INFO METRONEWS : la police judiciaire veut relancer 97 "cold case" en France

par William MOLINIE
Publié le 24 mars 2016 à 12h28
INFO METRONEWS : la police judiciaire veut relancer 97 "cold case" en France

ENQUÊTE - C’est une première en France : les policiers de l’OCRVP viennent de répertorier les cas de crimes "sans mobile apparent" non résolus pour tenter d’opérer des croisements. A l’heure actuelle, 97 "cold case" jugés "intéressants" ont été sélectionnés par la police judiciaire. Metronews se penche sur la façon dont ces enquêteurs travaillent sur ces meurtres ou disparitions restées jusqu’ici mystérieux.

Les semaines, les mois puis les années passent. Les indices se font de plus en plus rares. Les enquêteurs se concentrent sur d’autres crimes. Au fil du temps, les dossiers non résolus deviennent ce qu'on appelle des "cold case". Et s’amoncellent dans les étagères des enquêteurs. Un jour, un nouveau témoignage, une nouvelle expertise ADN, une nouvelle piste jusqu'ici peu explorée, éclairent la vérité. Dans "La fille de Brooklyn", le nouveau thriller de Guillaume Musso, un policier et un écrivain parviennent à exhumer deux affaires classées. A l’occasion de sa sortie ce jeudi 24 mars, metronews a décidé de se pencher sur le travail des enquêteurs de l’office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), des policiers spécialisés dans les énigmes criminelles.

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200 dossiers consultés, 97 retenus

Dans les bonnes années, un homicide sur cinq n’est pas résolu au cours des premiers mois. Dans les mauvaises, un sur quatre. Lorsqu’une affaire ne trouve pas de dénouement rapide, les services locaux n’ont plus le temps d’y consacrer du temps. "Une affaire chasse l’autre", commente un fin limier. Pour éviter que les dossiers ne s’empilent au fond des placards, la police judiciaire s’est dotée d’un service qui consacre l’essentiel de son activité à relancer des cold case, ces affaires de meurtres restés sans explication. Les policiers de l’OCRVP ont comme mission d’apporter un œil neuf sur l’enquête en réexaminant l'environnement des victimes. "Les mobiles de ces dossiers tournent la plupart du temps autour du sexe et de l'argent", nous explique-t-on.

Pour la première fois en France, on connaît enfin l'ampleur de ces dossiers. Selon nos informations, une trentaine d'enquêteurs s'est récemment attachée à recenser, dans un répertoire commun, toutes les affaires de morts violentes ou d’enlèvements restés sans explication. Un travail titanesque qui leur a pris plusieurs mois. Sur les 200 dossiers qui leur ont été présentés par les services locaux, ils en ont retenu, au final, 97 "intéressants" selon des critères bien précis. "Ce sont des dossiers anciens, non prescrits, qui n’ont pas de mobiles apparents et qui présentent une réelle énigme. Les dossiers de stups et de terrorisme ont été écartés", précise auprès de metronews Philippe Guichard, à la tête de l’OCRVP. Les "cold case" les plus récents ont entre trois et quatre ans. Les plus anciens, entre 20 et 25 ans.

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Il manque encore les "affaires" des gendarmes

Chaque dossier est minutieusement "rentré" dans le logiciel SALVAC (système d'analyse des liens de la violence associée aux crimes), un outil d’analyse criminelle et comportemental susceptible de détecter des liens entre plusieurs crimes. Une tâche monumentale puisqu’il faut entre une et deux semaines pour inscrire dans ce fichier l’ensemble des items de l’affaire. "L’analyste peut ensuite effectuer des rapprochements, savoir si toutes les pistes ont été explorées et si tous les scellés ont été exploités", poursuit Philippe Guichard.

En quelques mois, les policiers de la PJ ont donc fait remonter une liste de près d’une centaine de meurtres non résolus en France. A ce nombre doivent s’ajouter bientôt ceux des gendarmes et quelques autres du célèbre 36, Quai des Orfèvres. Lorsque l’ensemble de ces "cold case" seront intégrés à SALVAC, les policiers espèrent faire rapidement des rapprochements. Ils comptent aussi relancer des enquêtes en réalisant de nouvelles expertises ADN grâce aux avancées techniques de la police scientifique. Et offrir de un nouvel espoir aux familles de ces victimes de voir, un jour, l’assassin de leur proche traduit devant une cour d’assises.

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