TÉMOIGNAGE - Mohamed, 32 ans, fait partie des habitants du quartier du Landy, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) qui, dimanche, ont évacué plusieurs habitants pris au piège d’un incendie, dans l’attente des pompiers. Rencontré sur place par LCI, il raconte.
Ce lundi midi, Il assiste, de loin, au défilé des caméras et des élus qui se succèdent au plus près du sinistre, derrière les rubalises étendues par la police. Il faut dire que la veille au soir, Mohamed, 32 ans, était aux premières loges du terrible spectacle.
Vers 18h45 dimanche 19 août, un incendie se déclare aux deuxième et dernier étage d’une petite habitation, à l’angle des rues Landy et Heurtault, à Aubervilliers. Situé juste au-dessus d’un magasin d’alimentation, l’immeuble surplombe la placette, à deux pas de l’arrêt de bus et de la mairie. Mohamed, habitant du quartier, est justement dehors à cette heure-là. Il raconte à LCI comment, avec un groupe de riverains, il a aidé plusieurs personnes à s’extirper de l’appartement en flammes.
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"On était déjà sur les lieux, nous dit-il. C’était la fin de la journée, on était entre nous, certains buvaient un café, d’autres rentraient des courses. Soudain on entend un cri qui vient de la place. On arrive en courant, on pensait que c’était une bagarre. Et là, on voit des flammes qui s’échappent du toit. Une mère sort en hurlant du bâtiment. Elle crie, elle dit qu'il y a un incendie chez elle et que ses enfants sont à l’intérieur. Les habitants, les jeunes, nous qui étions sur place, on s’est précipité pour aider comme on pouvait. Un petit groupe est passé par une fenêtre, sur le côté de l’immeuble au niveau du premier étage, pendant que d’autres ont commencé à démonter la toiture pour laisser sortir la fumée." En effet, depuis la place, on remarque aisément qu’une portion du toit, noircie par les flammes, a été creusée.
C'était pas beau à voir
Mohamed, un voisin de l'immeuble
Mohamed, lui reste au rez-de-chaussée, devant l’épicerie. "Un escalier dans l’épicerie mène aux habitations, donc les résidents sortaient par là." C’est ainsi qu’il réceptionne les trois premières victimes de l’incendie, dont une femme dans le coma. "Les pompiers n’étaient pas là, donc on a étendu les gens par terre, sur des draps. Ils étaient un peu cramés, c’était pas beau à voir."
Vers 19h10 environ, la police débarque sur les lieux. "Les policiers ont d’abord essayé de disperser les jeunes. Et puis ils ont entendu un cri d’enfant qui venait des étages. Ensemble, avec les gens du quartier, ils se sont débrouillés pour faire sortir les habitants."
Lorsque les pompiers arrivent, quelques minutes plus tard, quasiment tous les sinistrés sont hors d’atteinte des flammes, selon Mohamed. "Si les jeunes du quartier - une douzaine en tout - n’avaient pas été là, il y aurait eu des cadavres" résume le trentenaire, lui-même habitant du quartier.
Vingt-deux personnes ont été blessées dans l’incendie, cinq enfants sont en urgence absolue. Une enquête est en cours pour déterminer les causes exactes du départ de feu mais déjà, de nombreuses voix s’élèvent - y compris celle de la maire d’Aubervilliers - pour dénoncer l’insalubrité de nombreux bâtiments dans le quartier du Landy et réclamer davantage de moyens.