Elisabeth Fritzl, Natascha Kampusch et Jaycee Lee Dugard : que deviennent ces ex-captives ?

par Flore GALAUD
Publié le 9 mars 2016 à 16h41
Elisabeth Fritzl, Natascha Kampusch et Jaycee Lee Dugard : que deviennent ces ex-captives ?

KIDNAPPING - A l'occasion de la sortie au cinéma, ce mercredi 9 mars, du film "Room", qui met en scène une jeune femme séquestrée avec son enfant, metronews a cherché à savoir ce que devenaient Elisabeth Fritzl, Natascha Kampusch, Jaycee Lee Dugard et les trois "séquestrées de Cleveland". Six femmes qui ont connu le pire et qui, depuis leur libération, tentent de se reconstruire à leur façon.

Ma, incarnée par la lumineuse Brie Larson, avait 17 ans quand le "Vieux Nick" l'a kidnappée. Depuis, elle vit recluse dans une minuscule chambre avec son fils Jack, né des viols répétés de son bourreau. Quand son enfant atteint l'âge de cinq ans, elle décide de s'échapper, avec son aide. Cette tragique histoire, inspirée d'un livre écrit par Emma Donoghue, sort ce mercredi 9 mars dans les salles sous le nom de "Room" ("La Pièce"). Difficile de ne pas y voir des similitudes avec de terribles faits divers survenus ces dernières années. Elisabeth Fritzl, Natascha Kampusch, Jaycee Lee Dugard et les trois "séquestrées de Cleveland" : l'auteure à reconnu s'être largement inspirée de certains récits de ces survivantes. L'occasion de se demander ce que deviennent ces victimes, après leur libération. Comment se reconstruit-on après une telle épreuve ? Peut-on retrouver sa vie d'avant ? Metronews revient sur le sort de ces anciennes captives.

La bande-annonce de "Room" : 

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Elisabeth Fritzl

C'est l'affaire qui a le plus inspiré l'auteure de "Room" : le cas Elisabeth Fritzl. S'il n'est pas question de kidnapping, comme dans l'ouvrage, il est en revanche bien question de séquestration : à partir de l'âge de 18 ans, cette Autrichienne a été emprisonnée, violée et maltraitée pendant 24 ans par son propre père, Josef Fritzl. Au cours de sa captivité, elle donnera naissance à sept enfants, tous nés de cet inceste. L'un d'eux décèdera rapidement. Tout au long de ces années, Josef Fritzl cachera à son entourage, y compris sa femme, la captivité de sa fille, retenue dans un abri anti-atomique construit dans le sous-sol de la maison. Assurant à qui voulait l'entendre qu'Elisabeth avait quitté la maison pour rejoindre une secte. Finalement, l'affaire sera découverte après l'hospitalisation d'un enfant d'Elisabeth. Cette dernière est libérée le 26 avril 2008. Interpellé, son père reconnaît les faits – sans émettre le moindre remords. Un an plus tard, celui que l'on surnomme "le monstre d'Amstetten" écope d'une peine de prison à vie.

Apprendre à parler

Aujourd'hui, Elisabeth, 50 ans, vit à l'abri des regards, sous une nouvelle identité et entourée de ses six enfants. Ces derniers, après leur libération, ont été longuement hospitalisés, notamment pour apprendre à marcher et à parler correctement – en captivité, ils avaient développé leur propre moyen de communication. Depuis, ils ont été en capacité d'entamer des études. Quand à Elisabeth, elle se porterait bien. Elle n'a jamais souhaité donner d'interviews pour revenir sur son calvaire, préférant retomber dans l'oubli. Aux dernières nouvelles, elle serait en couple avec son garde du corps. 

  Natascha Kampusch

Cette Autrichienne avait seulement dix ans au moment de son enlèvement, le 2 mars 1998, par Wolfgang Priklopil. Pendant huit ans, elle vivra enfermée dans un abri souterrain de 5m² construit sous la maison de son ravisseur. Au fil des années, ce dernier lui permettra d'accéder à plusieurs pièces de sa maison, notamment pour y faire le ménage. C'est ce qui lui permettra, le 23 août 2006, de s'échapper. Le soir même, Wolfgang Priklopil met fin à ses jours en se jetant sous un train à Vienne.

Moins d'un mois plus tard, la jeune femme commence à accorder des interviews où elle livre des informations sur sa captivité et sur la personnalité de son bourreau, un homme violent aux tendances paranoïaques. Des entretiens qui lui permettent de récolter d'importantes sommes d'argent. Rapidement, elle étonne par sa capacité à maîtriser son image. Personne, dans son entourage, n'a le droit de s'exprimer sur cette affaire sans son autorisation préalable. Elle parvient même à faire interdire un livre à son sujet. Pendant plusieurs mois, la jeune femme, qui a des rêves de journalisme, anime un talk-show à la télévision, "Natascha Kampusch reçoit" et lance son propre site internet, où elle se met largement en scène. On la voit alors beaucoup dans les soirées mondaines de Vienne. Entretemps, elle devient propriétaire de la maison de son bourreau, souhaitant que celle-ci ne devienne pas un "lieu de tourisme" sordide.

Une vie loin des projecteurs

Mais rapidement, cette surexposition qu'elle a pourtant voulue semble lui peser. Au même moment, certains de ses propos au sujet de sa captivité semblent être remis en cause, d'autant que la jeune femme refuse encore de se livrer sur un certain nombre d'éléments. Le 7 septembre 2010, elle sort son autobiographie, 3096 jours, soit le nombre de jours qu'elle est restée captive. Elle y dénonce notamment les loupés des enquêteurs pour la retrouver. Des accusations qui vont de paire avec la plainte qu'elle dépose contre l'Etat, où elle réclame un million d'euros d'indemnités. Sa demande sera déboutée.

