Le père d'une des victimes du Bataclan envisage de porter plainte contre l'Etat

Publié le 26 novembre 2015 à 16h53, mis à jour le 19 avril 2022 à 16h30
Le père d'une des victimes du Bataclan envisage de porter plainte contre l'Etat

REACTION – Patrick Jardin a perdu sa fille le 13 novembre dernier au cours de l'attaque du Bataclan. Il est resté plusieurs jours sans savoir si elle était en vie ou non. Il dénonce aujourd'hui le manque de réactivité des autorités face aux terroristes après les attentats de janvier.

"Ça fait deux jours… Je ne sais même pas où elle est. C'est inadmissible !". Ces trois phrases lancées le 15 novembre devant la gare du Nord à Paris par un père de famille au Premier ministre Manuel Valls avaient suscité beaucoup d'émotion.

Comme 129 autres familles, Patrick Jardin a perdu un être cher dans les attentats qui ont frappé Paris le vendredi 13 novembre 2015. Sa fille, Nathalie Jardin, 31 ans, régisseuse lumière au Bataclan, est décédée au cours de l'attaque perpétrée par Ismaël Omar Mostefaï, Samy Amimour et un troisième terroriste qui n'a toujours pas été identifié. Comme d'autres familles, il est resté de longues heures sans savoir si sa fille était saine et sauve, blessée ou si elle était décédée.

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Tout ça aurait pu être évité

A cette attente interminable, et après avoir appris ce qu'il redoutait le plus, Patrick Jardin a été envahi par ce qu'il appelle la "haine". Une haine dirigée contre les terroristes bien sûr, mais aussi "envers les politiciens", comme il l'explique à  BFM TV , jeudi. "Je ne veux pas de récupération. Moi je ne fais pas de politique. C'est aussi bien Les Républicains, le Parti socialiste, le Parti communiste, ce sont tous ces gens-là regroupés qui ont permis que de tels événements puissent se produire en France", déclare le père de famille endeuillé.

Selon lui, le gouvernement a aujourd'hui sa part de responsabilité. "Depuis huit jours, il y a eu je ne sais pas combien de perquisitions et d'interpellations. Si on avait fait la même chose après Charlie, peut-être que l'on n'aurait pas eu à déplorer les 129 morts (ils sont 130 aujourd'hui, ndlr) et 350 blessés".

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Alors, quand il a appris qu'un hommage aux victimes des attentats serait rendu dans l'enceinte des Invalides le 27 novembre, soit deux semaines après le drame, il s'est d'abord dit qu'il n'irait pas. C'est son fils qui l'a convaincu d'y assister. "Il m'a dit : 'Papa, si l'Etat n'avait rien fait tu aurais été le premier à râler. Comme l'Etat a fait quelque chose, la moindre des choses c'est d'y aller'. Moi, personnellement je voulais boycotter".

S'il sera bien présent dans le 7e arrondissement vendredi matin, Patrick Jardin réfléchit d'ores et déjà avec un avocat à d'éventuelles plaintes contre l'Etat. Pour lui, il faut qu'il y ait aujourd'hui "une prise de conscience nationale pour que les attentats de Paris du 13 novembre soient les derniers à déplorer".

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Aurélie SARROT

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