Grâce à la cocaïne, les douaniers ont atteint des sommets en 2015

par William MOLINIE
Publié le 17 mars 2016 à 4h00
Grâce à la cocaïne, les douaniers ont atteint des sommets en 2015

INFO METRONEWS – L’année dernière, 16,8 tonnes de cocaïne ont été interceptées par les services de la douane. Un record qui dépasse de plus de deux fois et demie les saisies des années précédentes. Metronews s’est procuré en avant-première les chiffres des saisies de cocaïne. On vous explique pourquoi la poudre blanche tombe mieux dans les filets des douaniers.

L’année de tous les records. Les douaniers n’ont jamais saisi autant de cocaïne en un an, va annoncer ce jeudi matin le ministre des Finances, Michel Sapin. Un chiffre sera au cœur des commentaires, celui des prises de cocaïne. L’année dernière, 16,8 tonnes de poudre blanche ont été interceptées par les services douaniers. C’est 2,5 fois plus qu’en 2014. Jamais, de toute l’histoire moderne des douanes, créées en 1791, autant de cocaïne n’était tombée dans les filets des gabelous.

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Plusieurs raisons. Tout d’abord, des prises importantes qui ont fait "gonfler" les chiffres. En avril, les douaniers ont saisi plus de 2 tonnes de cocaïne à bord d’un voilier aux Antilles. Autre interception majeure, celle d’un cargo dans le détroit du Pas-de-Calais en décembre dernier . Au total, 2,4 tonnes de cocaïne ont échappé aux trafiquants, soit la plus importante saisie de cocaïne réalisée en métropole. Enfin, autre prise remarquable : plus de deux tonnes interceptées dans un remorqueur en Ecosse au printemps, sur renseignement de la douane française.

En Colombie, reprise de la production de coca

Sur les 16,8 tonnes saisies l’année dernière, 11 l’ont été grâce aux informations de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED). "On saisit plus car a priori, la cocaïne circule davantage. Et donc, on a plus de tuyaux", explique un haut responsable des douanes à metronews. Selon lui, la cocaïne tend à inonder le marché en raison du ralentissement des programmes d’éradication des plantations de coca en Colombie. "Nous en avons la preuve par les satellites américains. Ce pays est historiquement un des principaux pays producteurs. Depuis l’échec de leurs programmes, on se doute qu’ils ne font pas pousser des coquelicots", poursuit cette source douanière.

Les douaniers ont aussi adapté leurs méthodes de travail aux trafiquants et se sont recentrés sur une logique de démantèlement. "Avant, on était focalisé sur les mules (des "passeurs" qui ingèrent la drogue en capsule pour passer les frontières, ndlr). Aujourd’hui, on préfère remonter jusqu’à l’appartement où les trafiquants préparent les paquets pour faire tomber toute une partie du réseau", ajoute notre source.

La logistique du dernier kilomètre

Les routes de la cocaïne n’ont pas tellement changé depuis ces dix dernières années. La principale étant Amérique du Sud / Antilles / Métropole. En revanche, les trafiquants adaptent leurs moyens de transports aux positions de contrôle des douaniers. Et plutôt que d’utiliser d’importants cargos ou des conteneurs, les narcotrafiquants sont davantage tentés par des petits navires de pêcheurs, voire des navires de plaisance de type voiliers. La discrétion, plutôt que les grandes quantités ? "En avril, on a saisi 2,25 tonnes à bord d’un voilier aux Antilles. On s’est rendu compte qu’ils n’avaient pas tenté de dissimuler la marchandise. Il y en avait partout dans le bateau. Et plus inquiétant encore, lorsqu’on les interroge, on comprend qu’ils n’en sont pas à leur premier voyage", commente un douanier.

Les "narcos" n’hésitent pas non plus à infiltrer les navires marchands pour y dissimuler les stupéfiants. "Ce sont généralement des petits remorqueurs que les trafiquants parviennent à terroriser. Quand les policiers les interrogent, ils sont persuadés que leur famille restée au pays va être tuée s’ils lâchent un nom." Les complicités vont même jusqu’en France, au sein des entreprises de livraison. Une importante partie de la drogue passe aujourd’hui par les colis postaux. "Les organisations criminelles investissent les sous-traitants de grandes enseignes de livraison (comme UPS, Fedex ou DHL) pour récupérer les colis et les livrer à l’adresse désirée", détaille-t-on. Un type de logistique surveillé de très près par les douaniers. Cette année, ces derniers comptent d’ailleurs multiplier les filatures pour s’attaquer durablement à ces réseaux de livraison du dernier kilomètre.

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William MOLINIE

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