"Je ne suis pas Charlie" : le joueur de basket licencié traîne son club au tribunal

Publié le 3 juin 2015 à 18h54
"Je ne suis pas Charlie" : le joueur de basket licencié traîne son club au tribunal

JUSTICE - Licencié en février dernier suite à un retweet d'un message évoquant les attentats de Charlie Hebdo, le pivot nigérian de Rouen Akin Akingbala a attaqué son club de basket. Il réclame ses salaires jusqu'à la fin de saison, plus des dommages et intérêts, soit environ 60 000 euros.

"Je ne suis pas Charlie, je suis Ahmed, le policier mort. Charlie a ridiculisé ma foi et je suis mort en défendant son droit de le faire. #JesuisAhmed". En retweetant ce message posté le 8 janvier dernier en anglais par un chroniqueur d’un quotidien flamand, Akin Akingbala ne s'attendait pas à de telles conséquences. Un peu plus d'un mois plus tard, le 17 février, le pivot nigérian de l’équipe de Pro A de Rouen était en effet licencié. Son club s'était alors justifié invoquant le "non-respect des clauses de son contrat de travail " et noté qu’il "avait fait l’objet de plusieurs avertissements" .

Le joueur n'a pas avalé la pilule et a traîné d'office son club devant le tribunal des prud'hommes. Jeudi 4 juin, son avocat Me Romuald Palao demandera quelque 60 000 euros dont 45 000 euros pour compenser les salaires qui lui sont dus jusqu'à la fin de son contrat et un complément, d'environ 15 000 euros, au titre de l'image et du préjudice subi.

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Un prétexte pour virer le joueur

Selon Me Palao, le club de Rouen se serait servi de ce retweet pour licencier le joueur. "L'équipe de Pro A de Rouen voulait se séparer de lui depuis plusieurs mois, il a pris l'argument de ce retweet pour le faire, indique l'avocat joint ce mercredi par metronews. Mon client a été mis à l'écart entre octobre et mi-décembre, date à laquelle le club a eu besoin de faire appel à lui suite aux blessures et départs d'autres joueurs. Il a été réintégré dans l'équipe entre le 15 et le 20 décembre. Vient ensuite le retweet, et plus d'un mois après, ils prennent la décision de le licencier pour faute grave... Bizarre comme calendrier".

Me Palao précise que son client avait déjà saisi les Prud'hommes de Rouen fin 2014 après avoir été écarté. "Le club estimait qu'il n'avait pas le niveau, le sport pro n'est pas un milieu tendre. Si le joueur est considéré comme mauvais, il sort... Pourtant la convention collective du basket professionnel impose à l'employeur que le joueur puisse participer à l'entraînement collectif avec les autres, c'est une règle", ajoute l'avocat.

Un chrétien pratiquant

Concernant le message le 8 janvier, Me Palao affirme que son client l'a juste retweeté "en pensant aux victimes dont on parlait moins à ce moment-là". "Akin Akingbala estime qu'il n'est pas en tort. Il ne sait même pas s'il est 'Charlie ou pas Charlie'. Il voulait juste dire par là : 'pensez aussi aux autres'. Il est chrétien, il tweete des messages sur Jésus, il tweete des messages de paix... Il ne voulait faire de mal à personne." Actuellement aux Etats-Unis, le joueur, qui gagnait à l'époque environ 7 000 euros par mois, est à la recherche d'un nouveau club.

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Aurélie SARROT

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