Etat d’urgence : une mosquée de Vénissieux a-t-elle été rasée pour "radicalisme" ?

Publié le 17 décembre 2015 à 18h09
Etat d’urgence : une mosquée de Vénissieux a-t-elle été rasée pour "radicalisme" ?

DESINTOX - Différents sites communautaires relayent depuis mercredi les images de bulldozers rasant une salle de prières du quartier des Minguettes, à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise. Une démolition présentée comme s’inscrivant dans la lutte contre l’islam radical. Vraiment ? Metronews a voulu en savoir plus.

La mosquée des Pyramides dans la cité des Minguettes, à Vénissieux, n’est plus. Les bulldozers l’ont rasée mercredi et laissé place à un amas de terre bientôt recouvert de pelouse. Cette destruction intervient dans le contexte de l’état d’urgence qui a entraîné plusieurs fermetures provisoires de lieux de cultes musulmans depuis les attentats du 13 novembre. En est-elle cependant une conséquence ? C’est ce qu’affirment depuis mercredi plusieurs sites communautaires musulmans. Info ou intox ? Metronews démêle les fils.

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La pratique du culte musulman est organisée à la mosquée de la Pyramide par une association, Bilal, dans un ancien local technique municipal. Problème : cette salle, d’une capacité maximum de 91 personnes, n’est pas assez grande pour accueillir l’ensemble des fidèles. Ainsi, il n’est pas rare d’y voir jusqu’à plus de 500 personnes installées à l’extérieur, selon la mairie. En 2011, la municipalité de Vénissieux, le Conseil régional du culte musulman (CRCM) et l’association Bilal, entament des discussions dont la finalité doit être de trouver un nouveau local à cette activité cultuelle. Et donc d’interrompre l’exploitation de la salle des Pyramides. 

Captures d'écran/Metronews

Une décision antérieure à l’état d’urgence

Une inspection de la sous-commission départementale de la sécurité civile, qui dépend de la préfecture, va définitivement condamner le lieu en juillet 2015 : le petit local technique n’est tout simplement plus aux normes. De fait, la convention d’exploitation signée entre l’association cultuelle et la municipalité n’est pas renouvelée. Le 12 novembre, les différentes parties conviennent de se réunir sous six jours, le 18 novembre, afin d’évoquer la fermeture du lieu et sa destruction. La ville de Vénissieux prononce la fermeture administrative de la mosquée de la Pyramide le 19 novembre, certes quatre jours après la promesse de Bernard Cazeneuve de "dissoudre les mosquées radicales". Les bulldozers entrent finalement en action le 16 décembre.

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Simple décision technique ou lutte contre le radicalisme ?

La décision de fermer le lieu de culte relèverait donc, pour la mairie de Vénissieux et la préfecture du Rhône, d’une simple décision technique. "C’est un local qui appartenait à la mairie, elle est tout à fait dans son droit de décider de fermer ce local et de le démolir s’il n’est plus aux normes", confie à metronews Benaissa Chana, vice-président du CRCM du Rhône, qui s’inquiète cependant pour les personnages âgées et handicapées parmi les fidèles, qui n’ont pas la capacité de se rendre à la grande mosquée de Lyon pour prier.

Est-ce pour autant si simple ? En y regardant de plus près, état d'urgence ou pas, il apparaît que la salle de prières des Pyramides était de toute façon dans le viseur des autorités, et cela depuis juin dernier. Comme le relève Rue 89 Lyon , elle était ainsi recensée parmi une "dizaine de salles de prière menacées ou gérées par des salafistes" dans une liste établie par le CRCM et la préfecture du Rhône. Des mosquées qui se trouvaient sous surveillance et menacées d’une fermeture depuis juin dernier et l’attentat de Saint-Quentin-Fallavier , à moins de 40 km de Lyon. L’association Bilal est quant à elle critiquée par le CRCM pour son manque de communication avec les autorités. Nous n’avons d’ailleurs par réussi à la joindre dans le cadre de cet article. Si l’association n’a pas été dissoute, elle n’a pour l’heure pas retrouvé de salle où accueillir les anciens fidèles de la mosquée des Pyramides.

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La rédaction de TF1info

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