Le hacker Ulcan soupçonné de multiplier les "canulars téléphoniques" envers des journalistes

Publié le 19 juin 2015 à 20h51
Le hacker Ulcan soupçonné de multiplier les "canulars téléphoniques" envers des journalistes

FAIT DIVERS - Parmi les nouveaux journalistes visés, Pierre Haski, cofondateur de Rue89, et Pierre Sieffert, directeur de "Politis". Jeudi, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris.

Après le fondateur d'Arrêt sur images, Daniel Schneidermann, dans la nuit de mardi à mercredi , c'est au tour de Pierre Haski, cofondateur de Rue89, et de Pierre Sieffert, directeur de Politis d'avoir été visés par des appels téléphoniques malveillants dans la nuit de mercredi à jeudi. Le mode opératoire, toujours le même, laisse à penser qu'il s'agit du hacker israélien Grégory Chelli, alias Ulcan. Conduisant le cofondateur de Rue89 à écrire dans la foulée:  "Vous l’avez deviné : Ulcan a encore frappé".

Jeudi 18 juin, après les dépôts de plainte des journalistes, une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour être confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la PJ parisienne, rapporte l'AFP. Mais aucun lien formel n'est encore établi avec Ulcan, ancien de la Ligue de Défense Juive (LDJ), qui s'est fait connaître du grand public il y a plus d'un an après une série d'attaques contre le site Rue89, à la suite de la publication d'un portrait qui lui avait déplu, fin juillet 2014.

Le rapport d'expertise médicale sur la mort de Thierry Le Corre dévoilé

D'un autre côté, jeudi, Rue89 a rendu public le rapport d'expertise médicale sur la mort de Thierry Le Corre, père du journaliste du pure-player, Benoît Le Corre,  victime d'un infarctus l'été dernier , après un "canular téléphonique" du hacker franco-israélien, après la publication dudit article à son sujet. Et le document signé des docteurs J.-P. D. et B. L, daté du 2 avril 2015, fait bien le lien entre "le stress" provoqué par le harcèlement dont a été victime Thierry Le Corre, "facteur déclenchant direct et certain", et la mort du père du journaliste.

Pour rappel des faits, Grégory Chelli, qui souhaitait se venger de l'article de Benoît Le Corre s’en était pris aux parents du journaliste de Rue89, en les contactant pour leur faire croire que leur fils était mort. Entraînant, cinq jours plus tard, l'infarctus de Thierry Le Corre, placé en coma artificiel, puis décédé. Ce rapport "rend plus inexplicable encore l’inertie du gouvernement israélien, et incompréhensibles les blocages dont ce dossier semble faire l’objet au sein de la machine judiciaire française", affirme ainsi ce jeudi Rue89. 

RSF et le SNJ interpellent les autorités françaises

Ce vendredi 19 juin, Reporter sans frontières (RSF) et le Syndicat national des journalistes (SNJ) , dans deux communiqués, ont de leur côté interpellé les autorités françaises pour mettre fin à l'impunité d'Ulcan, qui agit depuis Ashdod en Israël. L'ONG et le syndicat demandent notamment au ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui doit se rendre dans l'Etat hébreu à la fin du mois, "de convaincre les autorités israéliennes d'agir".

Car, depuis que l'ambassade d'Israël en France a fait la promesse fin 2014 que "chaque requête [judiciaire] formelle sera traitée dans les plus brefs délais", rien n'a vraiment été fait pour que s'ouvre une enquête afin d'identifier l'auteur de ses appels et "le cas échéant le traduire en justice". "Laisser se prolonger une telle impunité, c'est non seulement bafouer les règles élémentaires de la République mais aussi adresser un message de laisser-faire à des extrémistes qui entendent par tous les moyens faire taire les journalistes faisant leur travail en toute indépendance", conclut le SNJ. 

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La rédaction de TF1info

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