FACT-CHECKING – La maire de Paris a qualifié lundi l’agression de Kim Kardashian de "très rare". Une tournure malheureuse puisque sur la seule année 2015, la capitale a enregistré... au moins 57 vols à main armée contre des particuliers à leur domicile.
Paris est-elle une "no-go zone" ? L'agression de Kim Kardashian dans un hôtel particulier du 8e arrondissement relance le soupçon de polémique. Pour anticiper les critiques, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a envoyé lundi un communiqué à la presse, condamnant évidemment "l’agression subie cette nuit par Kim Kardashian" et appelant "les responsables politiques" à "faire preuve de responsabilité" et ne pas "utiliser ce fait divers à des fins de polémique".
57 faits dans Paris intra-muros
Jusqu’ici, personne ne peut reprocher à la maire de Paris de défendre le secteur du tourisme. Surtout qu’il a largement pâti du contexte terroriste. Au risque de travestir la réalité ? Selon Anne Hidalgo, l’agression subie par Kim Kardashian est "très rare". Vraiment ? LCI a décidé de vérifier...
Cet acte très rare survenu dans un espace privé ne remet en aucun cas en cause le travail des policiers et la sécurité de l’espace public. — Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 3 octobre 2016
Selon les chiffres de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), qui se basent sur les statistiques de la sécurité publique et les données de la police judiciaire, 57 faits de ce type ont été commis en 2015 dans Paris intra-muros. Soit plus d’un par semaine. Des faits enregistrés dans les statistiques policières de "vols à main armée contre des particuliers à leur domicile".
Trois années de baisse, puis de hausse
Paris apparaît ainsi comme le troisième département ex-aequo de France le plus touché avec le Val-de-Marne, derrière les Bouches-du-Rhône (65 faits) et la Seine-Saint-Denis (63). Un chiffre qui a brutalement évolué à la hausse en 2015, après une série de trois années de baisse : 45 faits en 2012, 39 faits en 2013 et 27 faits en 2014. Cette hausse en 2015 peut s'expliquer en partie par les moyens mis en oeuvre par la police judiciaire dans les affaires de terrorisme, reléguant au second plan les moyens engagés pour résoudre les agressions de droit commun.
"Ce qui est exceptionnel, c’est le montant dérobé et la qualité de la victime. Mais les cambriolages et les séquestrations chez les particuliers, on en a toutes les semaines !", rapporte auprès de LCI un policier. Qui conclut, non sans ironie : "Si la maire de Paris voulait souligner la rareté des vols à main armée commis contre les stars, merci de nous transmettre ses chiffres. Car on ne nous a pas encore demandé, jusqu’à preuve du contraire, de recenser les braquages visant spécifiquement les personnalités américaines".