confirmé cette information mais l'AFP explique qu'un certain Mehdi Belhoucine apparaissait, sans être poursuivi, dans un dossier de soutien à des djihadistes envoyés entre 2008 et 2010 dans les zones afghano-pakistanaises. Son frère aîné, Mohamed, âgé de 27 ans, a lui été condamné dans cette affaire à deux années de prison dont une avec sursis pour avoir apporté son aide depuis la France.

La foisonnante bande des Buttes-Chaumont

Le parquet de Paris a de son côté évoqué le lien de Chérif et Saïd Kouachi à des hommes gravitant autour de deux places fortes du djihadisme, la Syrie et le Yemen. Ceux-ci se seraient même rendus sur place en 2011. Un nom fait le lien entre les trois hommes : Boubaker al-Hakim faisait comme eux partie, au début des années 2000, du gang des Buttes-Chaumont, une filière au sein de laquelle de jeunes djihadistes parisiens étaient envoyés en Irak. L'homme de 31 ans , originaire du 19e arrondissement de Paris, est parti en Syrie où il a été arrêté. Condamné en France en 2008 à sept ans de prison, il aurait depuis rejoint les rangs de l'Etat islamique et combattrait en Irak et en Syrie.

L'"émir" auto-proclamé de la bande des Buttes-Chaumont, Farid Benyettou, a lui aussi refait surface à la lumière des évènements dramatiques des derniers jours. Le jeune homme de 33 ans était en stage à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière quand il a appris que son ancien disciple Cherif Kouachi avait décimé à la kalachnikov la rédaction de Charlie Hebdo pour "venger le prophète". Mais celui qui a été condamné à six ans de prison pour avoir envoyé des apprentis djihadistes combattre l'armée américaine en Irak assure en avoir fini avec ce lourd passé. Dans une interview à iTélé, Farid Benyettou a ainsi condamné "l'assassinat lâche et monstrueux des journalistes, celui des policiers et de membres de la communauté juive".

Coulibaly, le visiteur de Djamel Beghal

Dans une vidéo diffusée après sa mort, Amedy Coulibaly expliquait que depuis qu'il était sorti de prison, en mai dernier, il avait "sillonné les mosquées, de France un petit peu, beaucoup de la région parisienne". Des déplacements qui intéressent les enquêteurs, tout comme ses visites en 2010 à Murat dans le Cantal, où Djamel Beghal, figure de l'islamisme radical, était alors assigné à résidence. Ce Franco-Algérien a été déchu de sa nationalité française après sa condamnation pour un projet d'attentat. Amedy Coulibaly et Cherif Kouachi auraient connu l'homme, aujourd'hui âgé de 49 ans, à la prison de Fleury-Mérogis entre 2005 et 2006. Comme Amedy Coulibaly, Djamel Beghal, actuellement incarcéré, a de nouveau été condamné dans un projet d'évasion en 2010 de Smaïn Aït Ali Belkacem, un des auteurs de la vague d'attentats de 1995 à Paris. 

Enfin, un autre Français de 29 ans d'origine haïtienne est récemment apparu dans l'enquête. Fritz-Joly Joachin a été arrêté en Bulgarie le 1er janvier pour avoir tenté de se rendre en Syrie. Avant son départ le 30 décembre pour la Turquie, il aurait été plusieurs fois en contact avec Chérif Kouachi. Le mandat d'arrêt européen émis lundi par la France à son encontre l'accuse de "participation à un groupe criminel armé dont l'objectif était l'organisation d'actes terroristes".
 


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