Depuis, et bien que son livre ait été porté sur grand écran, la jeune femme se fait beaucoup plus discrète. Finies les interviews et les émissions télévisuelles. Aux dernières nouvelles, Natascha Kampusch vivrait seule dans un grand appartement, à Vienne, et sortirait peu. Comme elle le souhaitait, elle a repris ses études et est parvenue à décrocher son baccalauréat. Elle s'orienterait désormais vers des études de psychologie. Son temps libre serait consacré à sa passion pour les plantes. Côté vie familiale, après des retrouvailles chaleureuses avec ses parents après sa libération, leurs rapports se seraient dégradés. La jeune femme ne s'en est jamais vraiment cachée : avant son kidnapping, elle n'était pas très heureuse dans son foyer. Désormais, elle ne verrait ses parents qu'une fois par an et aurait peu d'amis. 

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Jaycee Lee Dugard

Cette Californienne n'avait que 11 ans lorsqu'elle a été kidnappée, le 10 juin 1991 à South Lake Tahoe, alors qu'elle attendait son bus scolaire. Ses ravisseurs sont au nombre de deux : Phillip Garrido et son épouse Nancy. Pendant 18 ans, la jeune fille sera maintenue captive dans une misérable cabane située au fond du jardin du couple à Antioch (Californie). Lorsqu'elle a 14 ans, elle accouche d'un premier enfant : Angel. A l'âge de 17 ans, la jeune fille, que ses bourreaux ont rebaptisé Allissa, donne naissance à la petite Starlit. Son calvaire finira après un signalement à la police réalisé par une présidente d'université, où Philip Garrido, véritable fanatique religieux, entendait organiser un évènement pour "changer le monde". 

"Il y a une vie possible"

Deux mois après sa libération, Jaycee Lee Dugard, 29 ans, accorde une longue interview au magazine People, où ses filles, désormais âgées de 11 et 15 ans, apparaissent de dos. Si leur mère souhaite faire savoir qu'elles vont bien, elle entend pour autant les protéger de toute médiatisation. En 2010, elle obtient 20 millions de dollars de la part de l'Etat californien, qui reconnaît avoir failli dans le suivi socio-judiciaire de Philipp Garrido, pourtant condamné par le passé pour des faits de viols. Quelques mois plus tard, il écopera de 431 ans de prison et son épouse, de 36 ans, pour enlèvement et séquestration. Tous deux avaient plaidé non coupable.

En 2011 la jeune femme publie A Stolen Life : A memoir, où elle retrace ses années de captivité. Dans la foulée, elle créé à Tahoe City la "JAYC Foundation", qui vient en aide aux familles ayant subi, comme la sienne, d'importants traumatismes. Très active dans la fondation, elle y met notamment en place des thérapies avec des chevaux, sa grande passion. Au début de l'année 2016, la jeune femme, très discrète, a annoncé qu'elle sortirait le 12 juin un deuxième ouvrage intitulé cette fois Freedom : my book of Firsts, consacré à la vie après la captivité. "Il y a une vie possible après avoir vécu quelque chose de tragique", a-t-elle alors expliqué . "La vie n'a pas à se terminer si vous voulez que cela ne soit pas le cas. Tout dépend de votre façon de voir. Je pense toujours que chacun d'entre nous a en lui la clé de son bonheur". 

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"Les séquestrées de Cleveland"

Si l'affaire est trop récente pour avoir pu inspirer directement l'auteure de Room, paru en 2010, metronews a tout de même souhaité revenir sur l'affaire très médiatisée des "séquestrées de Cleveland". Elles sont trois : Amanda Berry, Georgina DeJesus et Michelle Knight. Pendant de nombreuses années, ces trois Américaines, kidnappées respectivement en 2003, 2004 et 2002, ont vécu recluses dans une maison de Cleveland (Ohio), séquestrées par un certain Ariel Castro. C'est Amanda Berry qui parviendra, le 6 mai 2013, à s'échapper de cette maison de l'horreur et à donner l'alerte. Cette dernière est maman, à l'époque, d'une enfant de 6 ans, née en captivité. Mais l'enquête révélera d'autres faits, également terribles : les trois jeunes femmes étaient la plupart du temps retenues enchaînées dans la cave, violées quotidiennement par leur bourreau. Michelle a connu cinq fausses couches, probablement liées au fait qu'Ariel Castro la battait régulièrement, même enceinte. Le 9 mai 2013, Ariel Castro, 52 ans, est mis en examen et, quatre mois plus tard, condamné à la prison à perpétuité. Mais le 3 septembre 2013, l'homme se suicide dans sa cellule de prison.

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Depuis, les trois jeunes femmes ont régulièrement pris la parole dans les médias. Et ont toutes les trois sorties un livre pour raconter l'épreuve qu'elles ont traversées. Michelle, après quelques temps passés dans une maison de repos, considère aujourd'hui "aller bien", comme en témoigne son ouvrage intitulé Traverser l'enfer et croire encore au paradis. Si elle n'a "plus de cauchemars" , il lui reste de nombreuses "cicatrices un peu partout sur le corps". Elle a noué contact avec les parents adoptifs de son fils, né avant son kidnapping. "J'espère le revoir un jour", confiait-elle en 2014. Très entourée, de son propre aveu, elle passe beaucoup de temps à se promener avec son chien, elle qui a été confinée pendant tant d'années. Et fourmille de projets : après avoir commencé des cours de boxe et avoir enregistré une chanson, elle espère un jour pouvoir ouvrir un restaurant. 

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L'affaire des "séquestrées de Cleveland" en vidéo : 


Flore GALAUD

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