Intrusion d'un groupe cagoulé à la fac de Montpellier : un rapport établit la responsabilité du doyen, mais aussi des occupants

Publié le 27 mai 2018 à 11h55, mis à jour le 31 mai 2018 à 18h19
Intrusion d'un groupe cagoulé à la fac de Montpellier : un rapport établit la responsabilité du doyen, mais aussi des occupants

FAC - Le Journal du Dimanche de ce 27 mai a pu consulter l’enquête administrative sur l’épisode de l’évacuation de la fac de Montpellier par des hommes cagoulés, en mars dernier. Le doyen a depuis été suspendu.

La nouvelle avait hérissé les mouvements de contestation étudiants : dans la nuit du 22 au 23 mars dernier, des individus cagoulés s’étaient engouffrés dans la fac de droit de Montpellier, et avaient évacué manu militari l’amphi occupé. Les opérations s'étaient passées violemment, et des vidéos avaient circulé sur les réseaux sociaux. 

Très vite, le doyen, Philippe Pétel, et un professeur avaient été suspecté d’avoir facilité l’intrusion. D’autant plus que sa communication, au lendemain des faits, sur une vidéo pouvait ressembler à des demi-aveux, le doyen disant notamment "être fier de mes étudiants (...), on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs". 

Alors qu’une enquête judiciaire est en cours, l’enquête administrative, elle, a été bouclée. Le JDD a pu consulter le rapport réalisé par deux inspecteurs de l’Education nationale. Les conclusions sont sans appel, pour l’hebdomadaire, et la responsabilité du doyen est clairement pointée. "En donnant l’ordre de libérer le passage, d’ouvrir le portillon d’accès du parking et en effectuant plusieurs allées et venues entre le parking et le hall, (il) s’avère pleinement engagé dans l’intrusion du commando armé", est-il écrit. Le professeur, Jean-Luc Coronel de Boissezon est lui aussi pointé du doigt. 

Pour les auteurs du rapport, il est clair que les deux hommes savaient qu’en ouvrant la porte, ce n’est pas la police qu’ils allaient trouver derrière, contrairement à ce que disait la défense de Philippe Pétel, qui avait plaidé la naïveté ou la bonne foi.

Les occupants aussi pointés du doigt

Pour les auteurs du rapport, le doyen prévient à deux reprises que les forces de l’ordre n’interviendront pas, "ne relaie pas les informations", et "contribue à entretenir le quiproquo". D’autre part, les inspecteurs notent qu’il est impossible de confondre des hommes en noir, armés de lattes en bois, avec des policiers.

Mais le rapport n’est pas non plus tendre avec les occupants. Il établit la "responsabilité du représentant de la FSU", accusé d’avoir détourné de leur objet des réunions d’information, et d’avoir permis l’accès à l’université à des personnes extérieures ; le rapport évoque aussi les "violences du côté des occupants", ainsi que le "manque d’expérience et de préparation à la gestion des situions de crise du doyen", en poste depuis un an, qui s’est «surexposé, en se rendant régulièrement dans l’amphithéâtre, en cherchant coûte que coûte à négocier, en se pliant à des humiliations". Le rapport évoque ainsi le geste d’une jeune fille qui avait glissé dans la poche du doyen une serviette hygiénique badigeonnée de liquide rouge, pour protester contre la condamnation des toilettes.

Le rapport recommande notamment de prendre des mesures conservatoires envers toute personne identifiée parmi les membres du commando, mais aussi "d’entamer une procédure disciplinaire à l’encontre du doyen et de l’enseignant mis en cause".


La rédaction de TF1info

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